Nathalie Sarraute : L'ère du soupçon

Résumé du document

On a souvent reproché aux tenants du nouveau roman d'avoir théorisé sur le roman sans en avoir
fait réellement l'expérience, c'est-à-dire sans avoir pratiqué l'expérience de la lecture ou de
l'écriture. Nathalie Sarraute tient à rappeler que le nouveau roman n'est pas une théorie abstraite,
puisqu'elle a commencé à la formuler après l'écriture de plusieurs romans (dont Tropismes, son
premier roman paru en 1939).
Elle s'est aperçue lors de cette expérience de l'écriture que ce qu'elle cherchait à retranscrire dans ses livres étaient des « impressions très vives ». Impressions furtives qui selon elles sont à l'origine de nos actes, et qu'elle a voulu transmettre au lecteur sous forme d'images qui permettent de les éprouver à son tour.
Dès lors, rien ne devait distraire le lecteur de ces impressions : ni intrigue romanesque, ni caractère
des personnages. De simples « personnages anonymes, à peine visible » devaient leur servir de support.

Extraits

[...] nsi a i i une tâche difficile à mener, pleine de déceptions et de peines voi s' t ouvri à ele un chem i pl facie et r l n us l pl ri us ant,cel du rom an à lam éricaine1 ou à la Kafka. ui ' On peut trouver une illustration de cette tentative de destruction du psychologique dans lEtranger ' de Cam us.Chez létranger,tout senti ent a en effet di ' m sparu,i ne ressent ri Ai ,n' l en. nsi a-t-il aucune pei à lenterrem ent de sa mère par exemple. Mais ce vide est contradictoire avec un raffinement ne ' de goût, et une attenti m arquée pour certai détais. [...]

[...] eur ' eur Sarraute remarque que depuis quelques années années une chose parait changer : le dialogue prend une place de plus en plus importante dans le roman. Selon elle, cette évolution annonce un craquem ent des form es du rom an qui requi un renouvelem ent des techni ert l ques d' écriture. Car fai parl des personnages nécessi de nouveaux procédés, si lon veut i re er te ' ntégrer de m ani ère satisfaisante les échanges dans le roman. [...]

[...] s i sonnée pour touj ours, et i rradi l l e e ecteur, m al gré lapparence désuète que peuvent prendre au fi du tem ps l ' l es personnages,l i es dées,li gue,etc 'ntri Les formalistes, eux, ne se caractérisent que par la forme adoptée. Mais, ces formes étant souvent reprises des auteurs classiques, elles ne sont pas adaptées aux propos de ces auteurs contemporains. On peut alors suggérer pour adapter la forme au propos un abandon de toutes les conventions qui règl ent lécri ' ture, com m e l pei es ntres lont fai avec l règl cl ques. [...]

[...] est té un ' ndi e es réflexions intérieures, qui est sans doute à lorigine de la part grandissante dans le roman. ' M ai ce di ogue ne peut s' al appuyer sur l form es du rom an tradi onnel car is sont surtout l es ti , l a prolongation du psychologique. Ainsi, les tirets, guillemets et alinéas défigurent le dialogue et crée un malaise dit Jeanne, répondit Paul rappelle cette lourdeur du dialogue dans le roman traditionnel). [...]

[...] Com m ent explquer l i i a rapidité de cet engouement et de son reflux ? Selon Sarraute, les auteurs de ces ouvrages ne sont pas dénués de talent ; ils savent saisir et rendre la ressemblance, ils parviennent à écrire du même point de vue que le lecteur dans sa vie de tous les jours. Ce dernier pouvoir met les lecteurs en confiance, en m êm e tem ps qu' senti ent de un m sym pathi l uni à cet auteur qui l e es t eur ressem bl tant. [...]