André Breton (1896-1966), chef de file du mouvement surréaliste, dont il édictera les règles dans ses deux Manifestes du Surréalisme, écrit Nadja en 1928. Il s'agit du récit de sa rencontre personnelle avec une femme mystérieuse, Nadja, qui exerce sur lui une réelle fascination, et des relations qu'ils développeront avant qu'elle ne soit internée en hôpital psychiatrique. Nadja devient très vite pour André Breton plus qu'une femme dont la beauté l'émerveille, mais bien plus : une sorte de symbole vivant de ce qu'il conçoit du surréalisme.
Nadja est un ouvrage qui me semble mériter que l'on l'étudie à différents égards : il s'agit tout d'abord de l'expérience d'un nouveau genre littéraire, à mi-chemin entre récit narratif et poésie en prose : le récit poétique. Il est d'autre part intéressant d'envisager Nadja en tant qu'expression du surréalisme. Enfin, c'est sur les personnages de l'histoire que je souhaiterais m'attarder : tout d'abord, le personnage principal, Nadja, mais aussi un personnage qui me semble non moins essentiel : la ville de Paris.
[...] Nadja est un ouvrage qui me semble mériter qu'on l'étudie à différents égards : il s'agit tout d'abord de l'expérience d'un nouveau genre littéraire, à mi-chemin entre récit narratif et poésie en prose : le récit poétique. Il est d'autre part intéressant d'envisager Nadja en tant qu'expression du surréalisme. Enfin, c'est sur les personnages de l'histoire que je souhaiterais m'attarder : tout d'abord, le personnage principal, Nadja, mais aussi un personnage qui me semble non moins essentiel : la ville de Paris. I. [...]
[...] il m'a semblé retrouver le poème de Baudelaire A une Passante. Outre ce sentiment difficile à expliquer, ce qui me fait lire Nadja comme un long poème en prose plutôt que comme le simple récit d'une rencontre entre un homme et une femme, c'est d'autre part l'impression que l'intrigue est subordonnée à la recherche de poésie : tout instant passé avec Nadja, ou dans l'attente de la retrouver ne s'inscrit pas dans une stratégie romanesque, mais plutôt dans une stratégie poétique, comme si Breton créait de toutes pièces un instant sans profondeur (ou utilité) narrative pour mieux faire éclater la poésie qui réside dans la situation. [...]
[...] C'est à ce titre que le personnage de Nadja me parait intéressant : elle incarne pour moi la parfaite illustration de la recherche poétique, sur laquelle plane une sorte de mystère, qui ne veut quasiment jamais dire ce qu'elle laisse entendre ou trouble son lecteur en attirant son attention sur quelque chose pour lui dire finalement qu'il faut creuser davantage. Mais Nadja est aussi enfin l'incarnation de la liberté et de l'amour. La liberté, parce qu'elle s'empare de la ville, la dompte par ses vagabondages, et parce qu'elle semble n'avoir aucune contrainte ni matérielle, ni morale, ce qui surprend le narrateur dès le début lorsqu'il lui demande où elle compte dîner. L'amour, celui du poète à l'égard de sa muse, essentiellement par la fascination qu'elle exerce sur le narrateur. [...]
[...] On retrouve ainsi des Nadjas dans l'œuvre des poètes : c'est encore une fois la passante de Baudelaire par exemple. Ce sont ces femmes qui incarnent la recherche poétique et permettent au poète de s'y frayer un chemin. IV. La ville Il est enfin un autre personnage non moins important : celui de la ville, de Paris. On sait ce que représente Paris pour les auteurs, et particulièrement les poètes depuis le XIXe siècle : il semblerait que cela soit la seule ville où il soit possible pour les écrivains d'être inspirés. [...]
[...] Nadja, récit poétique Il est difficile de caractériser Nadja, de ranger l'ouvrage dans un genre classique. C'est tout d'abord la première partie de l'ouvrage qui perturbe son lecteur : il semble que ce préambule raconte une quête Qui suis- je ? en apparence discontinue, qui passe par des détours, des réflexions et des anecdotes. On se demande en effet s'il s'agit d'une introduction à un essai, à un récit purement autobiographique, ou à un roman de fiction. A partir de la rencontre avec Nadja, dans la deuxième partie de l'ouvrage, une intrigue semble se dessiner et l'écriture de Breton donne souvent l'impression de se trouver dans un roman, notamment à travers l'usage du présent de narration. [...]
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