« Tu écriras un roman sur moi ». Ce sont les propres mots de Nadja. Breton s'y refuse pourtant. Nadja, avant d'être quoi que ce soit, n'est pas un roman. En effet, profondément surréaliste, Breton se refuse à la création d' « êtres de papier », cherchant au contraire à atteindre le Réel, bien au-delà du réel quotidien. Ce refus de l'illusion chez Breton (ainsi que la forme du texte) nous empêche également de qualifier Nadja d'œuvre théâtrale. Nadja n'est pas un roman, ni une pièce de théâtre : comment qualifier cette œuvre ? Elle n'est pas une œuvre poétique, même si le personnage l'est parfois. Cette œuvre est avant tout une autobiographie ou du moins un récit autobiographique. Mais c'est aussi dans un sens un essai. Nous verrons donc la difficulté de « cataloguer » une telle œuvre par sa double nature générique.
[...] Pourtant, certains paradoxes laissent perplexes : l'expression entrée en scène de Nadja par exemple, employée par Breton. Mais n'est-ce-pas ce paradoxe qui vient justifier la surréalité de l'œuvre ? Ainsi, il est difficile de classer une œuvre comme Nadja si l'on considère sa richesse, les nombreuses références faites par l'auteur à d'autres artistes, ou encore le fait même qu'elle soit une œuvre surréaliste. Quelle image du personnage de Nadja se dégage de la lecture du récit ? Œuvre éponyme d'André Breton, Nadja est le récit d'une rencontre. [...]
[...] En effet, Nadja semble être double, ou plutôt scindée. Entre ses deux natures se situe l'énigme de son identité. Elle se veut Sphinx, Sirène, s'identifiant (dans ses dessins notamment) à la fée Mélusine et à Méduse. Le Sphinx est la première créature mythologique qu'évoque Nadja. Elle lui porte un intérêt tout particulier dans une œuvre de Breton, où celui-ci évoque sa rencontre avec une femme, véritable Sphinx Nadja lui reproche de n'être pas allé jusqu'au bout de cette rencontre : elle sera donc la Sphinx, à son tour, Sphinx qui lui posera des énigmes, auxquelles Breton devra chercher les réponses. [...]
[...] "Nadja", André Breton À quel genre littéraire appartient Nadja ? Tu écriras un roman sur moi Ce sont les propres mots de Nadja. Breton s'y refuse pourtant. Nadja, avant d'être quoi que ce soit, n'est pas un roman. En effet, profondément surréaliste, Breton se refuse à la création d' êtres de papier cherchant au contraire à atteindre le Réel, bien au-delà du réel quotidien. Ce refus de l'illusion chez Breton (ainsi que la forme du texte) nous empêche également de qualifier Nadja d'œuvre théâtrale. [...]
[...] Nadja appartient donc aussi au genre de l'essai. En effet, le lecteur assiste à la multiplication des thèses, notamment dans l'incipit. De plus, la dernière phrase de l'œuvre la beauté sera convulsive ou ne sera pas a davantage valeur d'induction que l'auteur aurait faite à la suite de son expérience avec Nadja que de conclusion du récit. Certains critiques vont même jusqu'à dire que cette avalanche de thèses et de théories mettent en péril la création : il y aurait là non plus récit mais stérilité camouflée. [...]
[...] Nadja était- elle trop surréaliste pour Breton ? En effet, il ne la suit plus, finit même par s'ennuyer, se brouiller avec elle. Nadja, être instable, s'isole de plus en plus dans un monde auquel il souhaiterait avoir accès, mais elle ne l'écoute pas. Ils prendront leurs distances, espaçant puis cessant leurs rencontres. La question que Breton se posait demeure : Nous sommes nous jamais entendus ? L'incommunicabilité semble être la source de l'échec de leur relation. Nadja s'annonçait bien comme l'âme errante : peut- être une âme sans fin, sans aptitude générale, celle que se cherche Breton. [...]
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