Nous sommes plongés in medias res dans le récit, quelque part en Amérique du Sud : il fait nuit et froid, un petit indien de 10 ans, Llaco, marche et trébuche sur un lama, d'un blanc immaculé, blessé à la patte. L'atmosphère de ce conte est merveilleuse : le rythme est rapide et marqué par des vérités générales, et une narration efficace. L'enfant s'endort tout contre le lama et les jours passent paisiblement. Le garçon parle au lama et soigne sa blessure. Il est intéressant de voir que le narrateur a adopté un ton neutre, évoquant la mort de la mère de Llaco, qui attend la sienne, car il n'a plus de force, sans misérabilisme (...)
[...] Le rythme du récit est évidemment très rapide puisque tout doit tendre vers l'élément perturbateur puis sa résolution, le conteur a alors recours à des ellipses temporelles, de brefs résumés et à de courtes descriptions qui suffisent tout de même au lecteur ou à l'auditeur pour s'imaginer les personnages ou le cadre de l'action, naturel. De même, il y a peu de dialogues et ils sont généralement au discours indirect, permettant d'accélérer le rythme du récit, tout en insérant ici et là des scènes d'action, intenses (combat entre l'anaconda et Kuaraï par exemple). [...]
[...] On revient au temps du récit. Akaruio grimpe les rochers pour rendre visite à la femelle du grand condor et son bébé, dont le mâle avait été tué par le fils d'Hugo le Blanc, Felipe. Le bébé est seul et c'est en redescendant parmi les hommes, qu'il trouve la mère crucifiée. Ce passage est intéressant car ce sacrifice est censé accompagner d'une bonne augure le voyage des Indiens qui vont aller rejoindre les Blancs, marquant l'opposition entre une culture dépassée et leur envie de se tourner vers la civilisation. [...]
[...] Un jour, une belle jeune femme muette et deux nouveau-né sont trouvés par des pêcheurs sur la plage et ramenés au village : tout le monde se moque de ces nouveaux venus, seule la vieille femme prend la muette sous son aile. Mégalonkandouré lui, y voit la preuve que d'autres hommes existent et qu'il faudra les tuer pour qu'on ne lui vole pas son précieux feu. La saison est mauvaise mais la muette, qui ne va pourtant jamais près du feu, survit mystérieusement. La volonté de Mégalonkandouré est de plus en plus despotique. Les enfants se prennent d'affection pour la muette dont ils apprennent le langage des signes. [...]
[...] Le lama monte péniblement la côte, couvert de sang. Le lama fait monter Llaco et le vieil homme lui dit qu'il doit montrer ce prodige aux hommes et notamment aux Indiens pour leur redonner espoir. Le jour de la revanche des Indiens sur le joug des Blancs a donc succédé à la nuit de la mort du lama. Le lama blanc symbolise donc l'espoir, les retrouvailles avec une Nature exploitée par les Blancs. (Thèmes : Les mythes, la place de l'animal, l'espoir, la Nature, l'asservissement des Indiens, la cruauté) Au pays du grand condor 37) Encore une fois, une plongée in medias res qui permet de rendre le récit vivant : Akaruio, un vieil homme qui grimpe les roches, n'a aucune idée de son âge (idée d'un temps cyclique mais atemporel) et jure contre Taoura, Indien qui est descendu dans la vallée pour trouver les Blancs, et est revenu avec une description fabuleuse de cette civilisation moderne. [...]
[...] Si les colonisateurs fascinent autant c'est aussi parce qu'ils ne font pas de la Nature un élément de survie direct mais parviennent à la domestiquer et à y inclure une notion de surplus. On en arrive donc à l'opposition entre l'asservissement accepté par les tribus (ceux qui dépendent du feu du grand sorcier ou viennent se mettre au service de l'homme Blanc) et le désir de liberté d'autres (Akaruio) qui ont un jour voulu découvrir le monde des colons (Llaco, Waïma). La liberté vient par la connaissance et c'est pourquoi les vieilles figures du livre lutte pour que les légendes instructives soient conservées. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture