1. Une identité sexuelle trouble
Lorenzo = androgyne. Il est en effet l'homme qui dirige les plaisirs du duc (I, 4) et un séducteur dont « la sueur trempe encore le lit des filles » (III, 3) = Lorenzaccio qu'on nomme avec mépris.
Il n'est pas seulement une « femmelette » cf I,2, il apparaît en nonne, le duc le nomme « Lorenzetta » (I,4) et le meurtre du duc apparaît comme une « noce de sang » où L. serait la mariée : « faites vous vous beau... » (IV, 9, l. 80) + la morsure au doigt « comme une bague sanglante » la nuit du meurtre (IV, 11). Depuis sa création en 1896, Sarah Bernhardt tient le rôle (...)
[...] Florence, lieu de l'énigme. La pièce est profondément structurée par les motifs du masque et du carnaval. Florence = lieu où les identités sont confuses : le duc et Julien Salviati apparaissent en religieuses, Lorenzo en nonne (SC 1 et + motif symbolique de l'ombre et de la lumière. Le drame qui va se jouer dans cette ville est celui d'une identité dispersée et incertaine. le pouvoir tel qu'il s'exerce à florence s'apparente à un spectacle dans lequel chacun joue un rôle ;Chacun cherche à être une énigme pour l'autre et c'est un lieu où l'on perd ce que l'on connaît (Catherine parlant de L., I,6).Les pers ne cessent de s'observer et d'être observés (saturation du champ lexical du regard) : l'évanouissement de L ; est suspect, la colère du Cardinal Cibo est peut-être feinte. [...]
[...] - Don Juan : plaisir à corrompre avec une jouissance sadique (sc et - Hamlet : Lorenzo qui sourit qqfois mais n'a pas la force de rire porte sur son visage une ironie ignoble et le mépris de tout rappelle le héros shakespearien qui se moque de Polonius et Ophélie pour mieux masquer sa détresse cf. Ah ! les mots, les mots . / Hamlet Words, words, words ! - Lorenzo, metteur en scène de sa propre existence : le meurtre est théâtralisé : mise en scène et décor choisi (début de la IV, et la scène est répétée en soliloque L'acte qui doit révéler la véritable identité de L. [...]
[...] La pureté de Lorenzo est donc définitivement perdue. Finalement, il ne lui reste que le masque, il a perdu son vrai visage (je suis plus creux et plus vide qu'une statue de fer blanc 6). L'illusion demeure : elle ne dissimule nulle vérité, l'énigme reste entière : cf. Philippe à L. «Votre gaieté est triste comme la nuit, vous n'êtes pas changé, Lorenzo l13-13) C. EN FAIT, LE THEATRE MET EN SCENE CETTE AME ENIGMATIQUE. En réalité, le théâtre donne à cette âme énigmatique la possibilité de se donner en spectacle Un histrion qui se dérobe : Lorenzo metteur en scène de Lorenzaccio. [...]
[...] (III, LEDUC : Des mots, des mots, et rien de plus. (III, LORENZO . ] Ah ! les mots, les mots, les éternelles paroles ! S'il y a quelqu'un là-haut, il doit bien rire de nous tous ; cela est très comique, très comique, vraiment. - O bavardage humain ! ô grand tueur de corps morts ! grand défonceur de portes ouvertes ! ô hommes sans bras ! [ . [...]
[...] Il doute du discours de L., autre comédien 4). Or, à la différence de Lorenzo, il se sert de sa lucidité non pas pour confondre l'humanité dans sa duplicité, mais pour la manipuler. C'est ainsi que la mort du duc donne lieu à une vraie mise en scène orchestrée par Cibo : s'enfermer dans le cabinet d'Alexandre, laisser le conseil des huit se déchirer et prendre peur après avoir saoulé le peuple de vin l.28-29). C'est finalement lui qui récolte ce que L ; a semé : faire élire dans une élection fantoche, le pantin manipulé, Côme de Médicis Théâtralité et pouvoir Le cardinal orchestre le spectacle en coulisse, du cabinet du duc, c'est lui qui est à l'avant- scène. [...]
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