Murakami, "Les Bébés de la consigne automatique"

Résumé du document

Ce roman raconte la vie de Hashi et Kiku, deux bébés abandonnés dans une consigne automatique de gare. Confiés au même orphelinat, ils vont peu à peu développer une amitié forte, proche de la fratrie. Hashi, faible physiquement, n'a de cesse de se renfermer sur lui-même, ne supportant personne hormis Kiku (...)

Extraits

[...] Hashi courut chercher un couteau dans la cuisine, quand il eut le manche dans les mains, son cœur se mit à battre la chamade, une mélodie joyeuse qui se mua en un frisson d'extase quand il fut de retour dans la salle de bain. Il y flottait une drôle d'odeur, une odeur de corne brûlée. A travers la cloison transparente donnant sur la baignoire, il voyait la silhouette de Niva, son ventre gonflé. Il s'agenouilla devant la porte, plein de reconnaissance pour ses battements de cœur. Le son résonnait en lui comme un tremblement de terre, faisant vaciller le sol, la pièce, l'immeuble tout entier. Il ouvrit la porte. Niva était recouverte d'un fin rideau de gouttes d'eau. [...]

[...] Il avait entendu un son : le son de son propre sang dans les veines de son bras. Un léger clapotis de vague, à intervalles régulier. Il tendit l'oreille, le son ! murmura-t-il. Enfin le son s'était manifesté pour l'aider à tuer Niva ! Et ce son qui allait lui donne le courage nécessaire, il le comprenait enfin, était celui de ses propres battements de cœur. Hashi se précipita hors de la petite chambre, cherchant Niva dans tout l'appartement. Ses vêtements étaient par terre dans la sale de bain. [...]

[...] Cet endroit devint rapidement cours des miracles tokyoïte', où nombre de dealers, de clochards, d'attardés mentaux, de criminels, de prostitués homosexuels, etc. trouvèrent refuge. Hashi fait à présent partie de cette dernière catégorie. Il a comme client privilégié un homme puissant du nom de Mister D qui, après l'avoir écouté, s'est mis en tête d'en faire un chanteur à la mode, estimant que son timbre de voix exceptionnel (en effet, Hashi, dans sa quête de träumerei, à modifié sa propre voix, la rendant complètement hypnotique) et son passé singulier en feraient un bon produit marketing. [...]

[...] Il va être obnubilé par le träumerei, commettant des séries d'actes atroces pour pouvoir entendre celui-ci (par exemple : écraser avec une brique, à huit ans, la tête d'un mendiant en train de lui faire une fellation ou encore perforer le ventre de sa femme enceinte pour tuer le bébé qu'elle porte). Chacun de ces faits est, de plus, suivi d'une longue période d'isolement. Il se mutile sans arrêt (il se coupe le bout de la langue, se lacère les lèvres avec un harmonica, s'entaille les poignets) et s'excuse quand quelqu'un le maltraite. Bref, il s'érige continuellement en victime. Extrait Soudain il frissonna violemment et rouvrit les yeux. [...]

[...] Non conscients de l'impact que cette révélation va avoir sur leur existence future, les frères pour poursuivent paisiblement leur vie ; ils entrent au collège, Kiku se prend de passion pour le saut à la perche, Hashi se borne à enregistrer tous les sons qu'il rencontre dans l'espoir de retrouver celui qui l'a bercé durant les séances thérapeutiques de son enfance. Il le baptise träumerie. Ce relatif bonheur va durer jusqu'au jour où Hashi fugue du foyer familial pour se rendre à Tokyo dans l'espoir de rencontrer la femme qui l'a mis au monde. Six mois après son départ, Kiku et Kazuyo, leur mère adoptive, partent à se recherche. [...]