Fiche de lecture du roman de Laurent Gaudé intitulé La mort du roi Tsongor sur la guerre et l'identité.
[...] Samilia est représentative de toutes les femmes victimes de la guerre, de la folie meurtrière de leurs compagnons. Ce sont elles, ces êtres seuls et démunis que Souba veut accueillir dans son palais, ces femmes qui n'existent plus vraiment quand les hommes meurent. Laurent Gaudé respecte dans son roman son intégrité physique, mais il n'est pas difficile de prolonger cette image, d'assimiler Samilia aux femmes de Guinée et, même sans guerre, à toutes celles qui sont abandonnées, à l'exemple des veuves en Inde. [...]
[...] Il est aussi celui qui doit apprendre à le connaître pour que chacun des tombeaux en soit un des reflets. S'interroger sur autrui, c'est aussi s'interroger sur soi tout comme les constructions successives contribuent à construire un homme, comme le meurtre peut-être participe à l'identité d'un roi. Car s'il est une épreuve suprême, elle consiste à assumer ses actes, aussi terribles soient-ils, à affronter la honte et le caractère complexe de l'être humain qui mêle étroitement le bien et le mal. [...]
[...] Elle refuse d'être la victime expiatoire et commence un long chemin, vers nulle part : la mort ou une forme de rédemption ? La vie semble devoir lui être refusé. Tous la fuient. Elle pense porter le malheur mais elle en est plus probablement la figure symptomatique. Samilia, c'est celle qui n'a jamais pu choisir, jamais réussi à se faire entendre, mais celle aussi dont le monde s'est effondré. Elle devait vivre heureuse dans l'abondance. Elle ne voit que ruines et erre seule. [...]
[...] La mort du roi Tsongor reste dans l'univers de la guerre, mais différemment. Ici, personne ou presque n'échappe au conflit. Il y a plus ni avant, ni arrière mais un immense champ de bataille, un empire qui se déchire et qui ne sera peut-être bientôt plus que poussière. Résumé Quelque part, en Afrique peut-être mais ce pourrait être n'importe où, le roi Tsongor s'est bâti un empire, vaste et puissant. Un jour, face à un homme ou peut-être face au dégoût et à la lassitude, il a cessé ses conquêtes et s'est consacré à son peuple et à ses cinq enfants, quatre garçons et une fille : Samilia. [...]
[...] Le départ de Samilia apparaît toutefois davantage comme une renonciation, sans véritable sens au bout du chemin, sans espoir surtout. Le chemin de Samilia ressemble à une damnation, même si tout reste possible. Par analogie avec Eldorado il est le contrepoint de celui de Souba, mais la grande différence est que sa mort n'est jamais évoquée. Elle est la disparue, une nuance importante. Peut-être n'est-ce qu'une première étape de l'initiation, comme le deuil l'était pour Souba. Etre initié, changer d'état, c'est en effet renoncer. [...]
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