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Ils sont appelés les nanga boko par le reste de la population, ce qui signifie les enfants vivants et dormants dans la rue en permanence.
Eux s'appellent les mboko, c'est un nom de secteur pour désigner leurs principales localisations. Ces secteurs disposent d'argent qui circule à travers des bars et boites de nuit, il y a aussi des bus pour dormir. Il y a une relative spécialisation des secteurs en fonction de l'âge, la forme physique et l'expérience. Les plus petits mendient et portent des sacs. Les plus grands nettoient des bars, volent, gardent et lavent des voitures, vident les poches des plus faibles. Les secteurs sont des enjeux de pouvoir entre grands et petits engendrant des rapports de violences entre eux. Les plus faibles sont attaqués, les grands cherchent à faire plier ces plus faibles.
Il n'y a pas de chef cependant dans les secteurs. Les rites d'entrée sont inexistants également si ce n'est que les plus grands demandent aux nouveaux des « droits de secteur » variant d'un individu à l'autre. Tous vivent dans les mêmes espaces sans prétendre à une protection. L'apprentissage est brutal, sans soucis de transmission. Les soucis individus priment sur le groupe et se règlent par la fuite du secteur. Cependant ils partagent une expérience, des pratiques, connaissances, représentations de l'espace urbain qui sont relativement identiques. Il existerait un processus d'appropriation de cela notamment en mettant en réseau des secteurs différents ce qui permet de faire naître des mécanismes de connaissance, reconnaissance de l'espace et ses potentialités, puis d'appropriations. Mais ce n'est pas forcément signe de territorialisation, d'espaces nommés et délimités, au contraire il y a des limites à cette appropriation. Ils veulent voir ailleurs, ils veulent voir l'Europe.
Quotidiennement, ils sont occupés à survivre, manger, avec des tactiques individuelles. Il y a un rapport fortement utilitaire à l'espace. Ils sont toujours mobiles et souvent seuls.
Ils ont des représentations sur différents secteurs et les enfants qui y vivent : certains sont plus rentables, d'autres fréquentés par des drogués et voleurs. Il y a aussi un relatif attachement à un secteur. Ils évoquent aussi la volonté de partir vers l'Europe, c'est un leitmotiv. Ils se nourrissent d'images de la télévision et adoptent des modes mondialisées imaginaires. Certains ont déjà tenté l'aventure vers l'Europe (...)
[...] Au niveau du discours scientifique en histoire, on considère Yaoundé comme un milieu né de pratiques et représentations de divers acteurs et comme révélateurs de faits sociaux et de normes. Mais cela ne dépasse pas l'idée de faire de la rue une simple scène pour décrypter le jeu de différents pouvoirs urbains. Le discours scientifique différencie aussi les enfants de la rue des enfants dans la rue : les premiers vivent en permanence dans la rue, les secondes travaillent le jour mais rentrent à leur domicile la nuit. [...]
[...] Ils sont appelés les nanga boko par le reste de la population, ce qui signifie les enfants vivants et dormants dans la rue en permanence. Eux s'appellent les mboko, c'est un nom de secteur pour désigner leurs principales localisations. Ces secteurs disposent d'argent qui circule à travers des bars et boites de nuit, il y a aussi des bus pour dormir. Il y a une relative spécialisation des secteurs en fonction de l'âge, la forme physique et l'expérience. Les plus petits mendient et portent des sacs. Les plus grands nettoient des bars, volent, gardent et lavent des voitures, vident les poches des plus faibles. [...]
[...] Tous vivent dans les mêmes espaces sans prétendre à une protection. L'apprentissage est brutal, sans soucis de transmission. Les soucis individus priment sur le groupe et se règlent par la fuite du secteur. Cependant ils partagent une expérience, des pratiques, connaissances, représentations de l'espace urbain qui sont relativement identiques. Il existerait un processus d'appropriation de cela notamment en mettant en réseau des secteurs différents ce qui permet de faire naître des mécanismes de connaissance, reconnaissance de l'espace et ses potentialités, puis d'appropriations. [...]
[...] Le centre devient un espace de surcharge des activités les plus informelles aux plus illégales. Il y a aussi ce que les habitants appelle l'immeuble de la mort c'est un chantier abandonné, où courent de folles rumeurs notamment qu'il s'agit d'un repère pour le grand banditisme, témoin de cet abandon. Ailleurs, une route est interdite à la circulation et est toujours déserte, c'est celle du cortège présidentiel. Une pelouse abrite des enfants. En 2001 a eu lieu le sommet France-Afrique. [...]
[...] Les autochtones sont devenus minoritaires. Cette tendance s'infléchit avec le temps mais le brassage reste très fort. La diversité des origines des enfants de la rue semble être le reflet de la société de la Capitale. Même les natifs de la Capitale ou leurs descendants se disent avant tout autochtones d'un territoire représentant un clan à l'intérieur même de la ville. En plus chacun est de quelque part et originaire d'un lieu Être nait à Yaoundé ne fait pas un individu Yaoundéen. [...]
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