Les Lettres Persanes écrites en 1721 et parues sans nom d'auteur nous révèlent les correspondances entre Usbek et son ami Rica, deux persans qui décident de quitter leur pays pour découvrir la France et ses mœurs bien singulières. Au travers de ces lettres, Montesquieu, masqué sous le regard de ses personnages fictifs, se lance dans cette lettre audacieuse : la XXXVII du recueil, datée de 1713 c'est-à-dire deux ans avant la mort du roi de France, Louis XIV dit le Roi Soleil. Dans cette lettre, Montesquieu se livre à une satire mordante de la monarchie absolue marquée par l'absolutisme du roi et le culte de sa personne. Critique d'autant plus forte aux yeux du lecteur que Montesquieu utilise de nombreux procédés de distanciation pour parvenir à exprimer ses idées sur une fin de règne austère qui l'inquiétait beaucoup à l'époque.
Ainsi il est intéressant de se demander comment Montesquieu à travers cette lettre XXXVII parvient, en utilisant l'étonnement persan, à masquer sa présence et à établir une critique féroce de la monarchie absolue instauré par Louis XIV.
[...] Le regard d'Usbek à nos yeux naïf et impitoyable saisit les moindres aspects de la personnalité du roi et sa lettre a davantage un aspect informatif pour son destinataire. Mais Montesquieu ne va jamais trop loin dans la critique et à travers les paroles d'Usbek on découvre un persan admiratif, qui use d'un discours élogieux pour parler du roi. On peut citer en effet les hyperboles «haut degré de talent de se faire obéir» (ligne «génie» (ligne «magnifique» (ligne 26) ainsi que les comparatifs d'égalité «aussi forte que» dont on trouve quatre occurrences dans la fin de l'extrait nous montrent un discours élogieux et un lexique mélioratif. [...]
[...] Montesquieu, "Les Lettres Persanes", Étude de la lettre XXXVII : Usbek à Ibben Les Lettres Persanes écrites en 1721 et parues sans nom d'auteur nous révèlent les correspondances entre Usbek et son ami Rica, deux Persans qui décident de quitter leur pays pour découvrir la France et ses mœurs bien singulières. Au travers de ces lettres, Montesquieu, masqué sous le regard de ses personnages fictifs, se lance dans cette lettre audacieuse : la XXXVII du recueil, datée de 1713 c'est-à-dire deux ans avant la mort du roi de France, Louis XIV dit le Roi Soleil. [...]
[...] D'ailleurs, toutes ces oppositions sont soulignées dans la lettre qui oscille entre un et un qui ne s'accordent pas normalement. Tout ceci contribue à faire de ce roi un être tout à fait arbitraire et la politique du pays en est forcément contaminée. Le roi gère le royaume selon son bon plaisir comme le montre les expressions de goût telles que «plaire» (ligne aime» répétés deux fois (ligne 9 et 12) ou pour finir craint» (ligne 13). Ce comportement absurde amène nécessairement le souverain à faire des erreurs d'appréciation, et même à commettre des injustices parmi ses sujets comme on le comprend avec les propos de la ligne 13-14 avec le «bon général» courageux qui pourrait être une menace pour le roi dans un camp adverse. [...]
[...] Enfin, il faut noter le lexique de la recherche scientifique utilisé par le personnage avec des expressions comme : «j'ai étudié» (ligne ; «j'y ai trouvé» (ligne ou «résoudre» qui montre qu'Usbek se livre ici à une étude particulièrement rigoureuse de la personnalité du roi avec une apparente neutralité. Le titre même de la lettre roi de France est vieux» se conçoit dès lors que l'on comprend que c'est un regard étranger qui parle. Cet irrespect est semble-il pardonnable de la bouche d'un Persan et la périphrase roi de France» pour désigner Louis XIV nous conforte dans cette idée. [...]
[...] Le lecteur adopte ainsi le regard du persan un regard neuf et avide de savoirs. La visée de ce regard est de créer un effet de distanciation fort. Les seuls noms d'Usbek et Ibben suffisent à convaincre le lecteur qu'il s'agit bien ici d'étrangers, cela donne tout de suite une certaine mise à distance. De plus la lettre s'adressant à un persan, le lecteur peut difficilement s'identifier à celui-ci. De même la date de la lettre exprimée selon le calendrier perse: 7 de la lune de Maharam» renforce le côté exotique et souligne ces traits de l'orient ce qui n'est pas sans mettre à distance le lecteur occidental. [...]
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