Le titre choisi par l'auteur est significatif : il ne s'agit pas de mémoires courantes; c'est surtout le regard d'un homme porté vers le monde de sa jeunesse qu'il contemplait avec une nostalgie bienveillante pendant qu'il écrivait. La vie privée n'est pas l'aspect le plus représentatif de l'œuvre, mais plutôt les opinions de Zweig sur les événements de cette époque qu'il a choisi d'immortaliser dans son récit parce qu'il les considérait significatifs de celle-ci. Une période qui, vue du présent dans lequel il écrit, est qualifiée comme morte définitivement.
Dans la préface de ses mémoires, Stephan Zweig présente les enjeux de son autobiographie. Il prévient qu'il n'a jamais eu l'intention de raconter sa vie, mais ce sont les événements terribles qui ont marqué sa génération qui l'ont amené à écrire. Si on tient en compte que ces épisodes ont été d'autant plus traumatisants pour les juifs européens, nous comprenons la nécessité de Zweig de commencer à modeler ses souvenirs une fois en exil. Au moment où il écrit, il est devenu un apatride, statut qui lui confère une mise en distance et une sincérité qui constituent des outils essentiels pour le travail qu'il se dispose à entreprendre.
[...] S'il s'agissait uniquement d'affabilité, il n'y a alors aucun doute: Zweig était un homme avec des fortes convictions morales. En outre, on ne peut qu'admettre dans ses mémoires et dans sa vie la sincérité de quelqu'un qui crut en une Europe unie par la culture et qui peut être qualifié comme un impénitent pacifiste. Ce qui est vrai c'est que l'œuvre de Zweig fait partie du meilleur légat de l'Europe titre d'un de ses recueils où il décrivait d'autres artistes qu'il admirait. [...]
[...] Beaucoup sont morts dans leur exil, Zweig parmi eux. C'est peut-être dans les portraits qu'il a tracés à partir des souvenirs de beaucoup d'intellectuels européens contemporains que l'on peut découvrir le mieux la voix de Stefan Zweig. C'est une possible raison pour laquelle aujourd'hui il est plus connu par l'œuvre commentée ici, recompilant sa propre trajectoire spirituelle, que par ses créations de fiction. À travers ses pages défilent des personnages politiques (certains esquissés uniquement avec quelques traits de pinceau) comme Rathenau, décrits magistralement, et qui provoquent chez Zweig l'étonnement face à un homme d'action, extrêmement cultivé, se connaissant dans la littérature la plus d'avant-garde. [...]
[...] À propos de ce modèle scolaire destiné à former des élèves et des futurs citoyens dociles l'auteur considère qu'il “doit à cette oppression une passion de la liberté . ainsi qu'une haine des manières autoritaires et de ton altier qui m'a accompagné durant toute mon existence” (p.53-55) C'est peut-être que le manque de liberté est nécessaire pour apprécier et être conscient de sa valeur. C'est au moins ce qui s'est passé dans le cas de l'auteur. La critique vis-à-vis de l'école n'est pas la seule. [...]
[...] Ensuite, il entreprend le blâme du comportement de la grande bourgeoisie autrichienne dans le sens des relations entre les deux sexes. Au sein de l'ambiance familiale, à l'école, dans les bals, au théâtre bref, dans les manifestations les plus diverses de la vie des Viennois, le sexe, ou tout simplement les relations d'amitié entre filles et garçon n'existaient pas ou étaient cachées en l'honneur d'une moralité hypocrite. On perçoit l'ironie de l'auteur lorsqu'il écrit par rapport à ce sujet : l'on ne pouvait bannir la sexualité du monde, du moins ne devait-elle pas être visible dans la société bien réglée de ce temps” (p. [...]
[...] C'est vrai que le Japon et les Etats-Unis apparaissent dans le panorama mondial comme des possibles puissances extra-européennes, mais leur rôle ne sera révélant qu'à la fin de la 1re guerre mondiale. Les historiens parlent de cette époque comme celle de la “paix armée”. Elle se caractérise par les rivalités nationales (l'antagonisme franco- allemand avec l'Alsace et la Lorraine) et économiques, ainsi que par les tensions coloniales et par des crises internationales. Entre 1890 et 1900, c'est une période d'une relative tranquillité en Europe. [...]
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