Il ne faut pas lire les oeuvres de Modiano comme des autobiographies, mais plutôt comme des autofictions... Cette fiche de lecture est très approfondie : biographie et bibliographie de Modiano, présentation, analyse et résumé de "Un pedigree". Le tout accompagné d'une étude sur Modiano.
[...] Il suffit d'appuyer sur un bouton, comme sur un tableau de commande. Quant au style, le mot qui revient le plus souvent sous la plume des critiques est sécheresse Peu d'émotions affleurent (à quelques rares exceptions près, notamment lorsqu'il parle de la mort de son frère). C'est sur le ton du constat qu'il s'exprime : son récit est presque saturé de noms de personnes et de lieux, de dates d'une incroyable précision. Comme le dit si justement Michel Grisolia, après avoir travaillé dans le flou, Modiano, magistral chef opérateur d'un film à épisodes des années quarante, fait le point. [...]
[...] J'avais pris le large avant que le ponton vermoulu ne s'écroule. Il était temps. (p.122) Analyse : Le titre Un pedigree est un clin d'œil à Simenon, dont le roman (autobiographique) Pedigree a paru en 1948. Comme Simenon, Modiano livre ici des clés essentielles de son univers romanesque. Ainsi, Un pedigree éclaire a posteriori la genèse de l'œuvre de Modiano. Difficile, pour un lecteur assidu de l'œuvre, de ne pas faire le rapprochement entre les événements relatés dans Un pedigree et certaines situations, certains personnages de ses romans. [...]
[...] En outre, le je de ses livres lui ressemble souvent énormément (il a parfois le même âge, la même taille que Modiano). Toutefois, il ne faut pas lire les œuvres de Modiano comme des autobiographies, mais plutôt comme des autofictions. Dans ses livres, comme le dit très justement Thierry Laurent, son propre destin est, sous des formes diverses et à des degrés différents, fictionnalisé. Et lorsque Jean-Louis de Rambures lui dit : Il y a tout de même une part autobiographique indéniable dans vos romans Modiano répond : Oui. Mais elle est entièrement métamorphosée par l'imagination. [...]
[...] (Le Monde mai 1973) Fiction et autobiographie se côtoient donc dans l'œuvre de Modiano. Certains livres sont cependant plus autobiographiques que d'autres (c'est-à- dire que la part autobiographique y est proportionnellement plus importante que celle de la fiction), comme Livret de famille, Remise de peine ou Fleurs de ruine, sans être pour autant de véritables autobiographies. Ainsi, sur la quatrième de couverture de Livret de famille (1977), il est écrit : Quatorze récits où l'autobiographie se mêle aux souvenirs imaginaires ce qui montre bien que dans l'œuvre de Modiano, il y a une véritable tension entre autobiographie et fiction Thierry Laurent, L'œuvre de Patrick Modiano : une autofiction (Presses universitaires de Lyon, 1997) Un pedigree : Présentation : L'auteur éprouve, nous l'avons vu, quelques réticences à l'égard de l'autobiographie. [...]
[...] En tous cas, aucun appellatif générique ne vient apporter de précision. Résumé : Dans Un pedigree, Modiano fait défiler les 21 premières années de sa vie, de sa naissance, le 30 juillet 1945 à Boulogne-Billancourt, à son entrée en littérature, au printemps 1967 (moment où il apprend que son premier livre à été accepté par Gallimard), de manière chronologique. Il y parle d'une vie qui n'était pas vraiment la sienne, une vie dont le seul événement déterminant a été la mort de son jeune frère Rudy : A part mon frère Rudy, sa mort, je crois que rien de tout ce que je rapporterai ici ne me concerne en profondeur.» (p.44) L'occasion pour lui de faire le point sur une enfance malmenée. [...]
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