Nous sommes à l'avant-dernier chapitre du roman, et tandis que les premiers chapitres exposent une fin de journée chacun, avec des ellipses d'une journée minimum, les chapitres précédents se déroulent, eux, sur la seule journée du vendredi, depuis la leçon hebdomadaire de piano, chapitre 5, en passant par le rendez-vous désormais quotidien avec Chauvin au bar, chapitre 6, et se terminant, en soirée, au domicile d'Anne Desbaresdes, où a lieu la traditionnelle réception de son mari. Cela fait une semaine que le meurtre passionnel au café a eu lieu, et qu'Anne y retrouve régulièrement Chauvin, en fin d'après-midi. Mais ce vendredi soir, Anne s'est plus que d'habitude attardée au bar du port, s'est enivrée avec l'ouvrier et arrive en retard à la réception donnée par son mari, où son devoir l'attendait. Nous pénétrons son domicile pour la première fois, tandis que Chauvin l'attend sur la grève, et c'est pour nous l'occasion de percevoir ce qu'est son environnement, dont elle semble tant chercher à s'échapper.
[...] Ainsi, le mari d'Anne n'est qu'un regard et une voix, impersonnelle : on s'en est aperçu le regard s'appesantit ose-t-on avancer insiste-t-on De plus, le détachement est visible dans la réaction du mari d'Anne devant son ivresse : revenu déjà douloureusement de ton étonnement. On s'y attendait depuis toujours ce qui montre que l'opinion du mari et de sa famille sur Anne n'était pas favorable, avant même qu'elle ne change de comportement. un refus qui fait scandale : les hôtes de la réception pourraient être choqués de l'ivresse visible d'Anne, mais ce n'est pas cela qui les gènes. [...]
[...] Et enfin, nous verrons comment ce passage est emblématique de l'ensemble du roman, en ce qu'il expose les thèmes principaux de l'oeuvre et ses procédés d'écriture. I Le plaisir, le désir, la sensualité : d'Eros à Thanatos 1 L'ivresse qui amène le personnage à la perte de contrôle de soi : nous percevons l'embarras d'Anne dans son ivresse. Insistance sur l'alcool : Anne Desbaresdes boit de nouveau un verre de vin tout entier redondance qui est appuyée par le champ lexical de la boisson et de l'ivresse : elle est ivre à boire boivent lèvent de même leur bras le vin Anne Desbaresdes est ivre La perte du contrôle de ses expressions faciales : de la même façon qu'elle ne contrôle plus son corps, Anne ne semble plus capable de dissimuler ses émotions et pensées : une contenance, illusoire Anne Desbaresdes s'essaye à un sourire d'excuse ( ) mais elle est ivre et son visage prend le faciès impudique de l'aveu elle s'essaye encore à sourire, mais elle ne réussit encore que la grimace désespérée et licencieuse de l'aveu La perte de contrôle de son corps : la personnification des membres du corps : Les doigts le froissent ( ) puis, interdits, s'arrêtent son visage prend et les hypallages qui leur attribuent des sentiments humains : le faciès impudique de l'aveu ; Sa bouche est desséchée par d'autre faim Ici, Anne est désignée par une partie de son corps, synecdoques. [...]
[...] De plus, idée d'un milieu qui vit dans un culte impie, où tout est sacrifié au temple du luxe : l'une d'elles défaille à la vue du canard d'or - mention du canard d'or qui rappelle le culte du veau d'or, symbole d'idolâtrie, en particulier du culte de l'argent, des richesses, et de la barbarie cupide. la femme-objet, image de la réussite sociale masculine : on les choisit belles et fortes ce qui montre que les femmes sont comme des objets, ou des animaux qu'on examine sur le stand de foire. Le on souligne que c'est une pratique commune aux hommes de ce groupe social, une habitude, une banalité. [...]
[...] Moderato Cantabile Chapitre VII p.43 47 : Le pétale de magnolia est lisse ( ) Sa bouche a encore prononcé un nom. Lecture analytique Citation L'époque Le mouvement littéraire L'auteur L'oeuvre, date L'extrait : Nous sommes à l'avant-dernier chapitre du roman, et tandis que les premiers chapitres exposent une fin de journée chacun, avec des ellipses d'une journée minimum, les chapitres précédents se déroulent, eux, sur la seule journée du vendredi, depuis la leçon hebdomadaire de piano, chapitre en passant par le rendez-vous désormais quotidien avec Chauvin au bar, chapitre et se terminant, en soirée, au domicile d'Anne Desbaresdes, où a lieu la traditionnelle réception de son mari. [...]
[...] Le flou est entretenu dans tout le passage : l'une d'elles défaille à sa vue , qui est la femme qui réagit ainsi, est-ce une des invitées qui se pâment de plaisir, ou bien Anne qui faiblit de dégoût ? Le même flou est perceptible dans l'incipit, quant aux réelles pensées d'Anne devant la révolte muette de son fils aux imprécations de la professeure de piano. un groupe sans contours : les hôtes ne sont pas décrits, pas présentés, et restent une masse informe, indéterminée, dont les hommes sont en retrait et où seules les femmes sont observées. [...]
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