En dehors du séjour proprement dit de Mme de Staël en Italie, la biographie de la romancière comporte de nombreux éléments qui influent directement sur la composition de Corinne :
- La persécution du pouvoir napoléonien et la douleur d'être exilée de Paris, puis de la France se traduisent dans la souffrance de Corinne en Écosse ou dans des notations, telles que celle de l'improvisation du cap Misène : les îles de la baie de Naples étaient un lieu d'exil, « les malheureux relégués sur ces rochers solitaires, au milieu des flots, contemplaient de loin leur patrie, tâchant de respirer ses parfums dans les airs. » (p. 352).
- La mort de Jacques Necker à Coppet, le 10 avril 1804, ne parvient à sa fille que le 22 avril à Weimar. Elle rentre à Coppet, se sentant coupable de n'avoir pas été présente à son chevet. La lourde culpabilité d'Oswald à l'égard de son père trouve là sans doute son origine. C'est d'ailleurs un extrait d'un ouvrage de Necker que la romancière attribue au père d'Oswald. De même, les relations difficiles que Germaine a entretenues avec sa mère se reflètent certainement dans les tensions entre Corinne et Lady Edgermond.
- Le projet de remariage avec Benjamin Constant, les atermoiements de l'un et de l'autre, les hésitations de Constant entre Germaine et une autre femme plus jeune qu'il finira par épouser se traduisent dans l'échec de la relation entre Corinne et Oswald.
- C'est le manque d'amour de Chateaubriand pour Mme de Beaumont qui provoque son dépérissement et sa mort à Rome en novembre 1803. Lors de son séjour romain, Mme de Stäel va se recueillir sur le monument funéraire élevé à la mémoire de Pauline de Beaumont dans l'église Saint-Louis-des-Français et note : « Tombeau de Mme de Beaumont parce qu'elle ne fut plus aimée. Corinne. » (...)
[...] Corinne. III. LES POINTS DE VUE DANS LE ROMAN ET LEUR SIGNIFICATION Point de vue : Delphine met en scène une femme déchirée entre ses élans et la société. La forme épistolaire élimine le narrateur à la troisième personne et donne la parole à chacun des personnages. Corinne utilise concurremment les ressources de l'introspection et de l'analyse externe. Dans les relations qui s'établissent entre eux, chacun est considéré du point de vue intérieur, tel que le connaît le narrateur, et du point de vue de l'autre, selon les apparences et les intuitions. [...]
[...] Le bal, où Corinne danse la tarentelle avec le prince d'Amalfi. Mais tout en admirant, tout en aimant Corinne, il se rappelait combien une telle femme s'accordait peu avec la manière de vivre des Anglais combien elle différait de l'idée que son père s'était formée de celle qu'il lui convenait d'épouser . (p. 144). Corinne, en dansant, faisait passer dans l'âme des spectateurs ce qu'elle éprouvait, comme si elle avait improvisé, comme si elle avait joué de la lyre ou dessiné quelques figures ; tout était langage pour elle : les musiciens, en la regardant, s'animaient à mieux faire sentir le génie de leur art ; et je ne sais quelle joie passionnée, quelle sensibilité d'imagination électrisait à la fois tous les témoins de cette danse magique, et les transportait dans une existence idéale où l'on rêve un bonheur qui n'est pas de ce monde. [...]
[...] 494) Lors d'un bal chez lady Edgermond, Corinne voit Lucile et Oswald, et décide de fuir, laissant une lettre pour Oswald. Elle se tut, et contempla de nouveau cette rivière qui coulait si vite et néanmoins si régulièrement, cette nature si bien ordonnée, quand l'âme humaine est toute en tumulte . (p. 500). L'innocence de Lucile, sa jeunesse, sa pureté exaltaient on imagination, et elle était, un moment du moins, fière de s'immoler pour qu'Oswald fût en paix avec son pays, avec sa famille, avec lui-même. [...]
[...] 57) Improvisation de Corinne sur la gloire et le bonheur de l'Italie. On observe un déplacement du point de vue dans le roman qui commence par présenter l'héroïne de l'extérieur pour nous faire finalement partager sa douleur de l'intérieur. De même, mouvement qui va de l'identification de Corinne avec l'Italie Italie, empire du Soleil [ . ] je te salue. p. 59) à un décalage entre la nation et son porte-parole. Corinne : Les peuples du midi se représentent la fin de la vie sous des couleurs moins sombres que les habitants du nord. [...]
[...] Corinne manque de s'évanouir. Nouvelle demande de délai Route jusqu'au cap Misène. Première station de la promenade au tombeau de Virgile. Traversée de la grotte de Pausilipe aux flambeaux. Passage sur les bords du lac d'Averne, près du Phlégéton, et devant le temple de la Sibylle de Cumes Elle invita les Anglais qui étaient à Naples, quelques Napolitains et Napolitaines dont la société lui plaisaient . C'était sur le cap Misène que Corinne avait fait préparer les danses et la musique. [...]
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