Les Misérables est un des romans de la littérature française qui a été le plus analysé, commenté et étudié. L'ampleur de cette œuvre explique celle de ses travaux critiques. En effet Victor Hugo y présente la société dans son ensemble. Il y place les différents personnages, générations et rôles qui la composent. Ce roman est donc déroutant pour les lecteurs de l'époque et parfois encore pour ceux de la notre, jamais il n'avait été fait un travail aussi important d'une telle amplitude de sujets traités, des lieux traversés et des personnages rencontrés. Hugo prend en compte dans son roman l'immensité, les multiples faces de la société du XIXème siècle. Le siècle entier est présenté dans l'œuvre, il est caractérisé comme un tournant historique dans l'histoire des hommes mais Hugo n'hésite pas à plonger dans le passé et dans l'avenir afin de cerner les causes et les conséquences des évènements mis en scène. L'auteur présente l'histoire comme une route sinueuse et qui peut parfois conduire à un retour en arrière, elle est parsemée d'obstacles.
Le projet de Hugo était de faire un livre sur la misère. Dans son roman, Hugo traite des destins d'hommes historique comme Napoléon ou Louis-Philippe mais il évoque aussi le destin des individus qui n'ont pas laissé de traces pour la postérité. Il axe même son récit sur ses personnages, ceux qu'il nomme les misérables. Leur destin s'inscrit dans le cadre historique plus large de la société humaine mais on suit leur pas dans la vie quotidienne. Hugo y évoque tous les thèmes et les problèmes qui touchent les hommes dans leur condition humaine : l'économie, la liberté, l'amour etc.… Parmi ces thèmes qui transparaissent dans les aventures des personnages et les digressions, la justice est omniprésente. Hugo aborde cette notion en présentant des points de vue, des conceptions divergentes à travers ses personnages. En traitant ce thème de cette manière, Hugo ne pose pas un modèle ou un exemple à suivre mais un constat. Il semble que chacun soit libre de faire son choix. Pourtant en se remémorant la vie d'Hugo, on parvient à en douter. Hugo a eu des convictions précises, qu'il a défendu quel qu'en soit le prix. Ce livre ne peut donc être uniquement un roman créé pour divertir, ce roman n'est-il pas en fait un essai déguisé ? Les personnages et leurs aventures condensés dans ce roman ne laissent-ils pas percevoir toutes les expériences de Hugo, ses réflexions et ses convictions les plus profondes notamment sur le thème de la Justice ?
[...] Pourtant, Jean Valjean va apporter un démenti à ses plus sincères convictions et par conséquent un profond bouleversement des certitudes de Javert. Jean Valjean pose déjà problème à Javert sous le nom de M. Madeleine lorsqu'il refuse de le destituer. Javert juge lui avoir manqué de respect et donc que cette offense mérite une punition. M. Madeleine refuse de le destituer et réfute son raisonnement. Javert ne comprend pas cette décision, cette réaction le trouble, mais son intégrité l'oblige à obéir à son supérieur. [...]
[...] Si nous percevons ce désir de nous faire réfléchir, l'analyse qui sous-tend au roman, nous avons beaucoup de difficulté pour appréhender cette réflexion dans toute sa profondeur et son intégralité. Il a fallu une vie à Hugo pour réaliser ce chef-d'œuvre, il nous en faudrait plus d'une pour cerner cette œuvre complexe. HUGO Victor, Les Misérables, Tome 1 et Paris, Livre de Poche HUGO, op. cit p HUGO, op. cit p Idem , p HUGO, op. cit p.250 HUGO, op. cit p HUGO, op.cit p HUGO, op. cit p Ibid, p HUGO, op. cit p HUGO, op. [...]
[...] Le juge parle au nom de la justice, le prêtre parle au nom de la pitié, qui n'est autre chose qu'une justice plus élevée Mgr Myriel désapprouve la justice des hommes, il ne l'accuse pas d'être mauvaise, mais ne parvient pas à la comprendre. Lorsqu'il accompagne un condamné à l'échafaud, il agit par devoir, mais reste très marqué par cet épisode. Il est troublé par la justice sociale et son système judiciaire. Il ne comprend pas que les hommes s'arrogent des droits que Dieu seul possède: celui de prendre la vie ou celui de faire payer ce qu'offre Dieu notamment à travers la taxe appliquée sur les ouvertures pratiquées dans les maisons. [...]
[...] Il met autant d'énergie à défendre la société que certains mettent à la détruire. Cela s'est révélé être un bon choix puisqu'à l'âge de quarante ans, il est déjà inspecteur, un inspecteur craint, mais respecté. Javert est un chien né d'une louve celui qui paraît différent et qui est condamné à le rester et donc à être en marge de la société. Les loups refusent d'intégrer un chien dans leur meute à cause de sa part domestiquée et les hommes agissent de même à cause de la part d'animalité sauvage qu'il conserve, ayant peur qu'il retrouve un jour sa nature de prédateur. [...]
[...] Les hommes font l'histoire, ils en sont les sujets bien que l'Histoire qu'ils font les dépasse souvent. Jean Valjean est bien souvent dépassé par ses propres actes qui font sa destinée. Les hommes ne peuvent s'opposer à l'Histoire. Ils sont intégrés dans cette marche inaliénable, tous comme les évènements et ne peuvent s'arrêter en chemin, ils sont condamnés à agir selon les choix de cette volonté qui dirige l'Histoire et à subir les conséquences provoquées par ce grain de sable que l'on a placé dans le mécanisme. [...]
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