I- Résumé
Chapitre I
Le géant Micromégas est un personnage peu commun. D'une hauteur de plus de 35 kilomètres, il parle mille langues, est capable de vivre plusieurs millions d'années et habite l'étoile Sirius. Contraint à l'exil après la publication de travaux scientifiques choquants aux yeux d'un clergé fanatique, il voyage à travers les espaces en quête d'un monde meilleur. Tout d'abord, il arrive sur Saturne, dont les habitants ne mesurent que deux kilomètres de hauteur, ce qui le fait rire. Mais après quelques temps, il abandonne ses airs supérieurs, ayant compris qu'un « être pensant peut fort bien n'être pas ridicule pour n'avoir que six mille pieds de haut. » Il y devient ami avec un Saturnien, secrétaire de l'Académie des Sciences
Chapitre II
Une conversation s'engage entre les deux personnages. Le secrétaire saturnien, déçu par ses déboires sentimentaux comme par la vie en général, décide d'accompagner Micromégas dans son voyage philosophique.
Chapitre III
Ils visitent ensemble Jupiter et Mars et arrivent par erreur sur la Terre (...)
II- Les personnages
a- Micromégas
La plupart des personnages de Voltaire se caractérisent par des noms abstraits qui mettent en avant une façon de voir du monde, comme Candide ou Ingénu... Micromégas également est un nom codé, mais philosophiquement et non pas psychologiquement : il incarne la relativité puisqu'il est à la fois un géant (méga) et un nain (micro), ce qui renvoie à la condition de l'homme dans l'univers.
Géant, Micromégas est haut de « huit lieues », son nez mesure plus de deux kilomètres et occupe « le tiers de son visage » (...)
[...] De fait, celui de Micromégas s'apparente avant tout à une quête initiatique. D'ailleurs, le but de ses déplacements est clairement affiché : voyager de planète en planète pour achever de se former l'esprit et le cœur Il rappelle ainsi que le XVIIIe siècle constitue un moment fondamental dans l'histoire des idées, et en particulier dans les pratiques scientifiques. Ainsi, dans le conte, la relativité des tailles, des capacités et des mesures suggère l'idée que tout est relatif et qu'il faut donc s'abstenir de juger. [...]
[...] La raison Voltaire se situe dans la lignée philosophique qui conçoit d'abord la raison comme une faculté propre à l'être humain et qui lui permet d'établir des rapports entre les choses. Cette faculté innée permet une connaissance réfléchie et autorise l'être humain à comprendre l'univers. Cependant, Voltaire ne suit pas certains philosophes qui, à l'instar de Montaigne, dénoncent les dangers de cette faculté qui permet de raisonner hors de l'expérience et peut donc s'enfermer dans sa propre logique et n'avoir plus de contact avec la réalité. [...]
[...] L'élément permettant de passer à la phase suivante est l'action d'un géomètre qui, avec méthode et rigueur, parvient à identifier les deux géants (de cette manière, Voltaire rend hommage une nouvelle fois à l'empirisme). Dès lors, une conversation scientifique peut s'engager entre les personnages. - ensuite donc, une communication s'établit. Micromégas est très enthousiaste face à ces humains tout esprit qui ont beaucoup de connaissances. Mais les Terriens se révèlent rapidement bavards et imbus d'eux-mêmes, pensant tout connaître, jusqu'à la métaphysique et les phénomènes inexplicables. Ainsi naît le débat sur l'âme qui passe en revue tous les grands philosophes, de Descartes à Locke en passant par Aristote et Leibnitz. [...]
[...] À Versailles comme historiographe du roi, en Prusse comme chambellan de Frédéric II, Voltaire a essayé d'inspirer à la vie politique une plus grande ouverture aux innovations issues de la bourgeoisie et du monde des techniques, ainsi qu'une plus grande liberté de pensée. Mais l'obstacle fondamental à l'évolution de la société est le déséquilibre des forces dans l'État, qui fait trop de place aux partis, en premier lieu l'Église. Ainsi Voltaire met beaucoup de lui-même dans l'histoire de Micromégas, victime de la censure religieuse qui le bannit. - en mettant en scène le muphti de son pays Voltaire ruse avec la censure mais l'ironie ne trompe personne à l'époque. [...]
[...] Véritable faire-valoir, la Saturnien n'est là que pour mettre en avant le personnage de Micromégas. Ainsi, à travers lui, Micromégas peut partager ses connaissances, réfléchir à la relativité de toute grandeur, reprendre les jugements erronés ou hâtifs de son ami (et ainsi critiquer les a priori). Au fur et à mesure de leur voyage commun, le Saturnien se transforme sous l'influence de Micromégas, ce qui confirme les qualités de pédagogue de celui-ci et rejoint une idée phare de l'humanisme : tout homme peut changer s'il est correctement influencé. [...]
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