On a conservé à l'école d'écriture théorisée par Émile Zola le nom de «naturalisme», pour la différencier du réalisme de Flaubert et de ses prédécesseurs; en fait, cette école se limite presque à son fondateur et à un épigone: Maupassant. De plus, si l'on regarde leur définition de la littérature comme «une exacte reproduction de la nature », il n'est pas difficile d'imaginer quels obstacles et contradictions semblent rendre d'emblée le projet caduc ou impossible.
Dans un roman comme La Curée, on voit bien, à travers une approche scientifique, descriptive et documentaire, comment est mis en œuvre, en partie du moins, ce principe fondateur de faire de la littérature une« reproduction de la nature» la plus « exacte» possible.L:approche scientifique se manifeste d'abord dans la volonté d'inscrire les personnages dans un cadre héréditaire fortement déterminé, biologiquement, historiquement et culturellement. Le roman fait évidemment partie du cycle des Rougon-Macquart. Le personnage principal de Le Curée, Saccard, s'appelle en réalité Aristide Rougon et a dû changer de nom pour ne pas gêner la carrière politique de son frère Eugène, mais il est l'un des rejetons de cette famille dont Zola suit le destin à travers tant de romans.
[...] Dans quelle mesure l'entreprise du roman naturaliste, qui consiste à faire de la littérature une exacte reproduction de la nature, n'est-elle pas partiellement vouée à l'échec ? L'exemple de La Curée [Introduction] On a conservé à l'école d'écriture théorisée par Émile Zola le nom de «naturalisme», pour la différencier du réalisme de Flaubert et de ses prédécesseurs; en fait, cette école se limite presque à son fondateur et à un épigone: Maupassant. De plus, si l'on regarde leur définition de la littérature comme «une exacte reproduction de la nature il n'est pas difficile d'imaginer quels obstacles et contradictions semblent rendre d'emblée le projet caduc ou impossible. [...]
[...] Au-delà des images, la poésie est aussi dans la beauté du langage, bien éloignée de la réalité de la nature et du monde réel. La description de la serre où les deux amants s'abandonnent à leur désir ainsi que l'évocation de la représentation des Amours du beau Narcisse et de nymphe Écho sont autant d'occasions pour Zola de laisser libre cours à son art. Ne citons que ce paragraphe qui dépeint un grand hibiscus de la Chine, l'une des plus belles plantes de la serre: Les larges fleurs pourpres de cette mauve gigantesque, sans cesse renaissantes, ne vivent que quelques heures. [...]
[...] Le roman fait évidemment partie du cycle des Rougon-Macquart. Le personnage principal de Le Curée, Saccard, s'appelle en réalité Aristide Rougon et a dû changer de nom pour ne pas gêner la carrière politique de son frère Eugène, mais il est l'un des rejetons de cette famille dont Zola suit le destin à travers tant de romans. Ce dernier écrivait dans sa préface à La Fortune des Rougon: Les Rougon-Macquart, le groupe, la famille que je me propose d'étudier a pour caractéristique le débordement des appétits, le large soulèvement de notre âge, qui se rue aux jouissances . [...]
[...] [L'échec partiel du naturalisme au profit de la réussite romanesque] Pourtant, cette réussite n'est que partielle et laisse la place à une autre forme de réussite qu'on aurait pu croire incompatible avec l'exacte reproduction de la nature»: celle de la fiction romanesque et du travail imaginaire et poétique. Un des paradoxes du naturalisme est d'abord de vouloir reproduire le réel tout en gardant la structure romanesque, en construisant un récit, en choisissant les événements et les aspects qu'il privilégiera. Maupassant lui-même écrit dans la préface de Pierre et Jean, qu'il consacre au roman»: romancier [ . ] qui prétend nous donner une image exacte de la vie, doit éviter avec soin tout enchaînement d'événements qui paraîtrait exceptionnel. [ . [...]
[...] Le maillot avait des souplesses de chair, sous la pâleur de la blouse; la ligne pure de cette nudité se retrouvait, des genoux aux aisselles, vaguement effacée par les volants, mais s'accentuant et reparaissant entre les mailles de la dentelle, au moindre mouvement». Cette même question vient la hanter dans le dernier chapitre: Était-ce ce jour- là qu'elle avait commencé à se mettre nue ? Qui donc l'avait mise Les ressorts de l'inconscient sont également mis à nu, comme le corps de Renée: «Cette folle de Renée [ ] était la moins analysable des femmes écrit Zola, et pourtant c'est ce qui fait l'objet de la page suivante et de l'essentiel du roman. [...]
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