En ouverture du premier chapitre, Merleau-Ponty écrit que « la science manipule les choses et renonce à les habiter ». Tout au long de ce chapitre, il explique que la science est arrivée à un point où elle peut croire en elle, en ses expérimentations, ses preuves et surtout, elle s'est libérée de ses questions fondamentales de l'origine et du fondement. De ce fait, cela a permis à la biologie notamment de se décharger du corps humain vivant, qui est capable d'effectuer des relations, dont celle de l'image et de la vision. Et c'est donc au travers de la peinture que Merleau-Ponty décide d'effectuer la relation de l'image et de la vision, car elle permet d'atteindre une dimension selon laquelle Van Gogh veut aller « plus loin ». Or seul le peintre peut atteindre cet objectif, puisque Merleau-Ponty précise « qu'il faut qu'avec mon corps se réveillent les corps associés, « les autres », qui ne sont pas mes congénères, comme dit la zoologie, mais qui me hantent, que je hante, avec qui je hante un seul Etre actuel présent, comme jamais animal n'a hanté ceux de son espèce, son territoire ou son milieu ». Or, dans cette phrase, on remarque qu'il fait déjà référence à l'ontologie (qui est l'étude de l'Être en tant qu'Etre, c'est-à-dire l'étude des propriétés générales de ce qui existe) dualiste du corps et de l'esprit de Descartes, qu'il reprendra dans le troisième chapitre après avoir posé le problème de cette question dans le second chapitre.
Dans le second chapitre, Merleau-Ponty explique que le peintre avant toute chose apporte son corps, car l'Esprit sans le corps ne peut pas bien entendu peindre. Ainsi, « l'énigme tient en ceci que mon corps est à la fois voyant et visible », et c'est à ce moment là que Merleau-Ponty pose le problème réellement de l'ontologie dualiste de Descartes. Pour l'auteur, le corps peut regarder toutes choses extérieures à lui, tout en se regardant lui-même, et en ayant la possibilité de se toucher également. (...)
[...] Ensuite, Merleau-Ponty se penche sur la couleur, qui selon Cézanne est l'endroit où notre cerveau et l'univers se rejoignent Ainsi, la couleur est l'objectivation inachevable d'un il y a qui délivre la nécessité d'asserter. La couleur n'y est plus un indice phénoménal, c'est une dimension dont la peinture moderne use comme d'une variable indépendante, un degré de liberté versé au registre de l'expression. Mais la profondeur et la couleur ne sont pas une recette du visible. Ce sont les choses qui viennent au peintre, qui les appréhende par la suite. [...]
[...] L'ouvrage L 'Oeil et l'Esprit est un court essai, qui est le dernier écrit achevé de Merleau-Ponty, et qui est rédigé au Tholonet, en Provence (au pied de la montagne Sainte Victoire, qui inspira de nombreuses toiles à Cézanne, qui ne cessa pas de la voir et la revoir différemment). Cet ouvrage développe un thème déjà largement travaillé par l'auteur dans les ouvrages tels que Phénoménologie de la perception, ou encore Le Visible et l'Invisible, à savoir sur la vision comme rapport entre voyant et visible. Il s'intéresse ici plus précisément à la vision du peintre, qu'il considère comme une vision privilégiée du monde, de ce qu'il nomme l'Être actuel. L'auteur va à la rencontre de Descartes et relie le Dioptrique à l'approche phénoménologique. [...]
[...] Ainsi, l'énigme tient en ceci que mon corps est à la fois voyant et visible et c'est à ce moment là que Merleau-Ponty pose le problème réellement de l'ontologie dualiste de Descartes. Pour l'auteur, le corps peut regarder toutes choses extérieures à lui, tout en se regardant lui-même, et en ayant la possibilité de se toucher également. Donc au final, le corps est assimilé à une chose comme n'importe quelle autre, et c'est la vision et la perception des choses qui va être déterminante, et c'est justement avec la peinture qu'on peut avoir un rapport à la vision plus poussé. [...]
[...] Par conséquent, c'est un essai philosophique qui traite de la création artistique, de la peinture en particulier, par la phénoménologie. La phénoménologie est une approche philosophique, qui pour Husserl et Merleau- Ponty, prend pour point de départ l'expérience en tant qu'intuition sensible des phénomènes afin d'essayer d'en extraire les dispositions essentielles des expériences ainsi que l'essence de ce dont on fait l'expérience. Il s'agit donc de la science des phénomènes, c'est-à-dire la science des vécus en opposition aux objets du monde extérieur. [...]
[...] Commentaires Merleau-Ponty fut au cœur d'un des plus grands courants philosophiques du vingtième siècle : la phénoménologie, et surtout il fut celui qui posa les bases d'une nouvelle ontologie capable d'éviter les pièges du dualisme sujet / objet. L'essai de Merleau-Ponty a donc le mérite d'être une analyse ontologique du regard, mais aussi du regard d'un philosophe qui a déjà constitué une œuvre totale sur les idées de la phénoménologie de la perception, et qui pour celui-ci fait table rase du passé. [...]
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