Cet ouvrage issu du DES de son auteur soutenu en 1958, s'articule autour de deux grandes parties. La première, intitulée "Des conditions d'un mouvement ouvrier en Martinique (1870-1882)", brosse un tableau de la société industrielle rurale de cette île. La seconde, "La naissance d'un mouvement ouvrier (1882-1900)", relate les évènements de protestation du prolétariat rural martiniquais face à la précarisation de leur situation à partir de 1882. Ces émeutes, dont certaines furent meurtrières, fait comparer cet épisode martiniquais à la tragédie de Fourmies, selon les mots dans la préface de l'ouvrage de l'historien et homme politique Edouard de Lépine.
I) Des conditions d'un mouvement ouvrier en Martinique (1870-1882)
L'économie de la Martinique était fondée depuis le XVIIIe siècle sur l'exploitation de la canne à sucre. Cette "économie tendant vers la monoculture impliquait [...] la grande propriété et une main d'oeuvre abondante". Comme l'explique l'auteur, celle-ci, issue initialement de "la traite des nègres" se retrouve, à partir de 1848, avec les mêmes droits que les populations de la France métropolitaine. Pour autant, l'abolition de l'esclavage n'impliquait pas de changement sensible dans la prédominance de la monoculture de la canne à sucre. Celle-ci représente 60% de la superficie cultivée durant toute la période pour 80 % de la valeur nette de la production agricole totale.
Le régime de la propriété fait s'opposer 564 "sucreries" qui détiennent les deux tiers du territoire aux 5478 "vivrières" dites aussi "habitations rurales" qui n'occupent qu'un huitième du territoire. Autre caractéristique importante : entre 1868 et 1872 de nombreuses usines sont construites grâce à l'afflux de capitaux venant essentiellement de la métropole par l'intermédiaire du "crédit foncier colonial". Celle-ci accentue le développement de l'agriculture spéculative et empêche toute reconversion possible lorsque le cours du sucre viendra à chuter (...)
[...] Cette grève va avoir plusieurs conséquences. Sur l'autonomie de l'île tout d'abord, à la demande des békés, une loi est votée le 13 avril 1900, enlevant à l'assemblée locale le droit de statuer sur les contributions et taxes [tandis que] le gouverneur Gabrié, accusé de faiblesse, fut rappelé Par ailleurs, les patrons réduisent la surface de terre cultivée afin de faire pression sur les salaires et les ramener au niveau d'avant la grève de 1900. Diplôme d'études supérieures. [...]
[...] L'immigré signe un contrat d'engagement de travail conclu pour une durée de un à sept ans et reçoit un salaire de 12,50 F par mois soit 0,40 F par jour pour un homme. Le propriétaire est tenu de fournir en sus la nourriture soit 0,40 F ainsi que des vêtements. Cependant, ces contreparties ne sont pas toujours respectées et le retour dans le pays d'origine rarement effectif, l'argent manquant. Cela contribue à maintenir dans une précarité proche de l'esclavage une grande partie des travailleurs des usines à sucre. II) La naissance du mouvement ouvrier (1882-1900) C'est dans ce contexte fortement inégalitaire et aux intérêts divergents que va éclore les premières contestations. [...]
[...] Ce sont toujours des travailleurs étrangers au quartier, arrivant en bande, qui propagent ce mouvement de contestation en empêchant les ouvriers de travailler tant dans les usines que dans les champs. D'usines en usines les grévistes propagent la contestation. L'auteur qualifie ce phénomène de grève marchante Il en suit toute la chronologie jusqu'aux incidents du Galion et la fusillade du François Lors de ces contestations, parmi les usiniers qui refusent de plier aux demandes des travailleurs, certains se disent attaqués et font appel à la brigade de gendarmerie. [...]
[...] Il ne remontera pas au delà de 1 F en 1900 alors qu'entre temps, pour permettre de relancer l'économie de l'île après le passage d'un cyclone en 1891, le franc martiniquais est déprécié vis à vis du franc métropolitain. Cette mesure, destinée à favoriser les producteurs, a pour conséquence une baisse du pouvoir d'achat des ouvriers, payés en francs martiniquais, qui voient le renchérissement des produits importés de France. Enfin, pour ce même salaire, il est demandé aux travailleurs des tâches qui atteignent désormais 500 à 700 pieds de cannes soit un doublement de la productivité pour un salaire moindre. En parallèle à ce contexte économique, les tensions politiques entre bourgeoisie de couleur et békés s'aggravent. [...]
[...] Après 1848, la société martiniquaise se partage entre une mince couche de grands propriétaires blancs les békés, détenteurs de l'essentiel des terres et une masse importante de main d'œuvre noire auquel s'ajoutent de plus en plus d'immigrants d'origine essentiellement indienne. Le besoin de main d'œuvre pour l'exploitation de la canne à sucre explique l'importance de la classe ouvrière en campagne. Ces travailleurs se partagent entre créoles et immigrés (Indiens, Africains). D'origine différente, ils n'ont pas le même statut juridique et genre de vie Les créoles préfèrent s'établir dans les bourgs pour y éprouver leur fraîche liberté tandis que les seconds sont casés c'est à dire logés et locataires d'un petit jardin dans l'habitation où ils travaillent. [...]
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