Les Mémoires d'Hadrien ont été publiées en 1951 (1958 pour l'édition chez Plon, 1974 chez Gallimard). Elles se présentent sous la forme de mémoires fictives de l'empereur romain Hadrien (76-138 après Jésus-Christ). Celui-ci, au crépuscule de son existence, sentant sa mort approcher, entreprend de raconter sa vie à son petit-fils adoptif, appelé à lui succéder un jour, le jeune Marc-Aurèle. La longue lettre que le mourant adresse au jeune homme a une triple ambition : faire le bilan de son existence, préparer l'adolescent à l'exercice du pouvoir et se livrer à des réflexions philosophiques sur des sujets aussi profonds et divers que le pouvoir, l'amour, le destin des civilisations ou la morale…
[...] Par ailleurs, les Mémoires d'Hadrien rejoignent sensiblement l'Etrange défaite de Marc Bloch, autre lecture obligatoire, en ce qu'elles explorent deux domaines d'un grand intérêt : la guerre d'une part, avec sa réalité multiforme et ses dimensions intellectuelles et morales, opposant les impératifs de défense des intérêts supérieurs de la patrie (dans le cas romain le terme de nation serait anachronique) et de la civilisation d'un côté, et la tragique absurdité, les désastres et le gâchis qu'est toujours la guerre. D'autre part les deux ouvrages étudient en profondeur le commandement, l'exercice du pouvoir et des responsabilités en général -peut- être en relation avec la formation qui nous est dispensée à Sciences Po en vue de nos futures responsabilités-, devoir de tous les jours et fardeau exigeant de hautes qualités morales et, sans aucun doute, un apprentissage progressif. [...]
[...] Le second chapitre, Varius multiplex multiformis relate ainsi la jeunesse d'Hadrien, de son enfance à son accession au principat. On y suit la formation physique et intellectuelle du jeune homme : son enfance espagnole, son éducation et ses plaisirs plus ou moins outranciers dans la Rome des Césars et ses pérégrinations au service de l'Empire qui le conduiront notamment à Athènes, ville de la culture et du savoir qui conservera toujours une place particulière dans son cœur. Il décrit également sa vie d'officier en campagne, sur le Danube. [...]
[...] La mort de Lucius lui impose finalement de tout recommencer, et Hadrien porte donc son choix sur Antonin et Marc-Aurèle. Le sixième et dernier chapitre, Patientia voit le crépuscule d'Hadrien, qui se met en quelque sorte en règle avec sa conscience, se livre à de dernières réflexions sur la mort, sur l'avenir de l'Empire et sur la pérennité de son héritage. III. Opinion personnelle La lecture des Mémoires d'Hadrien a été aussi agréable qu'enrichissante : agréable du fait du style de Marguerite Yourcenar, à la fois élégant, très émouvant et facile d'accès -tout en conservant sa pureté de langage-, et enrichissant de par l'extraordinaire richesse historique et morale de l'ouvrage, tout fictif et apocryphe qu'il puisse être. [...]
[...] Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar I. L'auteur Marguerite Yourcenar, de son vrai nom Marguerite Crayencour, est une femme- écrivain française née en 1913 à Bruxelles, de parents franco-belges. Ayant grandi en France, elle voyagera par la suite beaucoup à l'étranger : en Suisse, en Europe méridionale puis aux Etats-Unis où elle enseignera la littérature française et l'histoire de l'art à partir de 1939 et où elle est finalement décédée en 1987. Son œuvre est très diverse, puisqu'on lui doit plusieurs romans (comme Alexis ou le Traité du Vain Combat en 1929 ou Denier du Rêve en 1959), des poèmes, nouvelles, essais et pièces de théâtre. [...]
[...] Le troisième chapitre, intitulé Tellus stabilita décrit ses débuts en tant qu'homme d'Etat, à la tête de l'Empire. Hadrien y décrit là encore les sacrifices -consentis de plus ou moins mauvais gré- imposés par l'exercice du pouvoir, au travers du règlement des rébellions égyptienne et judaïque, l'élimination de ses rivaux directs lors de son accession au trône Hadrien fait ses premiers pas de dirigeants, avec sagesse et modestie : il refuse les honneurs et les titres, mène une vie publique au-dessus de tout reproche Il présente à cette occasion une partie de son œuvre politique, tournée vers la défense des intérêts de Rome et l'amélioration de la condition de ses sujets Conquérant, il se fait aussi constructeur : fortifications, système d'adduction d'eau et villes nouvelles témoignent de son zèle d'architecte de l'Empire Le quatrième chapitre, Saeculum aureum traite également de l'œuvre de l'homme-empereur -législation, pacification des frontières du nord et de l'est, embellissement de Rome- et de ses voyages à travers l'Empire, qui le mènent de Syrie en Afrique via la Grèce, mais est largement consacré au grand amour de l'homme privé, à savoir Antinoüs, qu'Hadrien rencontre en Bithynie et qui restera son amant et son favori jusqu'à sa mort tragique au bord du Nil. [...]
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