Publié en mai 1957 chez Buchet/Chastel, cet essai est comme l'indique le titre constitué de deux parties, étroitement reliées, car il s'agit des deux faces d'une même réalité. À partir d'une expérience très personnelle des colonisateurs et des colonisés, Memmi montre que les deux groupes vivent dans une perpétuelle interdépendance due au système colonial. Ils ne peuvent donc se définir que les uns par rapport aux autres. L'analyse psychologique de Memmi insiste sur le façonnage d'un caractère par le milieu naturel et social, décrivant le processus avec minutie et objectivité. L'essai est préfacé par Jean-Paul Sartre.
Le portrait du colonisateur selon Memmi est le suivant. Tout colonisateur, même celui qui ne vit pas dans l'aisance ou de l'exploitation des peuples sous tutelle coloniale, ne peut être qu'un privilégié par rapport aux indigènes. Même le « petit Blanc » et le colon « de bonne volonté » seront de ce fait toujours des « usurpateurs » aux yeux des autochtones, puisque leurs privilèges ne sont pas légitimes, ce que le colon n'ignore d'ailleurs pas. Il en développe de la mauvaise conscience, qui atteint son paroxysme chez l'homme de gauche. Déchiré par ses contradictions, ce dernier ne sait comment se situer face au système colonial, il est mal à l'aise par rapport aux revendications nationalistes des colonisés, et il sait pertinemment qu'il n'aura pas sa place dans le nouveau pays après l'indépendance. (...)
[...] Le portrait du colonisateur selon Memmi est le suivant. Tout colonisateur, même celui qui ne vit pas dans l'aisance ou de l'exploitation des peuples sous tutelle coloniale, ne peut être qu'un privilégié par rapport aux indigènes. Même le petit Blanc et le colon de bonne volonté seront de ce fait toujours des usurpateurs aux yeux des autochtones, puisque leurs privilèges ne sont pas légitimes, ce que le colon n'ignore d'ailleurs pas. Il en développe de la mauvaise conscience, qui atteint son paroxysme chez l'homme de gauche. [...]
[...] Tout programme d'émancipation généralisé apparaît ainsi illusoire, et Memmi plaide au contraire pour une réadaptation continuelle consistant à s'ouvrir au monde pour mieux revenir à soi. On est en quelque sorte poursuivi par cette identité qu'on voudrait fuir. L'écriture est donc la recherche d'une solution à ce problème identitaire, d'une issue dans les ténèbres, sans oublier que la quête identitaire est en définitive un leurre. D'où le titre du roman, qui fait référence au regard interdit jeté par la femme de Loth sur Sodome et Gomorrhe en flammes, métaphore du regard que porte sur lui- même l'homme perdu qui se cherche, et qui finit par mourir de s'être retourné sur lui-même. [...]
[...] Gallimard, Paris * La Dépendance, esquisse pour un portrait du dépendant, éd. Gallimard, Paris * Le Mirliton du ciel, éd. Lahabé, Paris * Ce que je crois, éd. Fasquelle, Paris * Le Pharaon, éd. Julliard, Paris * L'Exercice du bonheur, éd. Arléa, Paris * Le Buveur et l'amoureux - le prix de la dépendance, éd. Arléa, Paris * Dictionnaire critique à l'usage des incrédules, éd. du Félin, Paris - Ouvrages sur Memmi * Guy Dugas, Albert Memmi, écrivain de la déchirure, éd. [...]
[...] Portrait du colonisé, précédé du portrait du colonisateur (1957) L'auteur L'auteur de cet essai est Albert Memmi, né le 15 décembre 1920. Cet essayiste et romancier naît en Tunisie, alors sous protectorat français. Son père, François Memmi, est un artisan bourrelier, juif d'origine italienne, sa mère, Marguerite Sarfati, est une juive berbère. A la maison, on parle arabe, et le jeune Albert Memmi suit les cours de l'école française au lycée Carnot de Tunis, où il est élève de Jean Amrouche, puis à l'Université d'Alger, où il étudie la philosophie. [...]
[...] Mais l'œuvre la plus connue de Memmi est un essai préfacé par Jean-Paul Sartre, publié sous le titre Portrait du colonisé, précédé du portrait du colonisateur en 1957. A l'époque, il apparaît comme un soutien aux mouvements indépendantistes, par sa critique du système colonialiste. L'essai montre comment la relation entre colonisateur et colonisé les conditionne l'un et l'autre. Memmi est aussi l'auteur d'une Anthologie des littératures maghrébines publiée entre 1965 et 1969. Titulaire du prix de Carthage (Tunis, 1953), du prix Fénéon (Paris, 1954) et du prix Simba (Rome), Albert Memmi finit par devenir un grand écrivain de langue française. [...]
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