«Comment les blancs sont d'anciens noirs», cette formulation mystérieuse de Blaise Cendrars, qui donna lieu à une de ses œuvres, nous amène à réfléchir sur cette vision occidentale, poétique mais aussi rêvée du continent lointain et exotique. Ce qui est intéressant ici c'est le regard porté sur l'ailleurs, un ailleurs qui est aussi un ailleurs temporel ou le « continent noir » habite son âme en tant qu'origine; il y a donc une forme de retour, du moins de renouvellement. Dans « Mee too buggi », poème des dix-neuf poèmes élastiques,l'auteur ne porte pas seulement un regard étranger sur le lointain, il réalise un projet beaucoup plus esthétique.
Il y a ici une véritable remise en question d'une forme poétique à recréer avec d'autres représentations, un langage différent, une esthétique moderne.
[...] C'est cet exotisme fantasmé ( puisque Cendrars ne s'était pas encore rendu sur le continent noir qui caractérise le plus ce poème. On a l'évocation d'un ailleurs, avec des mots comme fango-fango bolotoo ou encore papalangi ou mee low folla la seule sonorité étrangère et mystérieuse de ces mots leur donne une puissance d'évocation très forte. On ne connaît pas le sens, ni la forme de Mariwagi mais sa sonorité et sa structure même rappellent une origine lointaine et par conséquent curieuse. [...]
[...] On est réellement dans un jeu littéraire, ou le collage des vers, n'ayant parfois pas de lien logiques pas de mesures identiques comme le dit le poète rimes et mesures dépourvues produit un effet esthétique nouveau. On visualise en effet un carnet de souvenirs de voyages superposés les uns avec les autres, illustrés d'images. Cendrars, on dans l'ABC du cinéma dira d'ailleurs cent mondes, mille mouvements, un million de drames entrant simultanément dans le champ de cet œil dont le cinéma a doté l'homme. Et cet oeil est plus merveilleux, bien qu'arbitraire, que l'œil à facettes de la mouche. Le cerveau en est bouleversé. [...]
[...] Cendrars se fait alors très primitiviste avec sa recherche dans l'art d'Océanie d'une inspiration nouvelle, d'une esthétique d'un art non-occidental. Cet art nouveau est ici très visible dans la remise en question d'une poésie que l'auteur veut renouveler. La seule vue générale du poème constitue à elle seule une provocation : pas de vers de longueurs égales une relation des contrées lointaines/Bolotoo pas de mesures, pas de rimes et pas de ponctuation non plus. On peut alors lire le poème librement, avec l'intonation qu'on souhaite adopter, la vitesse désirée et cætera . [...]
[...] En tout cas, l'auteur de reconnait pas l'étrangeté de ces mots ce qui est ici très provocant. On revient à cette idée que l'élasticité du texte remet en question la forme traditionnelle de la poésie. Tout est démonté renversé Il semble que l'auteur cherche à indiquer au lecteur des indices de cette refondation de la poésie avec des phrases très symboliques telles que les maisons sont renversées par d'énormes oiseaux ou le poète est celui qui renverse l'édifice esthétique d'un art poétique révolu. [...]
[...] Remue-ménage- d'images. Certes, l'effet cinématographique est ici évident et on remarque aussi cette expression remue-ménage-d'images »tout à fait propre à notre poème. Cette esthétique du collage développe l'imagination, invite au voyage du manière tout autre que cette de Baudelaire par exemple. En recherchant les origines de certains mots exotiques, la musicalité et la puissance évocatrice du poème est augmentée, mais pas seulement . En réalité on peut dans un premier temps ne pas saisir le sens du poème ou les références faites aux voyages, au traditions évoqués par Cendrars. [...]
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