Ce document est le commentaire du poème "Medium Anonyme", de Jean Tardieu (ce poème fait partie du recueil "Le Fleuve caché"). Il comporte quatre parties : la première aborde la notion de medium, la seconde traite de l'idée d'anonymat, la troisième étudie l'angoisse que ressent le personnage du fait de son statut de medium anonyme, et la dernière montre que ce texte est une métaphore de la conception qu'a Tardieu du rôle du poète.
[...] L'emploi du nom hôte (v. 17) confirme cette idée d'accueil, puisque ce mot peut désigner à la fois celui qui reçoit et celui qui est reçu. L'expression parle un langage inconnu (v.13) rejoint la notion de présence étrangère, puisque ce sont les étrangers qui emploient une langue incompréhensible pour nous. L'adjectif inconnu suggère que l'envahisseur vient de plus loin encore qu'un pays étranger : l'absence de complément laisse penser qu'il est inconnu de tous. Le personnage qui s'exprime ici est donc possédé par une entité étrangère dont on ignore la nature précise. [...]
[...] C'est ce cri que nul n'entend (v.19). Mais l'expression que nul n'entend prouve que ses efforts sont vains. Ce poème est donc également l'expression d'un désespoir lié à l'incapacité de communiquer un savoir, elle-même due à un manque de volonté de la part du poète ; et du remords causé par cette absence de transmission. Ce combat intérieur entre l'absence de volonté du poète et le remords qui le ronge entraîne une réflexion de Tardieu sur son rôle en tant que poète. [...]
[...] L'emploi de ces deux mots est révélateur d'une fermeture au monde extérieur. Ce repli est volontaire, comme en témoigne le verbe fait marque d'une simulation, placé juste avant chacun de ces mots, dans les expressions : fait l'aveugle et fait le sourd Il est dû à un désintérêt, un éloignement de la personne qui s'exprime vis à vis de l'extérieur. Les négations n'a rien vu (v.1) et n'était pas là (v.2) le montrent : le fait de ne pas voir peut être dû soit à une trop grande distance, soit à l'indifférence vis à vis de l'extérieur; la seconde expression, quant à elle, dénote l'absence. [...]
[...] L'angoisse est également créée par la présence d'un long couteau (v.20) : le danger représenté par le couteau est accru par le fait qu'il soit long La peur ressentie par le poète se manifeste par un rythme accéléré, surtout dans la dernière strophe, avec l'accumulation : les charrois les ans les astres/les morts amoncelés l'eau des citernes/le train fou des énormes silences (v.22-23-24), où le grand nombre de pluriels donne l'impression que tous ces objets s'abattent sur le poète. L'expression les morts amoncelés suggère une hécatombe par l'emploi du pluriel et de l'adjectif amoncelés qui renvoie à une disposition en tas. La ponctuation expressive comprenant deux interrogations et trois exclamations très proches les unes des autres contribue également à créer un sentiment de panique. Notre texte est donc empreint d'une grande angoisse. Le personnage qui s'y exprime est un homme qui souffre et qui a peur. [...]
[...] Médium Anonyme, de Jean Tardieu Commentaire de texte Extrait du recueil Le fleuve caché, le poème que nous allons étudier s'intitule Médium anonyme Les textes de ce recueil sont répartis en six sections. Notre poème fait partie de l'avant dernière : Une voix sans personne composée entre 1951 et 1953. Jean Tardieu, son auteur, naquit en 1903 dans le Jura d'un père peintre et d'une mère musicienne. Après une enfance heureuse, il fut victime à dix- sept ans d'une crise qu'il qualifia de névrotique et qui lui laissa une inexplicable angoisse métaphysique, part d'ombre qu'il prendra plaisir à interroger. [...]
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