Médée est un personnage mythologique devenu mythique. Déjà dans le monde antique, Médée est reprise d'Euripide par Sénèque, qui en fait une tragédie devenue célèbre.
R. Girard affirme que « La tragédie est l'équilibre d'une balance qui n'est pas celle de la Justice mais de la violence. » Peut-on soutenir que dans Médée de Sénèque, qui est une référence du genre tragique, la violence constitue la tragédie sans être modérée par l'idée de Justice ?
Nous montrerons d'abord que Médée est en effet une pièce extrêmement violente, ensuite que le personnage de Médée est absolu et fait figure à la fois de violence et de Justice, et enfin que la notion de Justice n'est pas absente de l'œuvre de Sénèque et qu'elle peut être apportée par le public de Médée.
Sénèque est considéré comme l'un des auteurs les plus violents du monde antique. Il n'hésitait pas à représenter sur scène des meurtres sanglants et barbares. La violence de Médée est si célèbre qu'elle a fait de ce personnage un mythe, dont le nom est encore évocateur aujourd'hui. Il existe de nombreuses versions de Médée, Sénèque s'étant lui-même inspiré d'Euripide. Pourtant, la violence de la pièce est restée toujours intacte. Aristote affirmait que la tragédie doit puiser dans la mythologie ou l'Histoire son noyau et se construire ensuite autour de ce noyau. Nul doute qu'en ce qui concerne le mythe de Médée, le noyau est l'infanticide impitoyable. Sénèque, dans sa tragédie, nous donne à voir une Médée terrible, qui va progressivement basculer dans l'inhumanité. En effet, l'inhumanité est la seule échappatoire à la violence insoutenable des idées et des actes de Médée. Sa violence de femme détruite, exacerbée, va la conduire à se séparer du monde. Cette violence, le monde antique ne la supporte pas et décide de ne pas l'imputer à un personnage digne de raison et maître de ses actes ; en d'autres thermes, à un personnage humain. C'est au nom de ce procédé que Médée va passer successivement de l'état du dolor à celui du furor pour finir par accomplir le néfas, le fameux infanticide. Ces trois éléments sont ceux qui conduisent à la violence suprême, ils sont un engrenage mathématique qui amène au crime le plus amoral.
[...] sont suivis trois lignes plus bas par les vers qui vont clore l'éternel dialogue paradoxal de Médée : Pauvre de moi ? / Le remord ne change rien / Je l'ai fait / Une jouissance s'empare de moi Pour ainsi dire la boucle est bouclée, Médée renaît ; elle jouit d'avoir détruit sa progéniture. La pièce est close par l'envolée de Médée, symbole manifeste de son départ de la classe des hommes, des êtres mortels. Cette déshumanisation est le comble de la violence. [...]
[...] En effet, il n'y a pas, comme dans une tragédie cornélienne, de fameux dilemmes entre amour et politique. Médée n'est opposée qu'à l'ordre du moral, qu'elle n'a pas peur de transgresser et qu'elle est la seule à représenter. Elle est le personnage de la violence qui ne connaît aucun obstacle, puisqu'elle est sous l'emprise du furor et s'élève finalement au rang de furieuse divine. Créon, par exemple, représente l'autorité à ne pas bafouer ; il est le roi, le seigneur, la loi. [...]
[...] Pourtant, la violence de la pièce est restée toujours intacte. Aristote affirmait que la tragédie doit puiser dans la mythologie ou l'Histoire son noyau et se construire ensuite autour de ce noyau. Nul doute qu'en ce qui concerne le mythe de Médée, le noyau est l'infanticide impitoyable. Sénèque, dans sa tragédie, nous donne à voir une Médée terrible, qui va progressivement basculer dans l'inhumanité. En effet, l'inhumanité est la seule échappatoire à la violence insoutenable des idées et des actes de Médée. [...]
[...] Elle est un équilibre de deux sentiments, ceux de la violence et de la justice, une opposition entre un mythe et l'humanité. [...]
[...] Elle est la victime de Créüse qui lui vole un mari. Elle est la victime des Dieux, qui refusent d'entendre ces appels. Ce sont tous ces échecs et ces refus successifs qui nourrissent en Médée une flamme vengeresse incontrôlable. Il n'y a certes pas de Justice légitime dans les actes de Médée, mais l'on peut affirmer que les châtiments qui lui sont infligés sont eux aussi injustes. Médée prend le parti de se faire justice elle-même. Elle est une justicière et c'est ici que se construit l'étonnant paradoxe de Médée qui est à la fois justice et violence. [...]
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