Philippe Charlier est un médecin légiste, anatomo-pathologiste et paléoanthropologue ayant mené parallèlement des cursus de médecine légale et lettres. Ses travaux sur des sujets médiatiques tels que les reliques de Jeanne d'Arc ou les corps des rois de France ont contribué à sa renommée au-delà du monde scientifique. Médecin des morts, publié en 2006, est son premier ouvrage destiné au grand public, suivi des Monstres dans l'antiquité en 2008.
Nous aborderons quelques thèmes récurrents dans ce livre avant de nous intéresser plus particulièrement aux indices qu'apportent l'étude des restes osseux sur les modes de vie, avec pour exemple des squelettes de l'antiquité gréco-romaine (...)
[...] Chaque changement important dans le mode de vie des populations a eu des répercutions sur la prévalence des maladies. Ainsi l'élevage qui a instauré un contact étroit entre les humains et les bêtes serait à l'origine de la transmission de la tuberculose, de la lèpre et de plusieurs parasites chez l'Homme. L'urbanisation a aussi influé sur la fréquence et la répartition des maladies, elle a donc eu de grandes conséquences sur les pathologies du pourtour méditerranéen dès l'antiquité. Mais la paléopathologie révèle aussi les progrès sanitaires qui ont été fait, par exemple en Grèce du VIIIe au VIIe siècle avant J.-C. [...]
[...] Cependant la tuberculose est osseuse, et donc visible sur le squelette, dans moins de des cas. Les parasites étaient également nombreux. Leur présence a notamment été indirectement révélée à Herculanum où 22% des sujets présentaient une dépression dans le crâne. Celle-ci indique un grattage chronique à causes d'ectoparasites, et donc une mauvaise hygiène. L'analyse de squelettes a aussi mis en évidence des taux anormalement élevés en métaux lourds à cause du mode de transport et de stockage de la nourriture, mais aussi du port de bijoux mal raffinés. [...]
[...] Il émet en revanche plus de doutes sur la détermination du sexe, par exemple le crâne ne lui permet que de donner une tendance possible Nous allons maintenant nous intéresser aux informations que peuvent apporter l'étude des squelettes sur les modes de vie, à travers l'exemple du chapitre Bilan sanitaire de l'antiquité gréco-romaine Des cas d'arthrose sur des enfants, notamment à Herculanum sur des jeunes de 4 à 6 ans, indiquent un travail précoce, surement dans cette région dans des mines de roche volcanique. Cette maladie est également très rependue chez les jeunes adultes où elle traduit un stress physique et des conditions de travail difficiles. De nombreuses inflammations articulaires et musculo-tendineuses liées aux pratiques professionnelles et sportives ont également été retrouvées, comme des exostoses auriculaires chez des pêcheurs d'éponge ou le syndrome du cavalier, aussi présent chez les tonneliers et les tanneurs. La différence entre les enthésopathies selon le sexe indique une spécialisation des tâches. [...]
[...] Cependant cela peut aussi avoir ses limites, comme lorsque plusieurs maladies bien différentes (paludisme, typhus, dengue, typhoïde) sont regroupées sous le terme de peste Inversement la science permet aussi d'expliquer les textes : la légende des vampires est due à plusieurs symptômes pathologiques et le cas des entrailles de Jeanne d'Arc non brûlées s'explique pas leur humidité, un phénomène connu en médecine légale. La grande variété des cas présentés permet de replacer en partie les pathologies dans leur cadre spatial, temporel et culturel, c'est-à-dire de présumer de leur pathocénose. Par exemple le paludisme était très présent dans l'antiquité gréco-romaine, notamment en Grèce classique et hellénistique lorsque les combats ont engendré l'abandon du drainage des marais, des déplacements de population, et que les égouts ne suffisaient pas à la surpopulation. On retrouve aussi le paludisme en Egypte et certainement dans toute l'Europe. [...]
[...] Les soldats et les esclaves dans l'antiquité bénéficiaient également de soins particuliers. On peut signaler que la paléopathologie est plus ou moins applicable selon les régions, comme en Asie centrale où elle est relativement rare car les restes humains sont peu accessibles et les rites d'incinération avec dispersion des cendres sont prépondérants. Pour beaucoup de cas étudiés l'estimation de l'âge au décès de l'individu est essentielle. Mais on peut émettre une réserve sur certaines déterminations effectuées par Philippe Charlier lui-même. [...]
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