Nous sommes ici en présence d'un poème en prose, intitulé la Chambre Double, écrit par Charles Baudelaire. Il est issu de l'ouvrage de Petits poèmes en prose, composé des cinquante pièces qui le composent ont été rédigées entre 1855 (« Le crépuscule du soir ») et 1864. Après les Fleurs du mal, le recueil des Petits poèmes en prose - ou Le Spleen de Paris -, dont l'ensemble ne connut qu'une publication posthume, représente la dernière tentative de Baudelaire pour accéder à une écriture libre et poétique, pour parvenir à son rêve esthétique, la rencontre magique de l'insolite et du quotidien.
Sous la forme d'un récit illustrant une réflexion sur une caractéristique de la nature humaine : la contemplation peut conduire à des actes de violence
[...] Le mauvais vitrier n'est-il pas le mauvais poète incapable d'apporter les couleurs qui font voir la vie en beau ? Peut-être peut-on lire cette scène comme le rejet d'une certaine esthétique, celle des Fleurs du Mal, marquée par le vers et la quête d'harmonie, au profit d'une autre, celle de l'éclat, du fragment, du palais de cristal crevé par la foudre celle du choc et de la rencontre violente. Conclusion Dans ce texte, Baudelaire multiplie les paris de lecture : il sait qu'il provoquera l'indignation du lecteur. [...]
[...] Ce crescendo dans le sadisme est d'autant plus choquant que le vitrier est présenté avec un pathétique discret mais efficace : ce pauvre homme doit protéger sa fragile marchandise sa pauvre fortune ambulatoire Il évoque discrètement la figure du christ, sans son ascension difficile, crucifié par les vitres qu'il transporte. Une telle conduite est manifestement dictée par l'esprit du mal : les Démons malicieux ne sont d'abord évoqués qu'à titre d'hypothèse. Mais s'il est ivre de folie le narrateur rejette l'explication médicale : son désir n'est pas hystérique mais satanique Il est certes victime de ces crises, mais elles le transforment en bourreau. Et la question rhétorique finale Qu'importe ? [...]
[...] Le brouillage du sens Ce texte n'est pas dénué d'humour : Baudelaire joue avec le lecteur. En fait, le narrateur tient toutes les ficelles et trouble les codes : présenté de façon pathétique, le vitrier n'est en fait qu'une figure vide, celle de l'homme l'homme devait éprouver enfin il parut quand l'homme reparut et il ne trahit aucune émotion- excepté un grognement. L'attitude du narrateur est décrite sur un ton héroï-comique : lui qui a besoin de vitres de couleur pour voir la vie en beau il ouvre la fenêtre, hélas ;il se sent poussé ( ) à faire quelque chose de grand, une action d'éclat et le petit pot de fleurs devient entre ses mains un engin de guerre action d'éclat : ce sera le bruit éclatant d'un palais de cristal crevé par la foudre Les sonorités en et qui rappellent le cri perçant, discordant du vitrier, mais aussi le cri du poète : je lui criai de monter je lui criai furieusement Or ce petit pot de fleurs »méchamment lancé pourrait être assimilé aux Fleurs du Mal ? [...]
[...] Le mauvais vitrier Charles Baudelier Introduction Nous sommes ici en présence d'un poème en prose, intitulé la Chambre Double, écrit par Charles Baudelaire. Il est issu de l'ouvrage de Petits poèmes en prose, composé des cinquante pièces qui le composent ont été rédigées entre 1855 Le crépuscule du soir et 1864. Après les Fleurs du mal, le recueil des Petits poèmes en prose - ou Le Spleen de Paris dont l'ensemble ne connut qu'une publication posthume, représente la dernière tentative de Baudelaire pour accéder à une écriture libre et poétique, pour parvenir à son rêve esthétique, la rencontre magique de l'insolite et du quotidien. [...]
[...] Sa haine pour l'homme s ‘explique par son amour de l'art : le vitrier est inscrit dans la vie économique et sociale (il vend des vitres) ; il appartient à l'univers de la ville (son cri monte à travers la lourde et sale atmosphère parisienne il peut se rappeler, courbé sous le poids des vitres, les porteurs de Chimères dont le poète se sent si lointain. Le vitrier peut donc incarner tout ce qui s'oppose à l'activité poétique. En cela, on peut le considérer comme une projection du poète, mécontent de lui-même. Néanmoins, le texte crée un malaise, qui naît peut-être du décalage entre les explications possibles d'une telle attitude (soit des pulsions irrationnelles, soit l'amour de l'art) et le ton sur lequel sont données, marqué par la neutralité, la maîtrise, l'indifférence. [...]
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