Il s'agit d'une fin de nouvelle dramatique ancrée dans une matrice intimiste où l'auteur, Natalia Ginzburg, met le personnage focal (la narratrice) dans une situation de témoin, mais aussi de victime, d'un triple drame cristallisé séparément et successivement à un moment commun (une nuit entière) et en des lieux intimes différents (chez la famille de Mariuccia et chez l'héroïne). La fin de cette fin de nouvelle est marquée par une clausule (« Il n'y avait dans le monde aucun endroit où j'eusse envie d'aller ».) sous-tendue par l'idée d'indécision, de relaxe, de halte dans la vie immédiate, d'une sorte d'évanouissement moral, bref, d'un plongeon profond dans l'intimité (vers « le centre des cercles concentriques » comme cité dans les cours de ce module).
Comment, dans cette fin de nouvelle, Natalia Ginzburg sacralise le lien conjugal – pourtant frileux, voire conflictuel -, et tisse sa continuité même posthume à travers le comportement masochiste de l'héroïne-narratrice ?
[...] Mariuccia [gisante] occupe peu de place dans la scène, encore moins l'enfant. Cette deuxième mort joue sur deux liens importants, celui rompu par le départ de Maruccia et celui qui allait se resserrer (avec l'espoir de la narratrice- héroïne) dans le couple en conflit. C'est un drame, mais c'est aussi une concentricité sur l'intimité conjugale. La scène se termine par la disparition du petit Chinois. Une disparition de quelques traces du conflit, confirmée par le comportement de relaxe de l'héroïne que mentionnera le texte par la suite. [...]
[...] La dernière scène est séparée de l'avant-dernière par cette phrase : Deux jours plus tard, j'accompagnais mon mari au cimetière. Plusieurs éléments nous font arrêter sur cette phrase, aussi longtemps que son ton le permet. D'abord la temporalité : l'indicatif imparfait qui a l'air de prolonger dans la durée l'acte de l'accompagnement. Un accompagnement posthume déjà, qui dessine le prolongement du couple après la mort, un couple pourtant déchiré. Ensuite, l'occurrence de mon mari qui marque cette fidélité jusqu'au- boutiste. [...]
[...] Avec cette scène, Natalia Ginzburg pousse son personnage focal sur une autre intimité, celle de son mari et de sa maîtresse (la maison, le lit, la chambre dans un cercle familial tangent à celui de l'héroïne. Le lecteur sera certainement pris par un suspens d'abord sur une rencontre improvisée des deux femmes et sur le comportement de l'héroïne chez les autres siens. Dans cette scène encore, le lien conjugal est là, présent à travers l'occurrence de mon mari si mon mari tarde encore, il faut appeler un autre médecin Un attachement à son mari en public, pas d'intimité, ou du moins, une voie sur la publicité de l'intimité. [...]
[...] Mon mari de Natalia Ginzburg: comment la narration met-elle en valeur le caractère durable (par-delà la mort) d'un lien pourtant négatif ? Analyse linéaire On peut avoir envie de travailler sur le lien conjugal, comme y invitent le titre et l'exergue. Pour ceux qui ne sont pas latinistes, en voici la traduction : que le mari donne à sa femme ce qui lui revient (mot à mot sa dette son dû et que la femme agisse de la même manière aussi envers son mari. [...]
[...] Là, la narratrice-héroïne est au centre du drame. Elle n'est plus ce spectateur presque indifférent. Elle est agitée, elle crie à son tour comme l'a fait Mariuccia. Il y a du bruit dans la scène un coup résonna dans le silence de la maison en criant Il me fallut parler, répondre à toutes les questions cette nouvelle composante donne une dimension d'envergure au fait dramatique. L'intimité est alors ouvertement ouverte au public, à tout public (personnages, lecteur La scène se termine par l'éloignement des enfants (déjà éloignés depuis le début, les enfants dormaient comme si tout ce qui se passe ne les concerne ni de près ni de loin ) du lieu du drame. [...]
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