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Sud de l'Indochine, 1931. Suzanne, dix-sept ans, vit avec sa mère et son frère Joseph, vingt ans, dans un bungalow construit au milieu de leur concession, dans la plaine du Ram, proche du hameau de Banté. La mère, veuve, a économisé quinze ans de travail pour se payer ce bien, mais flouée par l'administration et ses agents, elle n'a obtenu qu'une parcelle de cents hectares (six ans plus tôt) inondée inlassablement chaque année par la mer de Chine, la rendant impropre aux cultures. Elle tente, deux ans avant la narration, de construire des barrages, avec l'aide de tous les villageois des environs. Ils sont quelques mois plus tard emportés par "le Pacifique" (la mère, ne pouvant se résoudre à être vaincue et ruinée par cette simple mer de Chine, lui préfère l'appellation de Pacifique). La narration se situe dans les derniers mois de vie sur la concession.
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Chaque personnage, ou groupe de personnage, est représentatif d'une situation de vie dans cette région indochinoise.
- Suzanne et les siens : des "petits Blancs", fauchés, survivant tant bien que mal sur de mauvaises terres. Leur peu de biens est à l'image de leur situation : miteux (la B-12, le bungalow, le premier phono). Cette ruine a rendu malade la mère, et ses enfants ne pensent qu'à fuir. Mais elle regorge d'idée pour se renflouer, comme reconstruire des barrages, ou marier sa fille à un riche.
- M. Jo : fils unique d'un riche spéculateur "dont la fortune était un modèle de fortune coloniale" (spéculation sur les terrains limitrophes des villes, or celles-ci s'agrandissaient très rapidement, puis il fit construire sur ces mêmes terrains des "compartiments pour indigènes", maisons très bon marché ; puis plantation de caoutchouc qu'il rachetait à bas prix et revendait). M. Jo est sans grande envergure ni imagination, ne suscitant aucun intérêt pour lui-même. Sa naïveté l'empêche de se rendre compte que Suzanne ne s'intéresse qu'à ce que sa fortune peut lui apporter (...)
[...] Ses parents, comme la mère, ont été floués par les agents du cadastre, et vivent un peu plus loin dans la plaine. Mais leur situation est plus douce, car ils ont rentabilisé les terres hautes en cultivant du poivre et des ananas (mais cet argent est vite dilapidé par le père, opiomane). Jean, lui, se fait de l'argent grâce à la contrebande de pernod et d'opium, et espère en réunir assez pour quitter la plaine à jamais. Il est très intéressé par Suzanne, mais ne peut la retenir de sa fuite. [...]
[...] Cette ruine a profondément marqué l'auteur, comme le laisse transparaître ce roman. III) Synopsis : Sud de l'Indochine Suzanne, dix-sept ans, vit avec sa mère et son frère Joseph, vingt ans, dans un bungalow construit au milieu de leur concession, dans la plaine du Ram, proche du hameau de Banté. La mère, veuve, a économisé quinze ans de travail pour se payer ce bien, mais flouée par l'administration et ses agents, elle n'a obtenu qu'une parcelle de cents hectares (six ans plus tôt) inondée inlassablement chaque année par la mer de Chine, la rendant impropre aux cultures. [...]
[...] Leur situation sanitaire est des plus mauvaises, ne pouvant se soigner contre le paludisme entre autres, et de fait, leurs enfants meurent en masse. Les autres personnages : quelques autres personnages apparaissent furtivement dans le roman, sans pour autant s'avérer être d'une quelconque importance (Bart, la femme de Joseph Intérêt du roman : Du fait de la déconstruction narrative propre à Marguerite Duras, le roman est d'une grande facilité de lecture. Il est aussi une source pratique et rapide d'exemples, offrant de nombreux exemples de réussites ou échecs coloniaux, avec les différents personnages. [...]
[...] Mais elle regorge d'idée pour se renflouer, comme reconstruire des barrages, ou marier sa fille à un riche. M. Jo : fils unique d'un riche spéculateur dont la fortune était un modèle de fortune coloniale (spéculation sur les terrains limitrophes des villes, or celles-ci s'agrandissaient très rapidement, puis il fit construire sur ces mêmes terrains des compartiments pour indigènes maisons très bon marché ; puis plantation de caoutchouc qu'il rachetait à bas prix et revendait). M. Jo est sans grande envergure ni imagination, ne suscitant aucun intérêt pour lui-même. [...]
[...] Elle est révélée en 1950 par son premier roman d'inspiration biographique, Un barrage contre le Pacifique. Associée au mouvement du Nouveau Roman, elle est particulièrement connue pour son style propre de déstructuration de la syntaxe, de la chronologie, et ses thèmes de prédilection (amour, attente, sensualité féminine). Son plus grand succès est l'autofiction l'Amant (1984, Goncourt), réécrit en 1991 après la parution du film éponyme (considérant que ce dernier ne comprenait rien du roman). Elle reste aujourd'hui un des auteurs les plus étudiés, mais aussi les plus traduits. [...]
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