Les réflexions sur l'anthropologie du proche et du monde contemporain, une discipline encore en pleine construction, datent de la fin des années 80, et un nombre important de travaux de terrain ont été publiés depuis sur le sujet. En 1992, l'anthropologue Marc Augé publie Non-Lieux, conçu comme une introduction à une anthropologie de la surmodernité. Voies rapides, échangeurs, aéroports, chaînes hôtelières aux chambres interchangeables, grandes surfaces ou stations-service, camps de transit des réfugiés (...)
[...] Expérience réitérée par la marche comme première pratique de l'espace. L'espace comme pratique des lieux et non du lieu procède d'un double déplacement : du voyageur, bien sûr, mais aussi parallèlement des paysages dont il ne prend jamais que des vues partielles, des images qui s'amalgament dans son esprit. Si cette pratique des lieux s'appelle espace il existe des espaces où l'individu s'éprouve comme un spectateur sans que la nature du spectacle lui importe vraiment. Comme si la position du spectateur constituait l'essentiel du spectacle. [...]
[...] Ce monde promis à l'individualité solitaire, à l'éphémère, au provisoire propose à l'anthropologue qu'il est un objet nouveau qu'il est nécessaire d'analyser. Cependant le non-lieu comme le lieu n'existe jamais totalement, des lieux s'y recomposent, les relations s'y reconstruisent. La distinction entre les lieux et les non-lieux passe par l'opposition du lieu à l'espace. Le lieu tel qu'il le définit est le lieu au sens inscrit et symbolisé, le lieu anthropologique. Ce qui inclut les parcours qui s'y effectuent et le langage qui le caractérise. [...]
[...] L'idée force en serait de voir autrement ce qui nous est familier, c'est-à-dire de recréer une distance par rapport à l'objet au moyen de l'approche. La seconde question a une toute autre portée puisqu'il s'agit du point de savoir si les faits, les institutions, les modes de regroupement, les modes de circulation qui sont spécifiques au monde contemporain sont susceptibles de recevoir un regard anthropologique. Augé attire l'attention sur le fait que les structures et les processus mis au jour par l'anthropologie dans les sociétés exotiques n'étaient pas totalement étrangers à ce qu'on peut observer aujourd'hui à l'échelle de la planète. [...]
[...] Ainsi le lieu qui est commun à l'ethnologue et à ses indigènes a été découvert par ceux qui le revendiquent comme tel. Pour preuve il suffit de s'intéresser aux récits de fondation qui font le plus souvent apparaître des génies du lieu et montrent les premiers habitants comme un groupe en mouvement. Le fantasme des indigènes est celui d'un monde clos fondé initialement et de manière définitive. Tous ses éléments en sont connus et en nombre limité. De sorte que la seule nécessité est de s'y reconnaître. Cependant, pour l'auteur le fantasme du lieu fondé et incessamment refondateur n'est qu'un demi-fantasme. [...]
[...] En effet, nombre de représentants de l'anthropologie se sont toujours réclamés du principe d'altérité comme le lieu fondamental constitutif de l'anthropologie. L'origine du mot se rattache au bas latin alteritas, de la racine alter, c'est-à-dire "autre", et qui fait état de l'usage principalement philosophique du terme, référant au "fait d'être un autre", au "caractère de ce qui est autre". Le concept remonte en fait à HEGEL dans L'Encyclopédie philosophique pour qui l'altérité désignerait "la structure essentielle de toute réalité ou de toute détermination finie". Selon Hegel, Les choses finies ( . [...]
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