C'est en ces termes, et non sans lyrisme, que Jocelyne Godard dresse le portrait de Dhuoda, femme de haute culture et épouse du duc de Septimanie. En quelques lignes, elle met en exergue une personnalité aux multiples facettes : celle d'une femme instruite, auteur du Manuel pour mon fils datant de 843, et qui figure « au premier rang des écrivains de son époque, alors que celle-ci l'avait complètement ignorée ». Au-delà de l'aspect archétypal de la femme de lettre qui trouva compensation dans le bonheur d'écrire, Godard esquisse l'image d'un écrivain dont l'exaltation de la transcendance religieuse se fait l'élément moteur de l'écrit. A la croisée du texte argumentatif, dans sa dimension didactique proche de l'oeuvre d'apprentissage, et de la plainte lyrique, le Manuel pour mon fils, seule oeuvre rédigée par l'auteur, stigmatise les traits d'un personnage complexe, engagé, d'une part, dans sa vie de mère et de femme - dont la séparation d'avec ses enfants la porte aux confins de la souffrance, mais aussi dans la sphère littéraire (...)
[...] Il s'agit plutôt d'un chant, d'amour et de tristesse. Celui d'une déchirure que l'écriture tente non pas de combler mais de dépasser, dans un élan transfiguratif. Ce livre n'est pas seulement pénétré de grâce et de tendresse écrit Bondurand dans son introduction au Manuel, mais par un saisissant contraste, il l'est aussi d'une amertume profonde, d'une de ces douleurs incurables qui brisent l'âme et le corps[13]. Dans la continuité de sa portraitisation de la généalogie dhuodanienne, Marcel Fabre, au sein de l'article précédemment cité, note d'ailleurs que l'intentionnalité performative de l'œuvre à savoir instruire les fils éloignés, poser le Manuel en tant que réceptacle de préceptes de vies restera vaine. [...]
[...] Le Manuel pour mon fils 3. Bibliographie sélective Partagée entre les attirances spirituelles et les événements quotidiens, [Dhuoda] se nourrit de lectures, vit les grand émois de l'écriture et entretient sa passion pour les enluminures des parchemins. Mais elle subit la cruelle déception de ne pouvoir élever ses deux fils, gardés en otages à la cour de Charles le Chauve[1]. C'est en ces termes, et non sans lyrisme, que Jocelyne Godard dresse le portrait de Dhuoda, femme de haute culture et épouse du duc de Septimanie. [...]
[...] La mort approche de moi et la détresse épuise mon corps mon constant état de souffrance, les évènements et l'obstacle de ma faiblesse ont livré mon frêle corps à des périls de toute sorte. Si tes prières, mon fils, me sont nécessaires à présent, elles me le seront bien davantage encore après ma mort dont je sens que l'heure est proche[16]. Pour retrouver trace de Dhuoda après sa mort, il faut sans doute entrer dans l'ère de la légende. Elle reposerait quelque part en terre uzétienne, on ne sait où écrit Marcel Fabre. [...]
[...] Que personne ne pas outre avant d'avoir lu. Je conjure tous les passants de prier et de dire : Dieu bon, donne lui le repos et commande qu'elle participe enfin, avec les saints, à la lumière éternelle : qu'elle reçoive l'amen après sa mort. Marcel Fabre, article cité. Dhuoda, Manuel pour mon fils, op. cit. Dhuoda, Manuel pour mon fils éd. Claude Mondésert et Pierre Riché, Paris, Cerf, coll. Sources Chrétiennes Marcel Fabre, La princesse Dhuoda en exil à Uzès en 840 article cité. [...]
[...] L'itinéraire initial du Manuel, de la mère vers le fils dans le cadre familial, à littéralement explosé au profit d'une valeur généralisante, voir objectivante, faisant de Dhuoda un personnage à part entière, de sa condition féminine à celle de mère, jusqu'à celle d'auteure BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE Ecrits de Dhuoda (principales éditions) : DHUODA, Manuel pour mon fils éd. Edouard Bondurand, Paris, Picard Manuel pour mon fils éd. Edouard Bondurand, Genève, Mégaritios Reprints Manuel pour mon fils éd. Claude Mondésert et Pierre Riché, Paris, Cerf, coll. Sources Chrétiennes Sur Dhuoda : BONDURAND, Edouard, Le Manuel de Dhuoda, Genève, Mégaritios Reprints DEMAZAN, Marie, Etude du Manuel pour mon fils écrit par Dhuoda pour son fils Guillaume [en ligne], 2007-2008, http://dhuoda.canalblog.com/. DURRENS, Janine, Dhuoda duchesse de Septimanie, Paris, Clairsud DRONKE, Peter, Women Writers of the Middle Ages. [...]
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