Résumé
André Malraux transforme en fiction son expérience vécue et son engagement personnel dans la guerre civile espagnole. L'action du roman se situe dans les huit premiers mois de la guerre, du 18 juillet 1936 au 18 mars 1937. Idéologiquement, L'Espoir s'inscrit dans la perspective qui était alors celle du parti communiste: priorité absolue à l'effort de guerre, à la discipline, à l'organisation, avec tous les renoncements que ce choix implique. Cette thèse est toutefois nuancée par plusieurs éléments romanesques, une série d'entretiens, notamment, où les anarchistes s'interrogent sur la valeur d'une victoire obtenue en sacrifiant " l'être " au " faire " (« les communistes veulent faire quelque chose. Vous et les anarchistes, pour des raisons différentes, vous voulez être quelque chose... C'est le drame de toute révolution comme celle-ci », p.255) ou encore certains passages où l'action efficace semble pouvoir s'accomplir dans la plénitude de la fraternité. Sur un autre plan, le roman poursuit la réflexion métaphysique qui fonde toute l'oeuvre de Malraux. Au-delà du fascisme, les personnages affrontent en effet le " destin (« tout tourne au destin »p.442), c'est-à-dire ce qui est " extérieur à l'homme ", et lui donnent " conscience de sa condition » ( « Etrange, le goût des hommes de discuter d'autre chose que des conditions de leur action, au moment même où la vie est suspendue à leur action »p. 251) . L'espoir va donc mener les différents personnages du roman à se construire un anti-destin (...)
[...] silence nocturne, ( . l'étrange silence de la guerre, tremble comme un train qui change de rails (p.416). L'obscurité Il est, dans le roman, souvent question de scènes de combat de nuit ou de paysages ou de villes assombris par les fumés ou tachés de sang. Cela n'est pas sans nous rappeler les adaptations cinématographiques des scènes de guerre, dans lesquelles il est régulièrement question de nuit, de pluie, de froid, pour accentuer le malaise de la guerre et les conditions dans lesquelles vivent les combattants. [...]
[...] Dans un monde indifférent, c'est en effet par la mort que se définit l'homme et qu'il devient lui même. Une des plus célèbres répliques de l'Espoir est prononcée devant le cadavre d'un aviateur: "Magnin pensait à la phrase qu'il venait d'entendre; qu'il avait entendue sous tant de formes en Espagne; c'est seulement une heure après leur mort, que, du masque des hommes, commence à sourdre le vrai visage p. 194). Selon Malraux, la chose capitale de la mort, c'est qu'elle rend irrémédiable ce qui l'a précédée, irrémédiable à jamais Un chant flamenco monta : guttural, intense, il tenait du chant funèbre et du cri désespéré des caravaniers. [...]
[...] Par ailleurs, dans le contexte de la guerre, Malraux diabolise et animalise Franco en le comparant soit à un démon les cathédrales luttaient pour tous avec tous contre le démon - qui d'ailleurs a la gueule de Franco soit à un gorille Franco, naturellement, c'est un gorille »p.596), ce qui montre bien l'état d'esprit anti-fasciste de l'époque. Le courage Le courage des combattants est représenté chez Malraux à travers les conditions des combats. Le courage est une chose qui s'organise, qui vit et qui meurt, qu 'il faut entretenir comme les fusils »(p.203). [...]
[...] C'est donc dans les studios de Joinville que se parachève le tournage du film de Malraux intitulé Sierra de Teruel Sa première présentation se fit au cinéma Le Paris sur les Champs Elysées. Malraux entrevoit une manifestation plus remarquable pour le mois de septembre mais Hitler vient de s'emparer de la Pologne et la guerre mondiale éclate. Le film de Malraux ne réapparaîtra qu'après la Libération en 1945 sous un nouveau titre: Espoir. Il obtiendra d'ailleurs le Prix Louis Delluc. [...]
[...] D'après Malraux, le fou copie l'artiste, et l'artiste ressemble au fou (p. 57). Par ailleurs, il fait référence au cinéma et au théâtre : immeuble brûlait comme au cinéma : de haut en bas (p.447). Trois obus éloignés éclatèrent sourdement, comme les trois coups de théâtre (p.450). La victoire de l'Art passe par les mêmes moyens que la victoire militaire, par le recours aux techniques modernes. Mais elle doit aussi, selon l'utopie républicaine, être le résultat d'une formidable spontanéité: Il y a ici une tapotée de peintres, ça pousse entres les pavés, j'en ai dégoté un la semaine dernière sous les combles de l'Escurial, il dormait. [...]
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