Mai, Guillaume Apollinaire, mai rhénan, lyrisme neuf, évocation des Tziganes
Dans son recueil lyrique novateur intitulé Alcools (1913), le poète G. Apollinaire, encore séduit par le symbolisme affectif et musical de Paul Verlaine, et nourri des souvenirs doux-amers de son séjour en Rhénanie (1901-1902) marqué par sa rencontre malheureuse avec Annie Playden, place au centre de son recueil, un groupement de neuf poèmes allemands composés à l'époque des faits, d'abord intitulées « Vent du Rhin » puis transformées en « Rhénanes ». A la vision fantastique et inquiétante de Nuit rhénane, succède le paysage pittoresque et sentimental du beau mois de Mai allemand, objet de nombreuses chansons et dont l'évocation est cependant chargée du souvenir mélancolique d'un amour perdu.
[...] Deuxième quatrain : évocation de la femme aimée - Le poète continue à se servir du paysage pour transposer symboliquement ses sentiments et ses idées. - Or est une transition entre les 2 quatrains : 1er quatrain = mélancolie du bonheur perdu 2e quatrain = mélancolie de l'amour perdu approfondit et explique le premier quatrain - Or correspond également à une dissonance : mai = couleurs gaies + printemps se figeaient (immobilité symbole de tristesse) o en arrière symbole d'un bonheur qui passe, révolu o pétales ongles pétales paupières : métaphore et comparaison gracieuses et originales dans 3 vers d'une grande simplicité (verbe être) qui assimilent la partie la plus délicate de l'arbre à celle également gracieuse et fragile du corps de la femme. [...]
[...] Le premier quatrain Joie - le mai le joli mai : sorte de refrain entrainant lyrisme d'une chanson familière qui créer un début très guilleret. - le mai le mois devient le personnage principal du poème, valorisé par les 2 accents toniques ; personnification se poursuit avec en barque (jeu homonymique avec embarque en réalité associé au poète-touriste. - Le poème commence sur un rythme rapide un peu irrégulier (césure secondaire après mai = rythme joyeux : gaieté d'un voyage sur le Rhin (le poète prête au mois de mai sa réjouissance enfantine) Mélancolie - barque = élément symbolique, c'est l'image de la vie + le Rhin traduit le temps qui passe. [...]
[...] Conclusion partielle : Le vent et le fleuve sont deux images négatives qui semblent tout emporter dans un poème qui pourtant évoque le printemps. Le poète projette sur le paysage ses fantasmes et ses états d'âme. CONCLUSION : En somme, dans ce poème élégiaque, symboliste et ambigu, Apollinaire évoque la nature rhénane au printemps, dans une suite de tableaux gracieux, pittoresques, parfois dérisoires, comme autant de vues captées, alors qu'il était en barque sur le Rhin. A cette évocation pittoresque mi- gaie mi- mélancolique, il mêle savamment et discrètement le souvenir de son amour malheureux pour Annie Playden, grâce à des métaphores, des comparaisons, des personnifications d'éléments naturels, la mise en place d'éléments symboliques, et l'indétermination poétique, métrique et rythmique, sans toutefois renoncer à la simplicité d'expression et au ton de confidence naïve caractéristiques de le poésie de Verlaine, poète qu'il admire. [...]
[...] DERNIER QUATRAIN - Reprise du refrain. Cependant, la gaieté est atténuée par la présence du temps ruines (symbole de destruction et de la mort) : mis en valeur par diérèse) très romantique ; mélancolie - Au v.15, la représentation de la nature sauvage, florissante, avec les plantes souples, graciles, vivaces : est symbole du corps féminin et du caractère vivace de l'amour que cette femme a inspiré. Cette nature est également le symbole du triomphe de la vie sur la mort. [...]
[...] Apollinaire s'inscrit dans la tradition de Verlaine par sa simplicité. II. QUINTIL : EVOCATION DES TZIGANES = Effet de rupture, incohérence avec la précédente évocation : changement de thème. Sorte de contrepoint au thème majeur. - Points communs : o fleuve mis en valeur par son placement dans le 2nd hémistiche=> thème du paysage rhénan o Il y a toujours un mouvement - Tzigane est un thème neuf de son lyrisme (également dans Saltimbanques p.68, La tzigane p.78, Les cloches p.98) errants, apatrides, marginaux, artistes comme lui : affinités - Rythme très lent : du x2 : lourd lentement Énumération un ours un singe un chien suivaient traînée : incorrection une 13ème syllabe lourdeur, irrégularité au rythme du cheminement pénible ; marche lente et cahotante dans un voyage sans fin, ennuyeux et triste Allitération en t : pénibilité Ces pauvres artistes, montrant des animaux savants sur les places allemandes, cheminant difficilement, représentent une humanité un peu dérisoire et touchante. [...]
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