La princesse de Clèves, publié en 1678 par Madame de La Fayette, se déroule à la fin du règne d'Henri II dont la mort y est d'ailleurs relatée. Cependant les allusions à l'époque contemporaine de l'écrivain ne manquent pas.
L'action principale raconte comment Mlle de Chartes (jeune fille d'une grande beauté) après avoir épousé le Prince de Clèves s'éprend du Duc de Nemours. Ce dernier, grand séducteur au demeurant, ne peut résister à la beauté de Mme de Clèves et c'est le début d'une passion impossible. La princesse résiste à son penchant pour le Duc qui, de son côté, ne perd pas espoir d'être aimé d'elle. Cependant le Prince de Clèves, jaloux et concevant des soupçons, meurt de langueur. Madame de Clèves, se sentant coupable, se retire du monde et meurt peu de temps après. A cette action principale s'ajoute une série d'intrigues à la fois sentimentales et politiques qui illustrent elles aussi le conflit, imposé par la morale, entre le désir et la raison.
La scène étudiée est la scène de première rencontre entre Madame de Clèves et le Duc de Nemours. Elle a lieu à l'occasion du bal donné en l'honneur des fiançailles de la fille d'Henri II. C'est le début d'une passion impossible.
Nous verrons comment dans cette scène de première rencontre où prévaut l'importance du regard, la surprise de l'amour saisit les deux personnages. Pour ce faire, nous pourrons distinguer trois mouvements : la danse, le dialogue et les effets de la rencontre sur le Duc de Nemours.
[...] L'emploi du verbe de perception voir associé à la première rencontre ( quand on ne l'avait jamais vu »)insiste sur la surprise et l'impact qu'elle possède sur les protagonistes. L'utilisation de l'adverbe d'intensité surtout et des démonstratifs ce soir là mettent en relief ce moment précis, particulier : il s'agit ici d'une scène singulative. L'accent est mis sur la beauté physique et le soin de M. de Nemours à l'entretenir. Le verbe parer présuppose l'ornement, un certain raffinement. De même augmentait suppose l'intensité, l'amplification. L'air brillant de M. [...]
[...] Ces deux êtres semblent donc déjà réunis par cette beauté physique exceptionnelle. On remarque qu'ils allient à cette beauté extérieure les marques de la bienséance : révérences marques de son admiration L'admiration est générale et d'ailleurs les deux personnages sont pour cela regardés et donc vus de l'extérieur à travers les yeux de la Cour. La preuve de ceci est le murmure de louanges qui s'élève lorsqu'ils dansent. Le verbe pronominal se souvinrent semble donc bien signifier que leur émerveillement devant les deux danseurs est tel qu'ils en oublient le reste. [...]
[...] Nous verrons comment dans cette scène de première rencontre où prévaut l'importance du regard, la surprise de l'amour saisit les deux personnages. Pour ce faire, nous pourrons distinguer trois mouvements : la danse, le dialogue et les effets de la rencontre sur le Duc de Nemours. Dès la première phrase de l'extrait, le thème du regard est amorcé avec l'expression cherchait des yeux Cette recherche est d'abord générale comme le signale l'utilisation de l'indéfini quelqu'un Son choix ne s'est encore porté sur personne. [...]
[...] En effet au lieu de s'adresser directement l'un à l'autre ils le font obliquement par l'intermédiaire de la dauphine Madame ce qui anticipe sur la suite de l'histoire et de leur relation. D'emblée le contraste entre la réaction de M. de Nemours et celle de la Princesse de Clèves est évident et édifiant. En effet, ce dernier prend l'initiative et assume ses dires : pour moi Il ne semble pas douter et n'hésite pas à nommer celle qu'il ne devrait pas connaître, ne l'ayant jamais vue mais qu'il a reconnue au premier regard. [...]
[...] C'est presque une déclaration à mots couverts. De plus M. de Nemours joue la modestie et la galanterie en supposant que Mme de Clèves n'a pas les mêmes raisons ( ) pour deviner qui [il est] L'enjeu de ce dialogue est alors abordé ouvertement : nommer l'interlocuteur. La dauphine prononce une phrase en apparence anodine qui reconnaît les mérites des deux êtres. Elle utilise le verbe savoir à deux reprises avec aussi bien sous entendant une connaissance partagée. Cependant cette affirmation va embarrasser Mme de Clèves un peu embarrassée L'expression je vous assure tend à renforcer la certitude que Mme de Clèves veut donner et veut se donner. [...]
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