La Loreley, Guillaume Apollinaire, thème légendaire, poème lyrique, poème de Brentano
A l'origine, la Lorelei désignait un rocher fatal au bord du Rhin, qui était habité par des nains cachant un trésor dans leur grotte. Avec Brentano puis dans le poème de Heinrich, la Lorelei désignait une sorcière à la beauté fatale vivant au sommet du rocher, dont les longs cheveux d'or charmaient les bateliers qui venaient mourir au pied du rocher. En 1902, Apollinaire reprend à son tour cette légende allemande dans un poème intitulé La Lorelei (qui se trouve dans la partie « rhénane » d'Alcools) et la modifie pour y créer un lyrisme personnel et original.
[...] La réappropriation La souffrance amoureuse de la Loreley pour son amant Double transposition : la Loreley représente aussi Apollinaire (qui est ainsi à la fois le bourreau et la victime) l'amant représente aussi Annie Playden Loreley et Apollinaire : Douleur amoureuse : mon cœur me fit si mal du jour où il s'en alla ce vers est incorrect : il y a une syllabe en trop cela traduit la souffrance La souffrance assimilée à la malédiction - La fatalité : il faudrait que j'en meure - Pas de ponctuation : Tous se fondent dans la narration, ce qui provoque une incertitude (Qui parle ? les perso ou le poète - Le jeu avec le je o Le je peut désigner l'évêque ou Apollinaire, cela provoque un brouillage o Ce brouillage facilite l'assimilation entre Apollinaire et ses personnages. [...]
[...] La forme lyrique originale Originalité de la forme Utilisation des distiques rare Recherche de l'harmonie sonore : - musique/ refrain : répétition de Loreley + nom francisé - sonorités douces : 3 liquides a la fin = en accord avec la mort par noyade - allitérations en m = doux Effets rythmiques originaux Des alexandrins mais parfois des vers dissonants (13 ou 14 syllabes) Ambiguïté du rythme : - Prononciation ou pas de la syllabe Parfois césure décalée rythme impair Ces effets montrent le bouleversement des personnages et leurs incertitudes Jeux avec les rimes - L'utilisation des rimes suivies donne un effet d'incantation - Les rimes sont douces : même les rimes masculines sont douces - Les rimes sont surtout pour l'oreille, ce qui permet le rapprochement avec une chanson Les irrégularités visuelles des rimes traduisent l'émotion - Parfois, on n'a même pas de vraies rimes mais plutôt des assonances (ex : vierge / protège) - Apollinaire reprend des phrases de Brentano avec une petite modification : mon cœur me fait si mal devient mon cœur me fit si mal pierreries devient des flammes et non des pierreries Ainsi, il ny'a pas de monotonie = changements constants - Les tournures sont familières comme une chanson populaire CONCLUSION : Apollinaire a imité avec originalité le poème de Brentano en se fondant sur une même légende : la Loreley. Apollinaire a su éviter les lourdeurs de ce dernier tout en restituant une atmosphère médiévale ; il met en scène la Loreley comme un personnage plus ambiguë et plus humain. Il se réapproprie le mythe et fait de la Loreley le symbole de la femme fatale et par extension d'Annie Playden. [...]
[...] On peut aussi voir dans la Loreley une femme vivant une souffrance amoureuse, à l'image d'Apollinaire lui-même. Ainsi Apollinaire exprime indirectement son drame personnel au moyen d'un lyrisme neuf, naïf et raffiné. Ouverture : Salomé 62) : Femme fatale et meurtrière mais qui est restée enfant (elle oublie la mort qu'elle a causée). Un mythe écrit par Oscar Wilde et revisité par Apollinaire. [...]
[...] Avec Brentano puis dans le poème de Heinrich, la Lorelei désignait une sorcière à la beauté fatale vivant au sommet du rocher, dont les longs cheveux d'or charmaient les bateliers qui venaient mourir au pied du rocher. En 1902, Apollinaire reprend à son tour cette légende allemande dans un poème intitulé La Lorelei (qui se trouve dans la partie rhénane d'Alcools) et la modifie pour y créer un lyrisme personnel et original. Nous nous demanderons : Comment Apollinaire renouvelle-t-il avec originalité ce thème légendaire dans ce poème lyrique ? [...]
[...] Nous répondrons en étudiant la libre imitation du poème de Brentano puis nous verrons la manière dont Apollinaire se réapproprie la légende germanique pour en faire un mythe personnel dans une forme poétique elle- même moderne. I. L'IMITATION LIBRE DU POEME DE BRENTANO A. La part d'imitation, les éléments repris Les deux poètes utilisent : - Des formes poétiques fixes o Brentano : 26 quatrains d'hexasyllabes réguliers + rimes croisées o Apollinaire : 19 distiques d'alexandrins + rimes suivies - Le phénomène de refrain : répétition de Loreley avec des variantes (Lore ou variantes de sonorités) - Un poème narratif o mêmes personnages : l'évêque, la Loreley, l'amant et les trois chevaliers o même mélange entre narration et dialogue o mêmes étapes : Etat initial : la Loreley, femme fatale fait mourir les hommes Élément perturbateur : Comparution et jugement Coup de théâtre : l'évêque est envoûté et lui refuse la mort, la Loreley doit aller au couvent Dénouement : elle exige une dernière prière mais se jette dans le fleuve Etat final : elle saute dans le Rhin (et meurt) = dramatique et tragique Hommage fort: - Apollinaire reprend des passages de Brentano + jeux d'écho o Ex 1 : Brentano : faites-moi mourir comme un christ : Apo : faites-moi donc mourir o Ex 2 : Brentano : «mon cœur me fait si mal : Apo : reprises de cette même phrase - Reprise des thèmes allemands : o La malédiction : la Loreley tue involontairement désir de mourir L'évêque est envoûté (référence aux flammes + épée en croix pour exorciser le mal) o Thèmes romantique : lamentations et appel à la mort B. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture