Albert Londres est un journaliste français né en 1884 à Vichy, et mort en 1932 sur un bateau qui le ramenait de Chine en France. Considéré comme un journaliste de légende, vu comme l'un des premiers journalistes d'enquête, il a commencé sa carrière de journaliste chez Matin et comme correspondant militaire avec le Ministère de la Guerre pendant la première Guerre Mondiale, avant de travailler pour le Petit Journal, pour qui il commence à réaliser des reportages à l'étranger. Mais il finit sa carrière pour le journal Excelsior, pour lequel il part faire des reportages en Russie et en Asie. Au cours de sa carrière, de 1914 à 1932, il aura connu presque tous les continents, mise à part l'Amérique du Nord.
[...]
L'ouvrage étudie ce que l'on appelait au début du 20e siècle la "traite des Blanches" : en ce début de siècle, des milliers de femmes européennes, notamment françaises, polonaises ou italiennes, ont émigré vers l'Argentine, où les bordels, les "casitas", fleurissaient grâce à une législation arrangeante et une réelle réglementation des pratiques.
Le récit débute en France, à Paris, où A. Londres commence par infiltrer les cercles de proxénètes "en remonte" (en quête d'une nouvelle recrue à faire émigrer). Dès le début, nous plongeons avec l'auteur dans un milieu avec son vocabulaire et ses codes : "- Tu as emmené un faux poids. (Un faux poids est une fille qui n'a pas vingt et un ans)." (p. 18). Après ce premier chapitre où nous apprenons avec le journaliste que ces hommes organisent leur trafic entre la France et Buenos Aires, nous effectuons au cours du second chapitre la traversée de l'océan avec l'auteur. Sur le bateau, le lecteur rencontre son premier maquereau, Lu-lu, représentatif de ceux qui suivront : il s'agit d'un homme d'une allure respectable, en costume, avec "de beaux yeux bleus innocents" (p.24). Nous y rencontrons également une première jeune fille, dont la situation également est emblématique de toutes celles qui ont effectué la traversée. Londres fait raconter à son "protecteur" leur rencontre : "C'était à la terrasse du café Napolitain. J'étais assis. La gosse passa. Je l'invitai. Elle était mal habillée, avec des souliers usés. [...] Je me suis occupé d'elle. C'était malade, ça avait la gale. Le lendemain je l'ai conduite chez le médecin. [...] Et puis je l'ai prise." (pp.29-30) (...)
[...] Il expose son ébahissement aux caftanes au chapitre 13, qui lui expliquent que ces femmes leur font également effectuer des dépenses importantes. Ils se décrivent comme des bienfaiteurs offrant à ces femmes une nouvelle vie : On la prend, on la lave, on la récure. On l'habille décemment. On lui donne le goût du linge propre. On l'arrache à ses basses fréquentattions. - Tenez, fait Jean-Philippe, moi j'ai payé un professeur à la mienne. Elle ne savait ni lire, ni écrire. [...]
[...] Cette absence de prise de position fait pour certains, comme P. Assouline, partie du principe d'un reportage réussi, puisqu'elle laisse le soin au lecteur d'en tirer les conclusions qu'il souhaite, quand pour d'autres elle est dérangeante et rend flou l'objectif poursuivi par Londres en réalisant cette enquête. Le Chemin de Buenos Aires L'ouvrage étudie ce que l'on appelait au début du 20e siècle la traite des Blanches : en ce début de siècle, des milliers de femmes européennes, notamment françaises, polonaises ou italiennes, ont émigré vers l'Argentine, où les bordels, les casitas fleurissaient grâce à une législation arrangeante et une réelle réglementation des pratiques. [...]
[...] Plein d'ironie, Londres écrit : Il y a le Penseur de Rodin, sur la plaça du Congresso. [ ] Bref ! les statues ne manquent pas. Nouvelle ingratitude, la Galline [la prostituée] n'a pas la sienne ! Je la réclame. (p. 96). Le chapitre 10, lui, présente le milieu des maquereaux, bien organisé, géré uniquement par des hommes, et son fonctionnement. Une première catégorie d'hommes, présentés comme des chasseurs, est chargée d'aborder et de convaincre les malheureuses qu'une meilleure vie les attend de l'autre côté de l'Atlantique : Le meilleur gibier est la mi- professionnelle, inoffensive, qui ne sait pas où aller coucher. [...]
[...] Ils se qualifient même d'hommes honnêtes, rangés et leur travail de dur labeur (p.141). Les femmes sont habituées à faire vivre les hommes, elles sont présentées dans le chapitre 14 comme des mères nourrissant leur petit : Elle donne sa bourse à son homme comme une mère son sein à son enfant, jusqu'à l'épuisement s'il le faut. (p.143). D'ailleurs, le chapitre 15 présente le cas d'une fille fraichement arrivée à Buenos Aires qui refuse absolument de quitter sa place dans une casa alors que sa mère, inquiète de sa disparition, ne cesse d'écrire au Consulat pour que des recherches soient entreprises. [...]
[...] C'est le cas de Victor : Dans un an elle cessera le travail. Elle a gagné ses galons. Moi je vendrai ce qui me reste (ses trois femmes d'Argentine), je rentrerai en France et tous deux, désormais bourgeois, elle, fière de moi et moi, fier d'elle, nous irons l'hiver à Nice, le printemps à Saint-Cloud, l'été sur la Marne et l'automne à Montmartre. (p.92). Le chapitre 9 est consacré aux Franchuchas ces Françaises vendant leur corps en Argentine, et veut leur donner la parole, car cela ne leur arrive guère. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture