On dit du Livre de Job que c'est un des plus déchirants cris de révolte dans l'histoire de la littérature. Peut-il en être autrement ? Toute personne qui souffre sans raison, et qui cherche la raison de sa souffrance, est entourée d'une auréole de grandeur tragique. Pensons à tous les héros des tragédies grecques: Œdipe, pauvre victime d'un malentendu (car peut-on appeler autrement un « péché » qu'on commet à son insu ?), Prométhée, malheureuse proie de l'injustice divine… La situation de Job rappelle celle de ces deux martyrs, en étant cependant tout autre: surtout parce qu'elle se termine par un happy end.
[...] Peut-il en être autrement ? Toute personne qui souffre sans raison, et qui cherche la raison de sa souffrance, est entourée d'une auréole de grandeur tragique. Pensons à tous les héros des tragédies grecques : Œdipe, pauvre victime d'un malentendu (car peut-on appeler autrement un péché qu'on commet à son insu Prométhée, malheureuse proie de l'injustice divine La situation de Job rappelle celle de ces deux martyrs, en étant cependant tout autre : surtout parce qu'elle se termine par un happy end. [...]
[...] A l'aube, il offrait un holocauste pour chacun d'eux. Car il se disait : Peut-être mes fils ont-ils péché et maudit Dieu dans leur cœur ! Il procède à l'égard de ses fils de la même façon que ses trois amis procéderont plus tard avec lui : il leur soupçonne des péchés imaginaires, et veut les purifier des fautes peut-être jamais commises. Il se permet de juger ; et seul son malheur exerce une rupture dans son point de vue et lui montre l'absurdité et la vanité d'un tel jugement. [...]
[...] Job s'obstine justement parce qu'il ne veut pas, ne peut pas admettre que Dieu puisse être injuste. C'est pour cette raison qu'il lui intente un procès. La souffrance de Job est réelle et véritable ; l'intensité de sa douleur fait de lui une figure tragique. Finalement, son obstination réussit : il arrive à pousser Dieu à se manifester ! L'apparition et les paroles de Yahvé, pourtant, ne mettent pas fin au problème de l'existence du Mal. Elles suppriment la tragédie en déplaçant complètement l'axe des questions posées. [...]
[...] Dieu, en quelque sorte, se laisse tenter par le Satan ; il traite Job en ennemi. Juge dans le procès céleste, Dieu est convoqué comme témoin dans le procès terrestre. J'ai dans les cieux un témoin, là-haut se tient mon défenseur dit Job. Dieu, pour Job, est à la fois accusé et défenseur ; c'est son absence seule qui l'accuse. Voilà pourquoi, dès que Dieu se manifeste, l'accusation se trouve sans fondement. Dieu n'a donc pas à se justifier ; sa présence seule suffit, et elle fait régner la justice d'une façon curieuse : en affirmant qu'il n'y a pas de justice et d'injustice, que ce sont là deux notions purement humaines qui n'ont rien à faire avec Dieu. [...]
[...] Il dit encore : Oh ! moi aussi, je saurais parler comme vous, si vous étiez à ma place ! Vérité fondamentale ! Si, par exemple, c'était Eliphaz celui qui souffrait, accablé de malheurs, et Job était venu le consoler avec les deux autres, il n'aurait certainement pas agi autrement qu'en lui refusant la compassion et donnant la priorité aux vieilles traditions à tout prix. Car ce n'est pas la nature de Job qui diffère de celle des trois autres ; c'est uniquement sa situation qui est différente. [...]
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