Dom Juan est ce qu'on appelle au 17e siècle un libertin. C'est-à-dire un homme qui revendique une indépendance totale vis-à-vis des pouvoirs de l'Etat, de l'église et des traditions intellectuels. Cette attitude, à une époque d'ardente renaissance du catholicisme passait pour une provocation intolérable.
A ce libertinage de pensée s'ajoute un libertinage des moeurs qui aggrave l'impiété de Dom Juan (...)
[...] En définitive Dom Juan se dresse contre Dieu plutôt qu'il ne nie son existence. L'hypocrisie La décision que prend Dom Juan d'adopter une attitude systématiquement hypocrite en matière religieuse est un véritable coup de théâtre 1). En effet Dom Juan a fait croire à son père qu'il s'était converti, mais tout de suite après il avoue à Sganarelle qu'il s'agit d'une fausse conversion. Certes l'hypocrisie ou le mensonge faisait déjà partie de ses armes, il s'en servit avec Elvire, mais alors ce n'était qu'une façon parmi d'autres de l'humilier. [...]
[...] Ce qu'il souhaite c'est transgresser par le mensonge, le respect de la parole donnée. Il veut profaner en prétendant se référer à une obéissance des lois morales ; il veut duper. Quand il souhaite se délivrer de la présence d'Elvire, il utilise la parole pour raconter une prétendue convention. En même temps il joue sur ce thème du mensonge en déclarant avec cynisme je n'ai point le talent de dissimuler je porte un cœur sincère Le plaisir de duper par le discours est presque aussi important pour lui que le plaisir de la conquête. [...]
[...] C'est ainsi que Dom Juan en arrive à aimer le combat plus que la victoire. L'obstacle peut être d'ordre psychologique. Par exemple, Dom Juan évoque une rencontre avec une fiancée, la plus agréable du monde 2). Son amour pour elle commence par de la jalousie et ce qui le pousse à s'intéresser à elle est l'envie de rompre l'attachement qu'elle semble éprouver pour son fiancé. Dans cette perspective, il est logique de penser que l'obstacle constitué par la clôture d'un couvent a été fort important dans la naissance de son amour pour Elvire. [...]
[...] Dom Juan et la femme séduite Dans le courant de la pièce, Dom Juan voit 2 fois Elvire. Dans la première entrevue, nous voyons le héros en face d'une femme dont il s'est lassé dans le 2e entrevue devant une femme qui a changé et, ce changement lié pour Dom Juan à la notion même d'amour, lui fait voir Elvire d'une façon tout à fait différente. De plus elle semble vouloir appartenir à quelqu'un d'autre, au ciel. Ce sont deux raisons pour lesquelles, séparée de lui à nouveau par un obstacle elle parait soudain désirable, son air languissant et ses larmes ont réveillé en moi quelque petit reste d'un feu éteint 7). [...]
[...] Mais cela ne veut pas réellement dire que Dom Juan soit un athée. On peut même penser qu'il a besoin de Dieu pour s'opposer à lui. C'est ce qui explique chez lui le goût de la provocation du blasphème (comme lors de la scène avec le pauvre) et de la profanation (scène du tombeau et de la statue). On peut penser d'ailleurs que ce personnage du profanateur ne peut guère exister à notre époque ou beaucoup d'interdits ont disparu et ou il est difficile de transgresser un ordre moral. [...]
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