Lorsque Pierre Choderlos de Laclos écrit Les Liaisons dangereuses en 1782, le libertinage intellectuel tend à se répandre. C'est ce thème qu'exploitent Les liaisons dangereuses au travers d'une série de correspondances fictives – contrairement aux dires de Laclos – qui mettent en scène deux libertins, le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil, autour desquels semble se former la société du XVIIIe siècle. La lettre XXXIII à destination de Valmont révèle ainsi les personnalités des deux libertins, qui semblent tenir toute une société en tenailles au moyen d'une manipulation extrêmement fine. Et c'est de cette manipulation dont il est question dans la lettre XXXIII : Merteuil semble, en effet, enseigner à Valmont « l'art de manipuler », ce qui donne à cette lettre une portée « éducative », au-delà d'une simple correspondance privée entre deux amis. Elle est, en somme, une sorte de « traité du libertinage », un véritable secrétaire entretenu par un discours très structuré. Ce discours enseigne ainsi l'art de la manipulation, qui passe par la persuasion, ce que Merteuil applique elle-même dans sa lettre. Celle-ci apporte ainsi une certaine vision de la séduction et du libertinage, que la marquise de Merteuil hypostasie ici.
[...] Les Liaisons dangereuses, Lettre XXXIII - Pierre Choderlos de Laclos Lorsque Pierre Choderlos de Laclos écrit Les Liaisons dangereuses en 1782, le libertinage intellectuel tend à se répandre. C'est ce thème qu'exploitent Les liaisons dangereuses au travers d'une série de correspondances fictives contrairement aux dires de Laclos qui mettent en scène deux libertins, le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil, autour desquels semble se former la société du XVIIIe siècle. La lettre XXXIII à destination de Valmont révèle ainsi les personnalités des deux libertins, qui semblent tenir toute une société en tenailles au moyen d'une manipulation extrêmement fine. [...]
[...] La péroraison apparaît effectivement comme une morale, avec l'utilisation de trois injonctions. La première induit d'ailleurs un rapport de proximité entre l'émetteur et le locuteur, qui permet à Merteuil d'asseoir sa puissance dans son art de la manipulation : Croyez-moi De la ligne 24 à la ligne 30 principalement, l'anaphore du on permet à Merteuil d'ériger des règles de vie, de créer des Maximes : on en trouve ; on les dit ; et après on y tient ; il n'y a rien de si difficile en amour, que d'écrire ce qu'on ne sent pas Elle se pose comme créatrice d'une morale, et sa lettre est donc, en ce sens, une sorte de manuel de savoir-vivre. [...]
[...] C'est exactement ce qu'elle fait dans cette lettre. En effet, du début jusqu'à la ligne la marquise de Merteuil fait comprendre à Valmont que sa lettre adressée à la présidente de Tourvel ne convient pas du tout, qu'elle ne peut en aucun cas atteindre son but, qui est de séduire et de battre la présidente de Tourvel. De la ligne 10 à 26, Merteuil donne ainsi la méthode de la séduction dont doit user Valmont : Il s'agit d'attendrir et non de raisonner de persuader et non de convaincre. [...]
[...] Il suffit donc, selon Merteuil, de travailler l'art de la séduction, comme il est possible de travailler n'importe quel autre art. On retrouve ainsi l'aspect éducatif de cette lettre à l'allure de secrétaire, dans laquelle Merteuil expose, voire impose sa vision de la séduction. La lettre de la marquise de Merteuil apparaît comme un secrétaire, une lettre éducative et corrective vis-à-vis de Valmont, qui prend ainsi la posture de l'élève. Elle enseigne l'art de persuader, de manière à séduire et à manipuler à la perfection, art dont elle use d'ailleurs en s'adressant à Valmont. [...]
[...] L'isotopie des affects est certes présente, mais ce n'est jamais que pour déprécier le sentiment amoureux et l'utiliser comme prétexte pour séduire et manipuler : il s'agit d'attendrir et non de raisonner l'expression du désir se confond dans les yeux avec celles de la tendresse La marquise de Merteuil considère donc l'amour comme un outil pour pouvoir séduire, et arriver à ses fins. Il ne sert qu'à manipuler l'homme ou la femme désiré(e). La séduction n'est rien de plus, pour Merteuil, qu'une conquête : si Valmont échouait, elle considérerait cela comme quelque chose de honteux. La séduction, pour Merteuil, n'est donc qu'un jeu de tromperie, dont il faut maîtriser les techniques pour pouvoir vaincre. La marquise de Merteuil a également une approche très méthodique de la séduction. [...]
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