L'opération d'un aveugle qui recouvre la vue est pour Diderot l'occasion de mener une étude philosophique sur les moyens de la connaissance humaine. Cette œuvre traite également de morale et de religion qui, selon Diderot, ne sont pas les mêmes pour les aveugles du fait qu'il leur manque un sens. Ceci permet à Diderot d'étayer son idée du relativisme moral et religieux.
Cet ouvrage est à rapprocher d'une autre œuvre de Diderot : le rêve de d'Alembert, dans laquelle il développe des thèmes similaires à ceux qui sont exposés ici.
On peut également noté une certaine convergence de pensée avec l'auteur latin Lucrèce, lui aussi matérialiste, qui rédigea le De Natura Rerum. Enfin, la théorie de la connaissance ici développée semble inspirée des travaux de Condillac et des philosophes sensualistes.
[...] Lettre sur les aveugles, Diderot Repérage historique : Œuvre écrite sous le règne de Louis XV. Repérage culturel : 1746 : Condillac : Essai sur l'origine des connaissances humaines 1747 : Diderot et d'Alembert prennent la direction de l'Encyclopédie 1751 : Publication du premier tome de l'Encyclopédie 1754 : Condillac : Traité des sensations 1769 : Diderot : Le rêve de d'Alembert Courant littéraire : Diderot est un philosophe des Lumières qui défend des points de vue matérialistes. Temps, Espace et Lieu : Il s'agit d'une lettre adressée à Madame de Puisieux. [...]
[...] Ainsi l'aveugle perçoit-il le monde aussi bien que nous, mais différemment. Et la conception qu'il en a n'est ni plus ni moins vraie que la nôtre alors qu'il n'attache pas la même importance que nous à certaines choses : si les voyants sont sensibles à la beauté du corps, l'aveugle est sensible à celle de la voix. Quel bel exemple de relativisme au niveau esthétique ! Ce relativisme s'applique également à la morale : en effet, comme nous et sans doute encore plus que nous il déteste le vol puisqu'il est si facile pour le voyant de le détrousser. [...]
[...] Nous sommes en plein empirisme. Diderot note ensuite notre incapacité à communiquer correctement avec ceux qui sont privés d'un sens. Aussi propose-t-il la mise en place d'un langage et d'une grammaire du toucher. Cependant, cette carence de notre système de communication n'a pas empêché Saunderson de mettre au point une formidable machine qui lui permettait de compter et de faire de la géométrie par le toucher. Ce même Saunderson, avant de mourir, va réfuter toutes les supposées preuves de l'existence de Dieu, montrant que tous ces arguments prétendant illustrer une finalité ne tiennent plus dès lors que l'on est privé de la vue. [...]
[...] Aussi ils vivent en aveugles, et Saunderson meurt comme s'il eût vu (C'est un beau sermon déiste de la part de Diderot). Par la suite, Diderot va s'impliquer dans un débat de son temps sur la subjectivité et les rapports entre les sens en tentant de répondre à la question suivante : un aveugle-né que l'on opèrerait et à qui on rendrait la vue, pourrait-il distinguer, rien qu'en les voyant, un cube et une sphère de même volume et de matière identique, tel qu'il les reconnaît d'habitude par le toucher ? [...]
[...] Cet argument des merveilles de la nature est donc parfaitement illusoire pour démontrer l'existence de Dieu. Diderot se penche maintenant sur le problème de la connaissance : comment l'aveugle parvient-il à se former des idées relatives aux figures ? Seul le toucher, par exemple d'un fil tendu, peut lui donner la notion de direction et de sens. Ensuite c'est par combinaison d'impressions tactiles qu'il parvient à se forger des idées abstraites plus complexes alors que nous, nous les forgeons par association d'images : nous n'avons pas la même imagination et nous ne pouvons pas concevoir comment un aveugle se représente mentalement des objets vu qu'il ne dispose pas de la notion de couleur. [...]
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