L'AUTEUR
Jean-Paul Sartre (1905-1980) est ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure et agrégé de philosophie. Il forme un couple célèbre avec Simone de Beauvoir. En 1930, il commence à écrire pendant son service militaire (deux pièces : Epiméthée et J'aurai un bel enterrement). Il est ensuite nommé professeur au Havre (il publie alors L'imagination en 1936 et La nausée en 1938) puis à Neuilly. Il commence alors à écrire ses premiers articles de critique littéraire.
[...] L'OUVRAGE
Les Mouches est la première pièce de théâtre publiée de Sartre. Cette pièce est écrite et jouée pendant l'Occupation. Sartre a déclaré à la Libération avoir composé une oeuvre de contrebande, un appel à la liberté et à la résistance, paraissant inoffensif aux occupants. Sartre dira à la Libération avoir visé avant tout le « mea culpisme » qui sous-tendait le discours des dirigeants de Vichy et qui était encouragé par les occupants. On peut ainsi mettre en parallèle le thème des fautes pour lesquelles la France devrait payer dans les discours de Pétain et le culte du remord organisé par Egysthe et le Grand Prêtre dans la ville d'Argos.
Pendant l'Occupation, chaque théâtre devait déclarer l'aryanité du directeur et de l'ensemble du personnel, mais aussi obtenir un visa pour chaque pièce au programme. On a reproché à Sartre de recevoir un tel visa et donc se préoccuper plus de soigner sa notoriété que de vouloir « faire naître des sentiments interdits avec les paroles autorisées » selon la formule d'Aragon. Par ailleurs, Sartre faisait partie du Comité national d'écriture et du Front national du théâtre, deux organismes de résistance intellectuelle. (...)
[...] Elle ne comprend pas, ou ne veut pas comprendre, et retourne ainsi sa liberté contre elle-même en se livrant en esclavage à Jupiter, comme les autres habitants d'Argos. Oreste veut libérer les Argiens de leurs remords qui les empêchent de vivre. Oreste : Vos fautes et vos remords, vos angoisses nocturnes, le crime d'Egisthe, tout est à moi, je prends sur moi. Ne craignez plus vos morts, ce sont mes morts [ . ] Adieu, mes hommes, tentez de vivre : tout est neuf ici, tout est à commencer. [...]
[...] Cette pièce est écrite et jouée pendant l'Occupation. Sartre a déclaré à la Libération avoir composé une œuvre de contrebande, un appel à la liberté et à la résistance, paraissant inoffensif aux occupants. Sartre dira à la Libération avoir visé avant tout le mea culpisme qui sous-tendait le discours des dirigeants de Vichy et qui était encouragé par les occupants. On peut ainsi mettre en parallèle le thème des fautes pour lesquelles la France devrait payer dans les discours de Pétain et le culte du remord organisé par Egysthe et le Grand Prêtre dans la ville d'Argos. [...]
[...] Ils sont les bourreaux d'eux-mêmes. Ils n'ont plus à décider de leur attitude présente. Ils font en toute liberté (Electre a bien fait un choix contraire à eux au départ, c'était donc possible) le choix d'abdiquer leur liberté pour se figer dans la repentance. Oreste au contraire est libre et le demeure même après son crime. Au départ, Oreste est libre d'esprit grâce à l'enseignement de son pédagogue. Mais cette liberté laisse une sensation de vide à Oreste : sans souvenir, sans patrie, sans famille, il n'a pas conscience réellement des enjeux de sa liberté. [...]
[...] Il y a une sorte d'égalité dans la culpabilité collective. Ils acceptent l'humiliation mais pas le jugement. Clytemnestre : N'importe qui peut me cracher au visage, en m'appelant criminelle et prostituée. Mais personne n le droit de juger mes remords (Acte page 141 Par cette attitude d'expiation, ni châtiment ni rédemption n'est possible. Leur situation est comme figée, d'ailleurs cette situation dure depuis 15 ans. Seule Electre, la sœur d'Oreste faite servante du palais, échappe au début à ce processus. [...]
[...] Seul Apollon interrompra le cycle de la violence en faisant juger Oreste, le matricide, sur la colline de l'Aréopage, par le premier tribunal criminel de la cité d'Athènes.] Sartre a pourtant un but opposé à la tragédie grecque (et à la tragédie néoclassique de Cocteau ou Giraudoux). Ces dernières sont celles de la fatalité alors que la tragédie de Sartre est celle de la liberté. La repentance Oreste entre à Argos, sa ville natale envahie par les mouches. Il se fait appeler Philèbe et est accompagné de son précepteur. Il y rencontre un peuple torturé : chacun est rongé par le repentir de l'assassinat du roi Agamemnon par sa femme Clytemnestre et son amant Égisthe. Ces derniers sont sur le trône depuis 15 ans. [...]
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