Jonathan Littell, "Les Bienveillantes" - publié le 09/03/2010

Résumé du document

Ayant toujours accordé beaucoup d'intérêt à la période de la Seconde Guerre mondiale et ayant, auparavant, participé au Concours National de la Résistance et de la Déportation (CNRD) ; c'est empli de curiosité que nous avons décidé d'étudier la réception d'un roman phénomène, tant sur le plan littéraire que culturel : Les Bienveillantes de Jonathan Littell, sorti en 2006, en France.

Nous serons surpris, à la lecture de cette oeuvre, de voir au combien les questions soulevées, par celui-ci, dépassent le cadre du simple roman. En effet, il nous oblige à nous interroger sur le rapport de l'homme au mal ; mais également sur la perception que nous conservons de l'Holocauste. Ce roman aura incontestablement permis aux pays, l'ayant lu, de constater où il en était vis-à-vis de la Shoah ; et par delà, remettre en évidence le devoir de la mémoire (...)

Extraits

[...] Jonathan Littell, devient, alors le second écrivain et premier francophone, après Patrick Rambaud et son livre La Bataille (1997), à obtenir les deux récompenses dans la même année. Il est, également, très intéressant de constater que Jonathan Littell obtient la nationalité française [après avoir été éconduit à deux reprises en février et mai de la même année 2006], grâce à son livre, pour avoir en effet contribué au rayonnement de la culture Française Ce succès s'explique par le thème du roman, mais surtout par la vision du narrateur. [...]

[...] En effet, ces trois meurtres se voient dénués de toutes pressions hiérarchiques. Aue est le seul et unique responsable de ses actions, il n'a plus la possibilité d'expliquer son action par l'obligation du devoir Ainsi, on comprend mieux la démarche de Littell, car, s'il part de vérités générales comme celles : Vous ne pouvez jamais dire : Je ne tuerai point, c'est impossible, tout au plus pouvez-vous dire : J'espère ne point tuer ; je ne fus pas le seul à perdre la tête, reconnaissez- le ; son objectif n'est pas de créer de l'empathie vis-à-vis de son personnage, car, elle est inconcevable [ précisons que Jonathan Littell est d'origine juive, et bien que sa famille (immigrée aux Etats au début du 19ème siècle) n'ait pas été touchée par l'Holocauste, il est évident, que cette identité juive est présente en lui, qu'il s'est senti concerné comme les autres, et ne peut pardonner]. [...]

[...] Ce livre de Jonathan Littell est régulièrement décrit comme le récit de l'indicible, mais il est nécessaire. Les descriptions insurmontables de ce roman sont nécessaires, pour que dans 20 ans, ce livre devienne, comme le prédit Jorge Samprun, la référence en matière de roman sur la Shoah ; pour que les gens prennent conscience de l'horreur, pour ne pas oublier. C'est le devoir de l'humanité. Nous terminerons en rappelant les premiers mots de Jonathan Littell dans les Bienveillantes, et puis ça vous concerne : vous verrez bien que ça vous concerne BIBLIOGRAPHIE LITTELL, Jonathan, Les Bienveillantes, Gallimard 1390p. [...]

[...] Littell nous laisse entendre que son narrateur est un meurtrier parce qu'il est né au mauvais endroit, au mauvais moment. Qu'il est né Allemand et donc est meurtrier, mais s'il était né français, il aurait pu combattre le nazisme et entrer dans la résistance. A travers ce point de vue, Littell nous dit que nous pourrions tous devenir bourreau ; Si, en effet, nous étions, nous aussi, élevés dans une atmosphère de haine et de violence et où on nous obligeait à tuer : Je suis coupable, vous ne l'êtes pas, c'est bien. [...]

[...] Ce livre nous replonge dans l'horreur de la Shoah, dans l'horreur des crimes de la Seconde Guerre Mondiale ; et par delà, nous oblige à prendre conscience de l'action du mal dans le monde. Les Bienveillantes, nous rappelle également, l'importance du devoir de mémoire. L'objectif de Littell est de mobiliser pour empêcher que cela se reproduise une nouvelle fois. Nous avions choisi d'intituler notre travail le retour du refoulé car c'est exactement ce que voulait dénoncer Littell, le refoulement. Nous avons oublié, nous avons laissé cela se produire une nouvelle fois [ génocide rwandais du 6 avril au 4 juillet 1994]. [...]