Myriam Lemonchois, docteur en sciences de l'éducation, souhaite faire évoluer la pédagogie vers une dimension plus sensible notamment à travers l'art et particulièrement avec la poésie.
Elle cherche à comprendre le déroulement du processus créateur. Pour cela elle réalise un travail sur des biographies et écrits personnels de créateurs du monde des arts plastiques, de la musique et de la poésie allant du XIXème siècle à nos jours. Ces écrits rendent comptent de la pratique et l'apprentissage. On croit que l'artiste est doué par nature or Myriam Lemonchois veut prouver que l'artiste se forme et cela passe d'abord dans l'enfance, dans la nature. La création poétique serait une faculté commune aux Hommes.
Dans un premier temps elle souhaite s'intéresser à la notion de saisissement c'est-à-dire le rapport entre création poétique et sensibilité. Puis elle souhaite faire une réflexion sur les qualités esthétiques d'une oeuvre entre étrangeté et sublime pour poser la question du discernement avec celle du saisissement.
L'auteur est proche de la dimension sensorielle, des matériaux, le corps, les sons etc... Présents dans chaque art. Comment se distancier entre la sensation et la production ? Quelle faculté le permettrait ? Le discernement est une capacité de repérage et de traitement d'une expérience intérieure bouleversante. Dans l'art c'est percevoir l'objet de la création et son processus de manière claire, en évitant la confusion. L'intuition joue aussi. Il y aurait simultanéité du saisissement et du discernement. C'est ce qu'elle développe dans son ouvrage tout en approfondissant le lien entre création poétique et éducation. L'oeuvre transforme notre regard sur le monde, éveille la curiosité. La base de l'oeuvre est le matériau. La matière est source de rêverie.
Elle s'inscrit dans la pratique créatrice pour une recherche action. Elle s'inscrit aussi dans une démarche interculturelle. Le langage distingue animaux et humain. Les humains doivent aussi apprendre le silence. Enfin, elle s'inscrit dans le courant de la philosophie de l'éducation.
Elle veut définir le sens et les fins d'une éducation esthétique (...)
[...] Le corps est premier. L'apparence devient plus importante que la présence. Les reality shows signifient qu'il n'y a pas besoin d'agir pour la communauté pour être quelqu'un, il suffit de se montrer à l'écran pour trôner sur l'autel de l'individualisme. C'est du voyeurisme. La sensibilité esthétique est négligée sous couvert de sentimentalisme, par la rationalité scientifique. On nie la mort et le contact sensuel via l'envahissement du virtuel symbole de communication et de connaissance traduisant un besoin de maitrise de l'espace et du temps. [...]
[...] Le discernement est une opération de séparation. Le résultat de sa démarche sera inconnu. C'est l'expérience qui va le définir. C'est faire appel à ce que l'on sent que ce que l'on sait, avoir une façon primitive d'agir, tâtonner. L'artiste ne sait pas ce qu'il va créer au départ. Il n'y a pas de définition d'une œuvre dans le discernement, il doit juste reconnaître un objet comme œuvre avant même de le classer. L'avancée d'un artiste se fait souvent par intuition et non conscience. [...]
[...] Il faut de l'affection, de la confiance mais tout en gardant son discernement sans recopier le maitre. Être authentique, donner une place à la subjectivité. On n'enseigne pas on encourage. La création poétique a besoin d'un ordre imposé par la contrainte en tant que règle et non en tant que norme. Cela permet la transgression. Être maitre c'est former à l'autonomie dans et grâce à une relation de dépendance. Liberté et ordre sont inséparables. Il faut aussi que l'artiste puis reconnaître ses fautes et se reprendre. [...]
[...] Cela suppose de faire des choix, évaluer ce que l'on vit, pratiquer sa vie avec volonté et être son propre auteur. C'est une source d'autonomie et d'engagement. C'est un plus à être. Le discernement permet de comprendre ce qui est bon pour soi. C'est un outil de l'intelligence intra personnel mais aussi interpersonnel. L'éducation doit prendre en compte la formation du sensible par l'apprentissage du discernement grâce à des expériences vécues de la création poétique. L'œuvre renvoie chacun à sa propre existence en tant que chose parmi les choses. [...]
[...] Le discernement n'est jamais acquis. L'artiste progresse. Il est un être inachevé. L'acte est instantané mais sa préparation est longue. L'artiste a aussi besoin de temps pour évaluer son œuvre. Le moment de saisissement est précédé d'une période de préparation propice à l'inspiration. Conclusion. La formation de la sensibilité est reconnue dans les sciences dures mais la nécessité de se former ne l'est pas. Il faudrait la réprimer, faire la séparation corps et esprit. Avec les éducateurs on évite le contact physique par crainte d'une relation affective. [...]
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