Notre étude a comme point de départ l'idée que le texte littéraire,qui semble à première vue structurellement fini, clos, est, en réalité, « une parole médiatisée »[ Mariana Tutescu, 1980], sa symphonie intime ne se dévoilant que grâce au récepteur,l'écriture et la lecture formant évidemment deux articulateurs logiques,inséparables de la communication scripturale.
En effet, tout lecteur avisé entre dans une sorte de résonance réciproquement profitable avec l'oeuvre d'art où il découvre quelque chose d'inconnu,une réalité différente ,un esprit séparé qui puisse le transformer et qu'il peut transformer en soi »[ Maurice Blanchot,1959].
Le statut du texte littéraire étant celui d'ouverture vers la pluralité du monde, le récepteur peut, par une lecture plurielle, conçue à la fois synchroniquement et diachroniquement, recréeer, d'une manière personnelle et pourtant non-arbitraire,tout l'univers d'un livre.
L'oeuvre littéraire est un index sui, mais elle n'a pourtant pas une existence indépendante centrée "sur le récepteur" [la fonction opératrice de la fiction, Claude Ollier, 1972]. Le discours littéraire implique un récepteur qui en étudie les virtualités et cherche à lui donner une interprétation qui diffère en fonction de sa personnalité.
[...] Comme l'intrigue y est absente, les personnages s'enfoncent dans leurs propres paroles , pareillemment à Winnie et à Willie de Beckett dans Oh, les beaux jours ! De meme, leur existence étant dévoilée, les personnages se sentent de trop dans l'enfer . A une nouvelle lecture , l'univers sartrien de HUIS CLOS nous a suggéré ‘ùl'ideé de trois cercles concentriques [l'existence, l'indéfini, la non-existence], l'un d'eux étant à son tour circonscrit à un triangle ABC qui représente les relations au niveau des personnages . [...]
[...] L'idée d'un troisième cercle virtuel nous a été donneé par l'impression obsédante des personnages que tout ce qui leur arrive est une mise en scene, un scénario de quelqu'un inconnu , d'une force monstrueuse ; Ils vous guettent pour savoir si vous vous y laisserez prendre . Tant mieux s'ils sont contents . Je vous dis qu'ils avaient tout prévu Si, au début de la pièce, l'existence et la non-existence étaient dans la conscience des personnages très éloignées, dans ses dernière scènes on assiste à l'identification de l'enfer à la vie moderne, les deux axes en devenant un , d'où le rire fou des personnages. [...]
[...] Mais le lecteur, de plus en plus curieux, ne s'arrete pas là. Il commence à devenir conscient de son effort, il se rend compte de la nécessité d'une grille de lecture et, tout en continuant son aventure vers l'écriture, il fait une découverte sensationnelle, celle que Sartre utilise la technique du quid-pro-quo En effet, chaque personnage est, à la fois, victime et bourreau, les échos de ce débat intérieur s'amplifiant jusqu'à la folie dans l'espace fermé de la culpabilité . [...]
[...] Je me sens vide . A présent, je me sens tout a fait morte. Le regret d'Estelle d'etre morte s'associe au souvenir de Pierre , son Petit- Poucet Je donnerai tout au monde pour revenir sur terre un instant , un seul instant. Enfin, le troisième élément, l'eau, symbolise à la fois la vie et la mort. Estelle était pour Pierre son eau vive , mais dans la conscience de l'héroinne l'eau est liée au souvenir de son enfant, de l'infanticide . [...]
[...] Ah ! revenir un seul jour au milieu d'eux. Mais je suis hors jeu. Garcin est un lache . Fini, l'affaire est classée, je ne suis plus rien sur terre pense Garcin. Sans souvenirs, Inès se sent perdue : Eh, bien, je suppose que j'en aie fini avec la terre. [...]
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