Présentation de l'auteur : Victor Hugo (1802-1885) est un homme de lettre incontournable, poète (Les contemplations, Les châtiments), dramaturge (Hernani, Ruy Blas), romancier (Les Misérables, Notre Dame de Paris) et homme politique. C'est un homme engagé qui va révolutionner la littérature française. Chef de file du romantique, il va imposer le drame comme un genre nouveau et inéluctable, il s'éloigne des règles classiques afin de donner naissance à un genre plus réaliste, bien que difficilement apprécié à ses débuts (cf. bataille d'Hernani). Ses choix, à la fois moraux et politiques, et son œuvre hors du commun ont fait de lui un personnage emblématique que la Troisième république a honoré à sa mort le 22 mai 1885 par des funérailles nationales qui ont accompagné le transfert de sa dépouille au Panthéon, le 31 mai 1885.
Présentation de l'œuvre : Ruy Blas (1838) est un drame romantique en cinq actes. Avec Hernani (1830), il forme les deux drames romantiques d'Hugo qui vont chercher à imposer la nouvelle vision du théâtre, un théâtre plus réel, plus proche du spectateur et plus varié. L'histoire se passe en Espagne en 1698 (fin du siècle d'or espagnol), Don Salluste, noble de la cour, est exilé par la Reine car il a refusé d'épouser la servante qui porte son enfant. Ce manipulateur va utiliser son valet, Ruy Blas pour se venger de la Reine. Parallèlement à cette intrigue, on suit l'histoire amoureuse entre « l'étoile » (la Reine) et le « verre de terre » (Ruy Blas). Amour impossible et pourtant si fort, Hugo y décrit la vie à la cour espagnol : manipulation, corruption de l'argent, amour impossible et absence significative du roi… Entre tragédie et comédie, lyrisme et pathétisme, Ruy Blas est un vrai drame romantique.
Présentation de l'extrait : C'est la scène d'exposition de la pièce. Salluste est prêt à partir pour son exil, mais avant son départ il se confit à son mentor, Gudiel, pour lui annoncer son projet de vengeance. La double énonciation perme aux spectateurs (ou aux lecteurs) d'être « in medias res » et l'intrigue est présente dès le première scène.
[...] Pour rendre le dialogue plus intéressant, Hugo joue avec les sentiments et les émotions de Salluste. Son discours est plein de colère est de frustration, servi par des phrases exclamatives, des phrases hachées, une ponctuation riche, une syntaxe parfois un peu incorrecte « Ah C'est un coup de foudre . » « Gudiel Renvoyé, disgracié, chassée » « Avec une suivante, une fille de rien /Séduite beau malheur anacoluthe, syntaxe inexacte) parce que la donzelle/ est à la reine, et vient de Neubourg avec elle » Hugo utilise aussi rejet, contre-rejet et enjambement qui embrouille le lecteur. [...]
[...] « Tout ce que j'avais, charge, emploi, honneur » → accumulation qui montre ses pouvoirs. De plus il aime être craint ( cf. le « Oderint, dum metuant » de Caligula) («Le président haï des alcades de cour ») Un homme ambitieux : « Vingt ans d'ambition nui et jours » Un homme rancunier : il veut se venger de la reine, allusion à de nombreux termes machiavéliques («Oh Mais je vais construire et sans en avoir l'air/ une sape profonde, obscur et souterraine » « je veux que ce soit effrayant » « je me vengerait » Un homme manipulateur : il se sert de Ruy Blas et de Gudiel Ruy Blas Ne fait presque rien dans cette scène. [...]
[...] Ces émotions, ces rythmes, exclamations font que la scène est compliquée est confuse pour le spectateur. Cela donne un côté réaliste (sous l'impulsion de la colère Salluste n'est pas très clair dans son discours) → Intrigue le spectateur qui ne comprends pas tout, il veut y voir plus clair. L'utilisation des temps Passé lointain : il a mis 20 ans à faire évoluer son statut Le passé proche (imparfait) : « tout ce que j'avais » « dont nul ne prononçait » Présent : « On m'exile » « Tout en un instant s'écroule » Futur proche : « de quoi a-t-il peur ? [...]
[...] Il reste humble devant les ordres qu'il reçoit (« monseigneur j'y serai » « il suffit j'ai compris) ») Hugo introduit une contradiction : pièce éponyme, donc le héros est Ruy Blas, mais pour l'instant ce n'est qu'un domestique. Cependant, se future rencontre avec la Reine suggère que son statut va évoluer, que l'intrigue va se mettre en place. La dernière didascalie lance une intrigue pour la prochaine scène : symétrie « lui (César) et Ruy Blas se regardent et font en même temps, chacun de son côté, un geste de surprise » Hugo laisse supposer que les deux personnages se connaissent, ce qui attise l'intérêt du spectateur. [...]
[...] Au dernier moment on apprend que César et Ruy Blas se connaissent. Cela intrigue, et le spectateur se demande si cela ne va pas perturber les plans de Sallsute. IV. Les registres Le registre n'est pas clairement défini, Hugo brouille les pistes, il met des éléments de la tragédie (palais, Salluste, Gudiel, la reine, le lieu, la situation : exil d'un noble et vengeance). Mais il y ajoute des éléments qui oriente la pièce du côté du mélodrame ( genre de théâtre populaire à la mode au XIX° siècle qui met en scène des personnages stéréotypés : le traite (Salluste), la pauvre reine victime et naïve. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture