Lecture analytique sur Enfance de Nathalie Sarraute, p 187 de l'édition Folioplus classiques du XXème siècle. De "Maintenant c'est le moment... je le retarde toujours" à "un ornement qui rehaussera l'éclat de l'ensemble"

Résumé du document

Dans son autobiographie Enfance, Nathalie Sarraute, octogénaire lors de la rédaction de son livre, relate par bribes des souvenances de son enfance, déchirée entre son père et sa mère. Dans le présent extrait, elle raconte la rédaction de son premier chagrin et avec lui sa méthode d'écriture. Nous nous demanderons quel rapport exact l'auteur entretient avec les mots qu'elle évoque.
Pour répondre à cette question, nous étudierons successivement les difficultés éprouvées face aux mots puis, dans une seconde partie, le plaisir simple que Nathalie Sarraute ressent en usant de ceux-ci.

Extraits

[...] Tout au long de son récit, l'auteur utilise des points de suspension, ponctuation qui, dans le cas présent, plonge le lecteur dans les doutes du narrateur qui exprime aussi son hésitation par le manque cruel de synonyme pour le substantif "mot" . ne sachant pas comment les qualifier, elle utilise un même terme, inchangé. Cette peur est soulignée, d'autre part, par leur caractère flou, "grisâtres" 6). Ils apparaissent ici de manière péjorative, effacée peine visibles"- l 6). Le côté paradoxal de ce qualificatif est que l'auteur dit avoir des difficultés à voir quelque chose d'abstrait, d'immatériel comme les mots . [...]

[...] des peurs qu'elle comble en se réfugiant dans l'univers rassurant de l'orthographe et de la grammaire . mais, en outre, cette inclinaison au malaise, Nathalie prend aussi grand plaisir à jouer avec les mots. II ) Plaisir des mots Mise en avant du bonheur d'écrire Tout aussi difficile que le fait d'écrire ait pu apparaître dans la première partie, Nathalie Sarraute présente cet instant comme un moment privilégié ("maintenant c'est le moment" l 1). L'écriture n'est ni froide, ni isolée . l'auteur se l'approprie complètement et les nombreux adjectifs possessifs en témoignent "à moi"). [...]

[...] De même, la rédaction devient un art par le choix des termes employés par l'auteur : "un mot rare, un ornement qui rehaussera l'éclat de l'ensemble". Les mots apparaissent comme autant de bijoux et d'objets précieux. On peut d'ailleurs constater que dans cet extrait la seconde voix ne fait aucune objection et sachant qu'elle n'est autre que sa conscience, on comprend que l'auteur semble en paix avec elle-même dans ce cocon protecteur formé par les mots "respectables" 28). Nathalie Sarraute l'affirme elle-même : elle se "plaît en leur compagnie" . [...]

[...] La gradation dans les qualificatifs des fautes d'orthographe, "vilaine" et "hideux bouton" montrent le dégoût que l'auteur entretient pour ce qui déroge à la règle. Celle-ci préférant se conformer à ce qu'elle peut trouver dans ses "recueils de morceaux choisis" 10) ou dans le Larousse qui devient texte de référence sinon sacré, grâce au modalisateur "aussitôt" 9). Le dialogue, caractéristique de ce livre, n'est que peu représenté ici et c'est par son biais que l'on connaît les références littéraires de Nathalie Sarraute . [...]

[...] Lecture analytique sur Enfance de Nathalie Sarraute, p 187 de l'édition Folioplus classiques du XXème siècle. De "Maintenant c'est le moment . je le retarde toujours" à "un ornement qui rehaussera l'éclat de l'ensemble" Dans son autobiographie Enfance, Nathalie Sarraute, octogénaire lors de la rédaction de son livre, relate par bribes, des souvenances de son enfance, déchirée entre son père et sa mère. Dans le présent extrait, elle raconte la rédaction de son premier chagrin et avec lui sa méthode d'écriture. [...]