Eric Emmanuel Schmitt est sans doute aujourd'hui l'un des auteurs de théâtre les plus joués dans le monde et l'un des romanciers les plus traduits. Ce succès pourrait être un effet de mode mais il correspond sans doute à une tendance plus profonde, à l'originalité d'une oeuvre humaniste et audacieuse.
Sa première pièce, La nuit de Valognes, écrite en 1991, revisite le mythe de Dom Juan en imaginant un procès que lui livreraient toutes celles qu'il a séduites avant de les abandonner. La chute est surprenante et interroge le lecteur.
L'interrogation et l'audace sont également présentes dans Le Visiteur, rencontre entre Freud et un homme étrange, dont la réalité est incertaine, d'autant qu'il prétend être Dieu (...)
[...] Mais il est plus simple de donner la parole à ce touche-à-tout pour poursuivre la présentation : http://www.eric-emmanuel-schmitt.com Une lecture du Visiteur Le visiteur est une pièce en seize scènes, chacune apportant un élément nouveau, une hypothèse que la scène suivante remet souvent en cause mais qui reprend parfois une acuité nouvelle, toujours autour de l'identité de ce visiteur, qui constitue la question centrale. Mystère et identité Freud le prend d'abord pour un patient. Mais lorsque la séance d'hypnose commence, les révélations de l'inconnu laisse présager une toute autre identité et inverse les rôles : ce sont les questions de Freud qui prennent le dessus, ses doutes, ses déchirures entre une soif intangible de croire et les certitudes que lui apporte la science, même si ces certitudes ne sont peut-être que de nouvelles questions ou de nouvelles limites. [...]
[...] L'auteur en quelques lignes Normalien et agrégé de philosophie, Eric-Emmanuel Schmitt, qui est né en 1960 dans la région lyonnaise, se lance dans l'écriture en 1990. D'emblée, il affirme sa passion pour le théâtre, un genre littéraire où il excelle, comme il le démontre dans de nombreuses pièces : La nuit de Valognes Le visiteur Le libertin Hôtel des deux mondes Variations énigmatiques Petits crimes conjugaux la tectonique des sentiments et la liste n'est pas exhaustive. Le visiteur est donc une de ses premières œuvres, qui préfigure et confirme déjà quelques caractéristiques de l'écriture de cet écrivain : la concision de chaque pièce ou roman, mené(e) avec une grande dextérité et un sentiment de légèreté qui masque sans doute la puissance des questions soulevées, une imagination qui s'appuie sur l'histoire réelle ou supposée d'une figure marquante, ici Freud, ailleurs Dom Juan, Jésus ou Hitler, une frontière très floue entre le réel et ce qui pourrait être, qui constitue peut-être le fondement de la liberté de l'Homme, une valeur à laquelle Eric- Emmanuel Schmitt est profondément attaché, comme il l'est à l'humanisme, au meilleur sens du terme. [...]
[...] Eric Emmanuel Schmitt est sans doute aujourd'hui l'un des auteurs de théâtre les plus joués dans le monde et l'un des romanciers les plus traduits. Ce succès pourrait être un effet de mode mais il correspond sans doute à une tendance plus profonde, à l'originalité d'une œuvre humaniste et audacieuse. Sa première pièce, La nuit de Valognes écrite en 1991, revisite le mythe de Dom Juan en imaginant un procès que lui livreraient toutes celles qu'il a séduites avant de les abandonner. [...]
[...] Certes, la science offre quelques certitudes, mais elles ne sont pas une réponse globale. Elles enferment l'homme, lui retirant cette possibilité de choisir. Quant à Dieu, ce n'est pas un Dieu vengeur, capable de ramener les brebis égarées dans un chemin donné. C'est un Dieu d'amour, qui a perdu la toute puissance et l'omniscience en créant les hommes, en leur donnant cette liberté. C'est un Dieu capable de pleurer, de souffrir, mais pas de retirer aux hommes leur liberté. Cette liberté, c'est le ciel ouvert sur les étoiles que l'on voit du bureau de Freud. [...]
[...] Dieu est une fausse promesse, celle d'un bonheur qui n'existe pas, le plus insupportable étant peut-être cette finitude de l'homme, face à l'infini du monde. Accepter la réalité, c'est admettre le désespoir, y faire face courageusement, rester digne. L'inconnu répond à Freud qu'il est trop exigeant et qu'il est, lui aussi, un exemple de l'orgueil de l'homme, cet orgueil qui se contentait de défier Dieu et qui, aujourd'hui, le remplace par les lois, par la science, par une absence de sens qui donne tout pouvoir à l'argent. [...]
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