L'OUVRAGE
Le Prince, dont le titre, modifié par les premiers éditeurs, était initialement « De principatibus » (des principautés), a été rédigé alors que Machiavel, chassé par le retour au pouvoir des Médicis, avait perdu ses fonctions politiques.
A une époque où Léon X (Jean de Médicis) est soupçonné de vouloir constituer pour sa famille un nouvel Etat en Italie centrale, Le Prince en est le parfait mode d'emploi.
Mais c'est à Laurent de Médicis que Machiavel dédie son oeuvre, sa démarche n'étant pas désintéressée : en effet, Machiavel vit dans l'angoisse de trouver une solution à la crise italienne. Cette volonté ressort dans le dernier chapitre du livre (XXVI): « Exhortation à prendre l'Italie et à la délivrer des barbares ». Machiavel élabore ainsi une théorie de l'action politique, et s'intéresse aux rapports entre l'Etat et les citoyens, mais aussi entre les citoyens eux-mêmes, sans jamais se laisser aller à des considérations du bien et du mal, et débat de la monarchie (Le Prince) puis de la république (Discours sur la première décade de Tite-Live).
Machiavel tente ainsi de trouver une solution permettant à un Etat de perdurer et à son prince de gouverner efficacement et longtemps.
Il s'agit pour lui d'étudier comment un prince, après avoir conquis un Etat monarchique, peut le conserver, en considérant successivement ses rapports avec les pays ennemis, ses propres sujets et les Etats alliés. Il élabore ainsi une ébauche de « science-politique » ayant pour point de départ la description des faits tirés d'exemples du passé, desquels il tire les conséquences sur la politique contemporaine, ne perdant jamais de vue les raisons premières de sa réflexion que sont la crise de l'Italie et en particulier celle que connaît Florence, qu'il ne laisse cependant transparaître à travers ses émotions que dans l'ultime chapitre de son ouvrage. Chaque chapitre met en exergue un problème politique particulier, Machiavel énonce sa solution et indique le comportement que le prince doit adopter face à telle situation, il illustre toujours son conseil d'un exemple historique afin de montrer que la solution qu'il préconise est la bonne. (...)
[...] La question de la parole du prince est une question essentielle développée dans l'œuvre de Machiavel et ce sont ses conclusions qui ont beaucoup choqué. En effet, il développe l'idée selon laquelle le prince doit être grand simulateur et dissimulateur, et ne doit en aucun cas tenir sa parole si cela risque de se retourner contre lui ou si les circonstances ont changé. Il doit paraître humain et dissimuler ce qu'il est, afin de toujours légitimer ainsi ses actions. C'est pourquoi pour lui, le prince doit être mi-homme, mi-bête. [...]
[...] Les qualités que se doit d'avoir le prince Le prince, donc, ne se doit point soucier d'avoir mauvais renom de cruauté pour tenir tous ses sujets en union et en obéissance ; car en ne faisant que quelques exemples, il sera plus pitoyables que ceux qui, pour être trop miséricordieux, laissent se poursuivre les désordres d'où naissent les meurtres et rapines, qui nuisent à tous, alors que les exécutions ordonnées par le prince ne nuisent qu 'à un particulier. Il faut donc savoir qu''il y a deux manières de combattre, l'une par la loi, l'autre par la force :la première est propre aux hommes, la seconde aux bêtes, mais comme la première bien souvent ne suffit pas il faut recourir à la seconde. Ce pourquoi il est nécessaire au prince de savoir bien pratiquer et la bête et l'homme. [...]
[...] Le moine Savonarole établit un gouvernement théocratique qui s'exprima par une dictature et la répression contre les vices. Machiavel mena une vie retirée jusqu'à la fin de la dictature de Savonarole en 1498. C'est avec l'instauration de la république que Machiavel occupera ses fonctions diplomatiques jusqu'au retour des Médicis au pouvoir. Il sera alors déchu de ses fonctions ayant lui- même été impliqué dans un complot, ce qui lui valu d'être emprisonné. Libéré mais banni de la ville, il écrivit Le Prince dédié à Laurent le Magnifique (de Médicis). [...]
[...] Tout au long du prince, il décortique les événements historiques pour comprendre leurs origines. C'est un livre scientifique et historique, bien qu'il soit stigmatisé comme philosophique. Il cherche à renouveler la pensée politique occidentale en élaborant une réflexion pratique sur la meilleure façon d'être prince. Machiavel élabore quelques méthodes de gouvernement qu'il recommande ouvertement aux chefs d'Etats de suivre, et c'est en cela que sa démarche est révolutionnaire, comme les nécessaires force et cruauté dont doit faire preuve le prince, mais également la ruse. [...]
[...] Le peuple joue un grand rôle dans la vie politique et c'est à lui que revient la défense de la liberté contre les dirigeants, le législateur devant s'interposer pour réguler leurs rapports, garantir l'équilibre institutionnel, les magistrats devant, eux, leur garantir une expression politique équilibrée. Cette harmonie est pour Nicolas Machiavel la condition sine qua non de la pérennité de l'Etat républicain. La structure du livre s'organise autour du schéma suivant : après avoir élaboré une typologie des différents Etats, Machiavel s'est attaché aux moyens d'acquérir et de défendre un Etat puis aux relations que doit entretenir le prince avec ses sujets et ses alliés, avant de terminer par une extrapolation sur les chances et moyens de remédier à la décadence de l'Italie. [...]
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