A huit ans, le narrateur - qui n'est autre que l'auteur lui-même - arrive en Afrique, à Ogoja, à l'ouest du Nigéria où il n'y a pas d'autres Européens que les membres de sa famille.
C'est alors la découverte de la réalité des corps, des sensations, de la liberté après l'enfermement des années de guerre dans l'appartement de la grand-mère à Nice.
C'est le jardin, la rivière, la plaine, les orages.
Le père est médecin, seul à exercer dans un rayon de soixante kilomètres. Pour la famille, il n'est pas question de vie mondaine ; pour les enfants, ni école, ni clubs (...)
[...] Au Cameroun, il avait vécu les temps heureux de son installation, de son mariage. Banso Puis, il s'était enfoncé encore plus loin dans le pays, au bout de la route où un hôpital avait été créé. Il avait dessiné lui-même une carte de la région, se déplaçait à pied sur des dizaines de kilomètres pour donner des soins, cela pendant quinze ans. A cette époque, lui et sa jeune femme étaient libres et heureux, leur bonheur est visible sur les photos. [...]
[...] Peu après, il avait tenté de traverser le désert pour rejoindre sa famille, mais il avait été refoulé. L'Afrique était alors devenue un piège pour lui. A Ogoja, il n'avait aucune nouvelle de sa famille. Les malades étaient de plus en plus nombreux à l'hôpital, il n'y avait plus de temps pour la parole. Pour les habitants, le médecin n'était plus un ami, mais un colon parmi d'autres de cette administration. La vie à Ogoja n'était pas sûre, les guerres tribales constantes. [...]
[...] Agé de soixante-douze ans, le père voit mourir le pays où il a vécu l'essentiel de sa vie. A la déclaration d'indépendance de Maurice, l'administration lui retire la nationalité britannique. A partir de là, c'est la fin de tout projet, de tout rêve. Pour le narrateur, Ogoja et l'Afrique restent puissamment ancrées en lui : odeurs de la terre, murmure de la rivière, voix des enfants. Dans ces souvenirs d'enfance, manque le père. Pourtant, il y a ce lien fort par-delà soi-même, la mémoire du père et de la mère et de leur bonheur africain. [...]
[...] C'est le jardin, la rivière, la plaine, les orages. Le père est médecin, seul à exercer dans un rayon de soixante kilomètres. Pour la famille, il n'est pas question de vie mondaine ; pour les enfants, ni école, ni clubs. Termites, fourmis etc. La maison est une case de parpaings, couverte de tôle ; elle donne l'impression qu'on y est embarqué comme sur un bateau. Le père fait régner une discipline militaire, mais, en son absence, pendant les longues heures du jour, c'est la liberté pour les garçons : courir pieds nus dans les hautes herbes, rêver devant l'immensité de la plaine, même s'acharner contre les termitières pour évacuer sa rage, pour exprimer sa puissance, l'urgence qu'il y a à être libre après l'enfermement dû à la guerre, l'interdiction de jouer. [...]
[...] Le retour d'Afrique avait été terrible : le père était incapable de se réadapter, il était violent, provoquant les ripostes sournoises de ses enfants. Devenu adulte, le narrateur perçoit d'autres traits de caractère de son père : le respect, l'intégrité. Haïssant le colonialisme, il était attentif aux mouvements d'indépendance des pays africains. Il était écoeuré par la politique des Européens venant en aide aux dictateurs africains, fermant les yeux sur les famines, les épidémies, le massacre du Biafra au nom des intérêts des compagnies pétrolières, des marchands d'armes et de la main- mise des grands états. [...]
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