Joséphine Linc. Steelson parle d'elle-même comme d'une" Négresse de presque cent ans". Tous les matins, elle se donne le plaisir de parcourir en bus les quartiers aisés de la Nouvelle-Orléans pour profiter d'un droit chèrement acquis : le droit de monter dans le même bus que les Blancs, le droit de s'asseoir à côté de l'un d'eux si elle le souhaite. Elle jubile lorsqu'elle peut s'installer sous le regard contrit des vieux Blancs.
De sa longue expérience, elle sent arriver la tempête, qui sera terrible.
Keanu Burns de son côté est étendu sur le lit de sa chambre d'hôtel. Il ne dort pas ; cela fait quatre jours et quatre nuits qu'il est étendu là, épuisé, hanté par le souvenir de la plate-forme pétrolière où il a travaillé pendant six ans comme manutentionnaire. Les souvenirs de corps calcinés, broyés, de cris épouvantables le paralysent. Sa vie est finie.
Le Révérend est en visite à la prison. Ce jour-là, l'agressivité des prisonniers est à son summum. Pourtant, il voudrait avancer, les rencontrer, donner le meilleur de lui-même. Mais, bien vite, il fait demi-tour. Il a perdu, face aux cris de haine.
Rose rentre du tribunal. Elle retourne à la vie de misère de son quartier. Mike n'aura pas de pension à lui verser pour le petit Byron, car à la juge qui lui demandait si l'enfant était bien le fils de Mike, elle a répondu non.
C'est le petit Byron qui répond au téléphone à Keanu Burns. A l'annonce de l'ouragan, Keanu a retrouvé ses forces pour téléphoner et dire : "Dis-lui bien que j'arrive".
Des agents sillonnent la ville ; ils obligent les habitants à évacuer avant l'arrivée de l'ouragan. Joséphine n'est pas décidée à quitter son chez-elle. Elle ruse et réussit à se cacher.
Rose est rentrée ; les voisins ont évacué leurs maisons. Elle, ne partira pas. Elle sait pourtant qu'elle fait rarement les bons choix. L'enfant lui fait la commission de Keanu. Rose ne comprend pas : il y a six ans, Keanu l'a quittée soudainement. Il avait le désir de connaître autre chose, un appétit de vivre. Rose ne veut pas qu'il revienne : elle se sent vieille, laide. Autrefois, elle était si belle que les passants se retournaient sur son passage. La compagnie de Keanu la confortait dans sa joie de vivre ; ils s'aimaient.
C'est le petit Byron qui répond au téléphone à Keanu Burns. A l'annonce de l'ouragan, Keanu a retrouvé ses forces pour téléphoner et dire : "Dis-lui bien que j'arrive". (...)
[...] Keanu apaisé va mourir auprès de Rose. Elle, d'abord paniquée, ne sachant que devenir, que faire, s'apaise aussi, s'assoit à ses côtés, se met à parler. Joséphine sait maintenant que c'est Marley qui veut qu'elle rentre à la maison, qu'elle s'installe sur la terrasse, pour y attendre une mort prochaine. Avant cela, alors qu'elle avait quitté le hall de l'aéroport où les cars avaient déversé les réfugiés, elle y retourne. Elle se met à chanter de sa voix puissante et sûre, elle chante le sud, sa culture, les Noirs, sa fidélité à sa terre. [...]
[...] OURAGAN de Laurent GAUDÉ, Actes Sud Joséphine Linc. Steelson parle d'elle-même comme d'une" Négresse de presque cent ans". Tous les matins, elle se donne le plaisir de parcourir en bus les quartiers aisés de la Nouvelle-Orléans pour profiter d'un droit chèrement acquis : le droit de monter dans le même bus que les Blancs, le droit de s'asseoir à côté de l'un d'eux si elle le souhaite. Elle jubile lorsqu'elle peut s'installer sous le regard contrit des vieux Blancs. De sa longue expérience, elle sent arriver la tempête, qui sera terrible. [...]
[...] Rose ne comprend pas : il y a six ans, Keanu l'a quittée soudainement. Il avait le désir de connaître autre chose, un appétit de vivre. Rose ne veut pas qu'il revienne : elle se sent vieille, laide. Autrefois, elle était si belle que les passants se retournaient sur son passage. La compagnie de Keanu la confortait dans sa joie de vivre ; ils s'aimaient. A la prison, le directeur fait un discours : les dispositions sont prises pour l'arrivée de la tempête. [...]
[...] Le Révérend voit arriver face à lui le groupe de Tockpick ; il les reconnaît. C'est sa mission de les tuer. Il abat Tockpick mais rate les deux autres qui se lancent à sa poursuite. Le révérend accepte son sort : si ses poursuivants le retrouvent, c'est que Dieu l'a abandonné. Joséphine lit la honte dans le regard des Blancs ; elle en est satisfaite et sait alors qu'elle rentrera chez elle pour y mourir. Buckeley quitte ses deux compagnons. [...]
[...] Elle semble sortir de sa torpeur. Les hommes de la barque la regardent, la laissent descendre ; aussitôt, la présence de cette femme leur manque. Chez elle, elle retrouve Keanu et l'enfant. Joséphine, avec autorité, s'enroule dans un drapeau aux couleurs de l'Amérique, les couleurs de la honte. Ainsi, elle dit : "Honte à ce pays". Telle une princesse, elle monte dans le dernier car. On s'écarte sur son passage. A la maison, l'enfant qui n'avait jamais prononcé une parole en présence d'un étranger, parle. [...]
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