Le lai de Lanval fait partie du trio des « lais féeriques ». Ces lais font une très large place au merveilleux d'origine celtique. Ainsi le lai de Lanval met en scène un héros éponyme exclu de la société, rencontrant une fée qui se propose de faire son bonheur et sa fortune. Cependant le thème celtique n'est pas le seul emprunté par Marie De France. La poétesse est très cultivée et elle connaît très bien les récits de la Bible et les grands mythes antiques (que l'on redécouvre à l'époque). Tout au long du lai Marie insère des références précises, tantôt à la mythologie grecque et latine, tantôt au folklore celtique et à la Bible.
Nous verrons alors comment la grande variété des motifs du lai de Lanval permet différents niveaux de lecture possible et pose de nombreuses questions.
[...] Cette intervention invite le lecteur à prendre parti pour Lanval et à partager sa douleur. Marie insiste trois fois sur ce litige : premièrement, comme nous l'avons vu, elle souligne que Lanval a sacrifié ses biens pour servir son roi, puis elle montre que tout homme hors de son pays est malheureux lorsqu'il ne trouve aucun secours, et enfin elle insiste sur son dévouement pour le roi : Le chevaler dunt jeo vus di, Que tant aveit le rei servi (V.37-38). [...]
[...] C ) La préparation au merveilleux féérique Dans Lanval l'apparition du merveilleux est soigneusement préparée par Marie. La séparation avec le monde réel et la cour du roi débute au vers 43 : fors de la vile en est eissuz . Le départ de la ville symbolise la rupture avec le monde humain. Lanval arrive dans une clairière. Ce lieu naturel est propice aux apparitions merveilleuses, c'est presque toujours hors de la vie réelle que naît le merveilleux. Nous retrouvons ce motif avec la rivière : Sur une ewe curant descent . [...]
[...] Il est de cette façon très étonnant de voir combien le merveilleux dans Lanval incarne bien le fantasme tel qu'il a été déterminé par la psychanalyse au XXe siècle. Le merveilleux apparaît dans le lai au moment où le chevalier désespéré quitte la ville. La rivière symbolise la ligne de démarcation entre la réalité et le merveilleux. Celui-ci se montre sous la forme de jeunes demoiselles. Puis la fée vers laquelle il est amené lui met à disposition tout ce qui lui manquait à la cour. [...]
[...] Amis fet ele, or vus chasti, si vus comant e si vus pri : Ne vus descovrez a nul hume ! De ceo vus dirai jeo la sume : A tuz jurs m'avrïez perdue, Si ceste amur esteit seüe. (vv. 143-148). La référence aux mythes antiques et à la Bible Si la femme est toujours un peu sorcière, les femmes surnaturelles sont davantage susceptibles de basculer du côté obscur de la féminité. Car les fées de la littérature médiévale n'ont jamais seulement recours qu'à la magie blanche. [...]
[...] Leur art est ainsi désigné comme encanterie, nigremance, ou faerie. A la différence des sorcières, la fée use de ses pouvoirs pour assurer sa richesse et surtout joveneche et biauté. Les nécessités de l'amour font qu'elle est nécessairement belle et jeune, au point que la comparaison de la belle dame à la fée devienne rapidement un topos au Moyen Âge. L'homme qui se laisse séduire par ces femmes féeriques trouvera le plus souvent ces troublantes créatures près d'une source. Cette association entre la femme et l'eau est très courante. [...]
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