Le lai du Chèvrefeuille est le plus court des douze lais de Marie de France. Elle y relate une rencontre entre Tristan et Iseult. Désespéré d'être privé de celle qu'il aime, Tristan, après avoir été banni du royaume par le roi Marc décide de revenir quand même « en Cornwaille » où vit la reine. Il apprend par la suite qu'Iseult se rendra, accompagnée de son époux, à une fête à Tintagel et qu'elle passera donc par la forêt où il se cache. Il décide de couper une baguette de coudrier et d'inscrire dessus au couteau son nom et un message. Iseult le trouve, comprend le stratagème et ainsi les deux amants passent un bref moment ensemble. Ce lai puise donc dans la matière de Bretagne, dans le cycle arthurien. Le titre de ce lai vient de cette analogie entre le chèvrefeuille enroulé autour du coudrier et les deux amants, ce symbole est très fort et constitue véritablement le cœur du lai. On a donc un texte qui traite d'une fin'amor entre deux amants connus.
[...] 78) Il est en lui-même l'enroulement du chèvrefeuille et du coudrier. Les mots se répondent. De surcroît, le texte se déploie et ce chiasme vient s'enrouler autour de lui. Le lai mime ce qu'il raconte. Il est une forme de calligramme (pas sur la forme, mais sur le fond). C'est l'analogie qui crée le texte. Le lai est donc construit autour de cette image : il est une continuité parsemée de détours : le chèvrefeuille s'enroule autour de lui, la rencontre est une sorte de contournement, Tristan apprend qu'Iseut ira à Tintagel grâce à un détour. [...]
[...] Outre cette rencontre végétale, on a donc une rencontre humaine. Cette articulation linéaire est renforcée encore par le lai qu'écrit Tristan : le récit entre en symbiose avec la musique. Ce texte est fait d'unions. De plus, chaque action est un détour, il n'y a pas de rupture. Tout se tient. En effet, l'histoire en elle-même est un détour : Iseut doit se détourner de sa route pour aller retrouver son amant. Descendre vot e resposer. Cil unt fait sun commandement. [...]
[...] Le lai du Chèvrefeuille - Marie de France Le lai du Chèvrefeuille est le plus court des douze lais de Marie de France. Elle y relate une rencontre entre Tristan et Iseut. Désespéré d'être privé de celle qu'il aime, Tristan, après avoir été banni du royaume par le roi Marc décide de revenir quand même en Cornwaille où vit la reine. Il apprend par la suite qu'Iseut se rendra, accompagnée de son époux, à une fête à Tintagel et qu'elle passera donc par la forêt où il se cache. [...]
[...] Cette écriture n'impose pas un sens et nous renvoie en définitive à notre propre miroir. Pour conclure, Marie de France s'inscrit dans la tradition : elle réactualise la légende Tristan et Yseut à travers la matière de Bretagne et le cycle arthurien. Avec un thème (une fin' amor dans la forêt) et une structure (octosyllabes plats) traditionnels, elle réalise pourtant un lai parfaitement novateur où le symbole est crucial et performatif. Au fond, l'écrit devient un moyen de surmonter le désir inaccompli, il est le remède du deuil d'un désir. [...]
[...] Par exemple, à partir du vers 79 : La reïne vait chevachant. Ele esgardat tut un pendant, Le bastun vit, bien l'aperceut, Tutes les lettres i conut on voit Iseut remarquer le bâton. Et pourtant, il n'y a presque pas de verbes d'action, l'action est dépouillée. De même, lorsque les deux amants se retrouvent, ils ne rencontrent aucune difficulté. Ce récit est une suite logique. Marie de France pratique l'écriture de la brièveté. Elle raconte rapidement les événements tout en insistant néanmoins sur les détails de la véritable légende de Tristan et Iseut. [...]
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